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DVD
Les DVD : Du sublime à l’abject (et Lycée de Versailles) par Guillaume de Boisdehoux
par Guillaume de Boisdehoux
The life And Death of Peter Sellers
Stephen Hopkins, TF1 Vidéo Océan Films
Rares sont les acteurs à qui un film a été consacré. Mais de quel acteur s’agit-il ! Probablement le plus grand acteur comique de la seconde moitié du XX ème siècle. Connaissant les films dans lesquels il a joué, je n’avais pas voulu aller le voir en salle, des critiques insistant sur la démolition du « vrai » Sellers. Pourquoi tuer ses « idoles » ? Pourquoi connaître la vie des artistes ?
Seule l’oeuvre compte. Mais l’acteur est-il un artiste comme les autres ? Qu’un peintre se voit refuser une toile, qu’un compositeur découvre que sa musique ne plaît pas à tous, qu’un architecte se voit préférer un confrère, c’est l’oeuvre, l’objet de l’art, qui est refusé. Quand un acteur est retoqué à une audition, c’est LUI qui est refusé. L’art du comédien est, en grande partie, LUI-MÊME. On connaît les trois rôles de Sellers dans Docteur Folamour de Kubrick. La série Pink Panther utilise son génie pour créer, quasi instantanément, des personnages. Voilà le problème de Sellers.
Il ne savait pas qui il était, n’avait pas d’image de lui-même, n’existant que par le regard de l’autre, la caméra et les spectateurs. Atteint de perversité narcissique, une maladie psychique récemment connue du public par les livres de M.-F. Hirigoyen (Le Harcèlement Moral,), une maladie terrible… pour les autres. S’il fût un terrible mari, père et ami, il avait du génie et ni vous ni moi avons été sa femme, ses enfants ou ses amis. Mais si vous rencontrez un (e) véritable pervers narcissique, fuyez, et à toute vitesse, croyez-moi !


Les Conséquences de l’Amour
Paolo Sorrentino, TF1 Vidéo
Océan Films
Bien loin du Parrain (la plus fidèle reconstitution de ce que fut la Mafia sicilo-américaine) et encore plus de visions aussi nulles que Casino de Scorcese, ce film est surprenant. L’histoire est simple : un homme, caché dans un hôtel suisse a pour seule mission de déposer, régulièrement, des valises pleines de dollars dans un compte, suisse. La vision de ces valises évoque le train de vie de mes collègues de Verso qui, suivant l’exemple venant du sommet de l’État, ne paient leurs voyages qu’en liquide. Visuellement, sans le moindre « effet spécial », ce film est un tour de force. Dès le générique, la force de l’image surprend. Suit une virtuosité toujours servant le propos du film, l’histoire. Toni Servillo est un grand acteur et, si la petite Olivia Magnani est libre en lisant ces lignes, qu’elle écrive directement à la revue où notre secrétariat lui indiquera mes coordonnées, c’est quand elle veut. Magnifique film, à ne pas manquer, vraiment, je le regarderai encore, et pas seulement pour la petite Magnani, quoique …


J’irai cracher sur vos tombes
Opening
Un des romans les plus surestimés, selon moi, J’Irai Cracher Sur Vos Tombes reste un opus impossible à ignorer. Je préfère le Vian du jazz et des chansons absurdes à celui qui, en littérature, n’est jamais qu’une très pâle copie de Miller (Henry), tout ça parce qu’il a osé, dans les années cinquante, quelques scènes de cul, encore rares dans une époque pudibonde et pré-gaulliste. Livre moyen, le film est une catastrophe. Mais il m’a permis de comprendre un peu mieux l’hystérie pro-Américaine des années cinquante. Les G.I. étaient les beaux gosses blancs ayant survécu aux débarquements (les Noirs avaient claqué en première ligne, voir Katrina). Les bases de l’OTAN (des USA) en France véhiculaient l’abondance US que la France ne connaissait pas. On rêvait de dents blanches, de chewinggum, de boissons brunâtres et de blondes filtre (incompatible avec les dents blanches !) allumées au Zippo, le fabricant de lance-flammes, demandez donc aux Japonais ou aux Vietnamiens. Enfilant cliché sur cliché, le film est très mal écrit, très mal éclairé et très mal joué. Ne pas manquer donc …


Le Premier Noël de la Guerre
1914-1918
Montparnasse éd.
Prenez n’importe quel être humain (garçon ou fille, cf. Abou Graïb), mettez-le en uniforme, vous en faites un militaire. Quand « la Patrie est en danger », des volontaires offrent leur vie à la défense de cette patrie. Mon merveilleux grand-père en fût, le doux homme, à 19 ans. Il en rapporta une Croix de Guerre, je l’ai chez moi.
Le militaire de carrière a abandonné toute initiative et choisi d’obéir à celui qui a un galon, une barrette ou une petite étoile de tôle de plus et qui, ayant choisi l’ablation de la pensée quelques années avant, est plus gradé. Einstein disait qu’un militaire n’a besoin que du cervelet d’un canard, pour suivre celui qui marche devant. Retour à la nature, négation de la civilisation et de la culture, loi de la jungle, l’armée, ce sont aussi des officiers qui festoient pendant que les bidasses se font crever la peau, des sous-off’ d’active qui se voient officiers, des clowns pas drôles dès qu’on leur a enlevé leurs plumes du cul, pardon, leur uniforme de pacotille.
J’ai autrefois comparé les militaires aux postiers, encore en uniforme. J’étais jeune et excessif et j’en demande, tardivement, pardon. Aux postiers, utiles, alors que les militaires, de carrière, j’entends, sont inutiles, dangereux, nuls. Un militaire d’active en temps de paix est un chômeur (il ne tue pas !) qui ne connaît ni l’ANPE ni les ASSEDIC. Payé à ne rien faire, il s’emmerde et il boit, mais à un tarif préférentiel.
Il leur reste la musique militaire, qui est à la musique ce que la justice militaire est à la justice, une horreur, une caricature. Interdisons aux militaires de toucher à un seul instrument de musique, qu’ils continuent de se toucher entre eux, ça ils savent faire.
Et en temps de guerre il est utile ! Non, sans armée, il n’y aurait pas de guerre. Il est inutile, il est nul. L’armée française n’a pas gagné une seule guerre depuis… Pas plus que toute autre armée menée par des militaires de carrière.
À Noël 1914, des officiers apprennent que quelques poilus, qu’ils avaient envoyés au casse-pipe avec pantalons et képis rouges pour aider à bien les repérer dans le gris de l’Est de la France, avaient arrêté de se foutre sur la gueule avec les « Boches » d’en face pendant quelques heures. Mangin, ce fumier, l’apprend et écrit à sa « très chère » épouse (j’espère qu’elle lui a mis des cornes COMME ÇA, elles le font souvent, c’est bien, il n’y a qu’à regarder la tronche de leurs maris !) qu’il avait donné ordre de faire abattre tous ceux qui auraient fraternisé avec l’ennemi. Il a TUÉ, ou fait tuer, c’est pire, le lâche, des petits gars de France pour avoir échangé quelques moments de paix avec quelques «Boches»… C’est ça l’armée, bravo général de Mes Deux.
Si cette fraternisation avait duré, quelle catastrophe ! La guerre aurait été finie, ses « instruments » (la chair à canon) ne participant plus. Comment occuper les gradés? Comment faire marcher « l’économie de guerre », nos amis marchands de canon ?
On préfère parler d’héroïsme, mais la guerre c’est très bon pour les affaires et les marchands de canon ne connaissent pas de camp. La guerre d’Irak est une très bonne affaire pour Halliburton et ses actionnaires, du Pentagone ou de la Maison-Blanche. La guerre est toujours une bonne affaire pour ceux qui y gagnent des galons ou des milliards ou les deux ! Pour les poilus de 14-18, ou les autres pauvres gars qu’on a envoyés tester les nouvelles balles ou uniformes, c’est une autre histoire.
Donc, pour éviter que des enfants finissent avec un képi, il faut voir ce film. Et qu’on ne me parle plus d’héroïsme, il n’y eût que la propagande fanatique suivie, très vite, de l’emmerdement royal (impérial ou républicain) mêlé à la peur, la trouille de crever dans un trou plein de rats, l’horreur de la boucherie, rien d’autre. J’emmerde les militaires.


La Chute
Olivier Hirschbiegel
(Allemagne)
TF1 Vidéo
Ach! La guerre. Schade (dommage), oui, dommage! (qu’on l’ait perdue). Cette phrase, entendue dans les années 60 quand je travaillais dans une usine en Allemagne pour améliorer ma konnaissance de la touce langue de Goethe und Von Ribbentrop, cette phrase m’est restée et j’ai encore du mal à expliquer pourquoi je préfère la plage en Grèce au train près du Lac Wannsee. La Chute est LE FILM qui a osé, enfin, montrer à « nos amis d’Outre-Rhin» qu’Adolf Hitler n’était pas seulement un peintre d’origine viennoise. Comme le dit un personnage de Mel Brooks dans The Producers « Ach, Hitler était un grand peintre, lui ! Pas comme Churchill qui barbouillait mal. Hitler, il peignait un appartement entier en un week-end, et avec DEUX couches! ».
Grâce à ce film, les Allemands, et nous, avons pu voir que Adolf était, finalement, un type assez gentil, très humain dans le fond (de son bunker), un patron très apprécié de son (petit) personnel, de ses secrétaires qui, en 1944, ne savaient pas qu’il y avait des problèmes de « droit de l’homme » en Allemagne. On ne savait rien, même quand on allait accrocher son linge aux barbelés des camps, on ne savait pas.


Thérèse
Alain Cavalier, Arte vidéo
Mes fidèles lecteurs ont, depuis longtemps, su deviner certaines de mes options politiques ou sociales si subtilement induites entre les mots et les lignes. Ils ne seront donc pas trop étonnés de mon intérêt passionné pour le sujet (l’extase dans la prière) de ce remarquable film, tourné en 1987 par Alain Cavalier. Excellent bonus.


L’Emmerdeur
Edouard Molinaro , TF1 Vidéo
Bon, il ne s’agit pas d’un équivalent de l’intégrale Ingmar Bergman, certes, et d’ailleurs je préfère de loin Liv Ullman à Jacques Brel, comme actrice. Mais c’est un bon moment, divertissant, du cinéma français comique d’avant Canal + et son comique «chabatdecaunisé » que, ceci n’engage que moi, je trouve consternant. Pour rire.

Guillaume de Boisdehoux
mis en ligne le 01/03/2006
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