Dossier Frédéric Brandon

Le peintre mis à nu par ses plnceaux même
Par Danielle Pampuzac


-Frédéric Brandon,
- Je la veux nue, ordonna le roi.
Les soldats ôtèrent ses voiles et elle dansa, dévoilée, pour le roi.
- Plus nue encore, ordonna le roi.
Les soldats la dévêtirent et elle dansa, nue, pour le roi.
- Entièrement nue, ordonna le roi.
Et les soldats arrachèrent la peau de la danseuse.

Ainsi va Brandon, le peintre figuratif, le conteur des musiques à petits bruits de nos vies quotidiennes. Danses végétales d'herbes folles et de vaches sages, soupirs de fleurs, chocs des mots en papier journal déchiré, corps de femmes, vestiges baroques de cités englouties, multiples dérisoires de son propre visage...
Sous les figures de l'apparence, la réalité se cache.
Alors il creuse, Brandon. À pinceau-piqueur. Tout. Les arbres, les mots de papier, les cités englouties, les fleurs, les corps, et ses clones masqués.
Il cherche, approche, croit trouver.
Son pinceau-roi ordonne: plus nu encore.
Et Brandon, un par un, retire les masques, comme autant de plâtres mortuaires, pour aller au tendre cœur des choses de la vie, des êtres et de lui-même. Beaucoup plus nu que le voulait le roi. Jusqu'à l'os.


Danielle Pampuzac
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