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Chroniques des lettres
Chronique de l’an VII(1)
suite...
Art brut, l’instinct créateur,
Laurent Danchin,
"Découvertes", Gallimard.
L’art brut, ainsi que l’a défini Jean Dubuffet continue à poser un véritable problème théorique. Peut-être échappe-t-il au champ spécifique de l’art, peut-être en constitue-t-il la périphérie, ou tout simplement la caricature. Quoi qu’il en soit, le petit livre de Laurent Danchin constitue une parfaite introduction à cette problématique et aux expressions majeures de cette forme d’activité artistique propre aux fols et aux simples d’esprit – avant qu’elle ne soit accaparée par d’habiles faiseurs. A cette exposition très complète et très concise s’ajoutent des documents pertinents.
José de Guimararães,
Pierre Restany, " Les irréguliers ",
Éditions de la Différence.


La Différence vient de publier une monographie que le regretté Pierre Restany a consacré à l’artiste portugais José de Guimarães Ce dernier a voulu associer dans ses créations différents modes d’expression, parfois contradictoires, de l’art africain aux arts amérindiens, de l’abstractions géométrique à l’art brut. Cela donne une oeuvre un peu décousue avec des moments éclatants. Et on lira avec beaucoup d’intérêt l’essai de Restany qui a montré du talent en toutes circonstances.
La revue Aera Ciel et eau,
Christine Jean, Pierre Descargues,
Christine Buci-Glucksman, Area.
Area n°12. 50 rue d’Hauteville, Paris 10.


A l’occasion de l’exposition de Christine Jean à la Réserve, les éditions Area ont publié une belle monographie. Cette jeune artiste s’est intéressée à la baie de Somme et aux jeux changeants de l’eau, de la terre et du ciel. Elle transpose sur la toile ces métamorphoses incessantes de la côte qu’elle envisage comme une métaphore de sa pensée plastique. Cet ouvrage est présenté par Pierre Descargues et est accompagné d’un dialogue très tonique entre Christine Jean et Christine Buci-Glucksman.
N.d.t..
La Lumière qui s’éteint,
Rudyard Kipling, traduit par P.
Coustillas, " L’Imaginaire", Gallimard.
La Lumière qui s’éteint, paru en 1891, nous présente un visage mal connu de Rudyard Kipling. En effet, ce roman ne nous entraîne dans les Indes fabuleuses tombées dans l’escarcelle de la reine Victoria. L’action commence au Soudan où le héros, Dick, est blessé au cours d’une escarmouche avec des rebelles. Mais l’Afrique, son mystère et ses dangers ne sont ici que le préambule d’une intrigue qui se déroule pour l’essentiel à Londres et, accessoirement en France, dans la région parisienne. Le sujet ? La peinture, l’amour de la peinture et l’amour entre des peintres. Dick est très liée avec une jeune artiste, Maisie, qui partage son atelier avec une jeune collègue rousse. Il cultive aussi une amitié profonde pour Gilbert B. Torpenhow. Dick donne des conseils à Maisie qui enrage de ne pas réussir. Il veut être son mentor, mais bientôt il se rend compte qu’il est amoureux d’elle. Les discussions âpres sur l’art se mêlent alors à un dialogue sentimental. Bien des quiproquos s’installent et Dick finit par lancer un défi à la jeune fille : peindre une mélancolie. Il ne lui dit pas qu’il va peindre le même sujet. Il trouve par l’intermédiaire de son ami un modèle, Bessie, d’origine plébéienne. Après bien des difficultés il exécute cette composition et pense qu’elle est sa plus belle réalisation. Mais il apprend qu’il va devenir aveugle. Quand Maisie revient le voir, il l’éloigne et lui offre le tableau. Ce n’est que plus tard qu’il apprend que Bessie l’avait effacé avec de la térébenthine… Le penchant au mélodrame de Kipling est compensé par l’idée de cet étrange et tragique duel sur le thème de la mélancolie. Dommage que la traduction présente autant de lacunes graves (par exemple, studio, en anglais, signifie atelier).
Le Poète mourant,
Ernst Pawel, tr. Ph. Bonnet &
A. Greenspan, "Le Cabinet de lecture",
Aie de l’auteur du Pavillon d’orctes Sud.

Jours heureux dans les années noires,
Ernst Pawel, tr A. Giraud, Flammarion.


Ernst Pawel a eu la superbe idée d’évoquer le séjour parisien de Henrich Heine. Le poète a rencontré en 1834 une jeune plébéienne, Crescence Eugénie Mirat qu’il va épouser après quelques années de concubinage. Dans sa poésie, elle se taille une place de choix sous le doux prénom de Mathilde. Pendant les huit dernières années de l’existence de l’auteur du Romancero, années marquées par une étrange et terrible maladie qui le tourmente et le ronge avec ses symptômes changeants et invalidants. La fin de Heine a été une longue agonie, ponctuée par les relations difficiles avec son éditeur et le peu de succès de ses proses, en particulier de Lutèce, qui relate la vie culturelle à Paris. On le voit dans ses pages en compagnie Balzac, de Gautier et de Nerval, qu’il a aidé financièrement quand il a fallu l’hospitaliser. Le portrait que fait de lui Pawell est passionnant : avec lui, on a l’impression que Heine est quasiment notre contemporain. Et pourtant, le XIX e siècle français est dépeint avec pré- citions, dans tous ses aspects. En somme, une belle réussite.
En outre, les mémoires de Pawel viennent de paraître chez Flammarion. Il y évoque sa jeunesse à Berlin dans une famille juive, son départ pour Belgrade en 1933 quand Hitler accède au pouvoir et, enfin, son exil aux États-Unis. L’auteur raconte son départ en Afrique du Nord, où il est affecté à l’interrogatoire des prisonniers des troupes de Rommel. Voilà un livre passionnant qui se lit dans un seul souffle et avec passion. Pawell reste un grand témoin de son époque.
Mishima, modernité, rite et mort,
Henri-Alexis Baatsch, " Les
Infréquentables", Éditions du Rocher.


Henri-Alexis Baatch a voulu nous communiquer sa pensée sur la figure énigmatique et souvent discutée de Yuko Mishima. Au lieu de se lancer dans une longue et fastidieuse biographie, il a voulu faire œuvre de peintre : c’est un portrait très personnel qu’il a brossé. Mais c’est aussi une lecture très épurée de ses principaux livres. En sorte que ce livre est une magnifique introduction à cet écrivain si atypique et un travail saisissant de Baatch qui a su croquer son modèle avec beaucoup de vérité.
Je pense souvent à Louis-Ferdinand Céline,
Sture Dahlström, tr. M. Desbureaux,
Éditions du Rocher.


L’idée est amusante : le héros de ce roman de Sture Dahlström, qu’on nous présente comme l’enfant terrible de la littérature suédoise, disparu en 2001, un anti-héros, musicien et séducteur à la petite semaine, qui aime Hemingway et Faulkner, découvre que Céline s’est réfugié au Danemark pour échapper au mauvais sort qu’on lui a réservé en France. Il décide de le rencontrer et de le faire entrer en Suède caché dans sa contrebasse. Toutes sortes de situations cocasses naissent de cette aventure rocambolesque quand il quitte la ville de Spjut pour partir avec son instrument et son nouvel habitant. Mais on en reste au stade de la pochade et les autres nouvelles incluses dans ce volume démontrent que cet écrivain anticonformiste savait manier l’ironie et la dérision mais qu’il avait le souffle un peu court.
En français dans le texte
Lettres à Madeleine,
Guillaume Apollinaire, Folio.


La rééditions d’une partie de la correspondance de Guillaume Apollinaire, les nombreuses lettres adressées à Madeleine Pagès, qu’il a rencontrée par hasard dans un train au début de 1915, révèlent son sentiment à l’égard de l’ex-périnsse de la guerre. L’érotisme se mêle chez lui à une esthétisant de la bataille. L’écrivain écrit à la jeune femme jusqu’en novembre 1916, juste après qu’il soit sorti de l’hôpital du Val-de-Grâce.
Marguerite Duras,
Jean Vallier, " Passion", Textuel.


Les éditions Textuel viennent de publier un imposant album consacré à Marguerite Duras dans la collection " Passion " sous la direction de Jean Vallier. La vie de l’écrivain est ici racontée essentiellement par l’image, de l’Indochine où elle passe sa jeunesse jusqu’à son adhésion au PCF en 1945, la fondation des éditions de la Cité Universelle et l’aventure du Nouveau Roman au cours des années 50. C’est très bien fait et particulièrement instructif. Au fond, on ressort de la lecture de cet ouvrage avec une idée renouvelée de l’auteur de Moderato Cantabile et d’India Song. C’est là l’essentiel
Poésie 1, OEuvres IV,
Michel Butor, Éditions de la Différence.

Répertoire 1, Œuvres II,
Michel Butor, Éditions de la Différence.

Répertoire 2, OEuvres III,
Michel Butor, Éditions de la Différence.

Michel Butor,
Marie Minsseux-Chamonard,
Culturesfrance.


Il faut se demander pour quelle raison Michel Butor a abandonné brusquement l’art romanesque et a privilégié la poésie. Le premier tome de son œuvre poétique met en relief son caractère pléthorique. Sans doute faut-il corriger cette impression de trop-plein en admettant que ce que Butor appelle poésie excède largement les lois du genre – ce sont souvent des proses très libres. Ensuite, un bon nombre de ces textes réunis dans ses Illustrations sont des commentaires sur des œuvres artistiques – Calder, Jírí Kolar, Cremonini, Peverelli, et tant d’autres – des répons à d’autres poètes, des digressions à partir de propositions photographiques. Et, plus généralement, ils sont conçus comme un gigantesque laboratoire d’écriture où Butor explore des territoires inconnus. Quant aux Répertoires, dont paraissent aujourd’hui deux tomes énormes, ils répondent à la même boulimie intellectuelle. Mais Butor se révèle un érudit avisé et surprenant, et aussi un homme qui adopte des points de vue vraiment déconcertants et par conséquent d’une richesse sans fond. Qu’il parle de Stendhal, de Montaigne, de Kierkegaard ou de Victor Hugo, il est toujours déroutant et capable de jeter un nouvel éclairage sur une œuvre ou une posture. Ses Répertoires sont un véritable laboratoire de pensée sur le fait littéraire.
Pour découvrir les prémisses et les grandes orientations de l’œuvre de Butor, M. Minssieux-Chamonard a écrit une étude très claire et très pertinente avec de nombreux documents qui constituent une excellente mise en bouche.

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mis en ligne le 21/03/2007
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