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DVD
Les DVD par Guillaume de Boisdehoux
Claude Lévi-Strauss
Pierre Beuchot
Éditions Montparnasse
Il paraît que la compagne de BHL, celle qui croyait qu’un rôle récurrent voulait dire qu’il fallait faire la vaisselle, quand on lui a parlé de Lévi-Strauss, a avoué qu’elle possédait toutes ses oeuvres, des jeans taille basse et même des pattes d’éléphants. Comment garantir la chose?
On ne prête qu’aux riches, dont BHL qui ne craint toujours pas le ridicule, sinon il serait mort depuis longtemps.
Après le coup des stigmates, il avait prédit Katrina et se prend, après avoir essayé Sartre et d’autres, pour Tocqueville. C’est plus facile, il existe moins d’amis vivants de ce dernier qui puissent le contredire. Ne soyons pas trop durs, ses frais de teinture de cheveux augmentent et ça ne va pas s’arranger, hein cocotte!
Tiens, dans Le Canard Enchaîné du 8 mars, un extrait du bouquin de Beau et Toscer, «Une Imposture Française», ces lignes : « BHL, philosophe enseigné dans aucune université, journaliste mêlant le vrai et totalement faux, écrivain sans oeuvre littéraire, est l’icône d’une société des médias où la simple apparence pèse infiniment plus que le fond des choses». Livre à lire, chez Les Arènes.
Claude Lévi-Strauss, un des fondateurs de la sociologie moderne, sans décolleté ni teinture et dont je n’oserais jamais critiquer l’oeuvre, est incontournable dès qu’il s’agit d’aborder l’étude des sociétés. Sans l’INA, dont il est à craindre que la pérennité ne soit pas garantie (imaginons la gêne des clowns au pouvoir si on peut revoir leurs conneries plusieurs années après ! imaginons une série «Les trahisons de Sarko », ou « Les convictions de Chirac », ou « Les raffarinades du début du XXI e siècle », ce serait terrible !), sans l’INA, nous aurions perdu des milliers d’émissions. Elles étaient « de service public », un truc en voie de disparition, passant trop tard, ou n’ayant pas, un potentiel d’audience dépassant la fraction de point. soit celle de Arte le soir tard, ou France-Culture et France-Musique à toute heure.
Ce serait bien si Claude Lévi-Strauss pouvait observer notre société jetable aujourd’hui, société sans plus de mémoire que de symbole, dans laquelle le mot vaut action même s’il est contredit ou même nié le lendemain…
J’ai déjà dit à quel point le DVD sauvait le document, fiction ou documentaire. Il est remarquable que des éditeurs, dont Montparnasse et MK2, en particulier, participent de cette sauvegarde.


Les Amants Crucifiés 1954
L'Intendant Sansho
Kenji Mizoguchi
1954 Films Sans Frontières
Tiens, si j’osais une caricature ! Non, on ne caricature pas les classiques japonais.
On ne caricature pas non plus les curés, rabbins ou imams, on ne caricature pas les cons ! Et puis je ne sais pas dessiner alors, caricaturer, encore moins. Alors je me rabats sur les rois de la caricature, les chers amis de Charlie Hebdo, le seul journal qui a assez de couilles pour en rajouter quand les cons et les tièdes, les mous du bulbe et du reste gémissent en faisant dans leur froc et demandant de ne « pas mettre d’huile sur le feu », de ne pas « choquer inutilement ». C’est bien, on verra bientôt les résultats de cette peur, de l’angélisme bien pensant qui laisse le MRAP devenir un mouvement ouvertement antisémite, ouvrant la voie à des tas d’autres mouvements d’une certaine gauche, (la droite l’a toujours été, alors !), de cette communautarisation. On les voit déjà, à Bagneux ou Abidjan, je ne sais plus, les résultats de cette ignominie.
Bon, et Mizoguchi ? Génial, tout simplement, copies magnifiquement restaurées, donc des images et un son sublimes, des thèmes éternels, un livre de Jean-Christophe Ferrari, accompagnant les films qu’il faut lire, de très bons suppléments. De la belle ouvrage, sans conteste, au service d’un cinéma de maître. Ce n’est pas Le Monde qui ferait ça, on aurait une mauvaise version en français…


Aux Abois
Philippe Collin Océan Films Élie Semoun,
par ce que je connais de lui et, sans la télévision, on connaît peu aujourd’hui, m’a toujours semblé être de ces surdoués qui, par un «défaut» quelque part, se traînent dans des prestations très en deçà de leur réelles capacités.
Dans son cas, ce sous-emploi était encore accentué par son association avec un «comique» devenu tragiquement con et que je nommerai pas, il est du genre procédurier, comme Le Pen dont il n’a jamais été loin. Alors, en recevant le communiqué de presse sur ce film, j’ai eu envie de voir. Et je n’ai pas été déçu, au contraire.
Élie Semoun est un excellent comédien, un acteur de talent à qui il ne manque que quelques films très différents pour qu’il puisse explorer ses facettes et entrer dans la cour des grands où il apportera un peu de fraîcheur dans ce monde qui se sclérose à force de «dynastisation» (je sais, ça n’existe pas, et alors! ?).
À part Semoun, Ludmila Mikael (elle est belle!) fait un bon travail, et ce film est peut-être le plus fort que j’ai vu depuis longtemps sur la solitude. Pas gai, mais beau.


Un Vrai Bonheur
Didier Caron, TF1
Il existe une forme d’humour qui, si elle n’est pas éternelle ou classique, n’en est pas moins très efficace. Je ne saurais la qualifier, ce serait réduire et je préfère éviter. Ce film, qui traite du mariage (un sujet comique par excellence!) m’a fait rire du début à la fin, souvent aux éclats, toujours avec bonheur. Alors si avec ça vous ne courrez pas l’acheter, c’est à désespérer.


La Meilleure Façon de Marcher
Claude Miller 1975 MK2
Patrick Dewaere possédait le potentiel, en mieux, d’un Jack Nicholson. Dans «La Meilleure Façon», il est extraordinaire, virtuose qui ne cabotine jamais, juste, précis, brillant. Il avait tant, il avait tout. Si le reste de la distribution est excellent (Patrick Bouchitey, Christine Pascal, Claude Piéplu), ce sont la justesse et l’avant-gardisme (l’époque était rétrograde) du film qui frappent tant aujourd’hui.
Claude Miller avait tout compris. Son film est troublant, émouvant, il n’a pas pris une ride, ce qui n’est pas le cas de la pathétique émission de télévision de Bouteiller, avec les acteurs principaux et deux «critiques» (les guillemets sont volontaires) qui touchent le fond du ridicule dans un bonus par ailleurs excellent.


La Vie De Chateau
Jean-Claude Rappeneau 1965 MK2
Normandie, Mai et Juin 1944, Catherine Deneuve, fille du fermier (Claude Brasseur), a épousé le châtelain, Philippe Noiret tout jeune et qui déjà, nous offre un magnifique numéro d’acteur, le nobliau minable et dégénéré comme il en existe encore, j’en connais, dans nos belles provinces. Du haut de leur mépris et de leur ridicule généalogie, oubliant qu’ils descendent avant tout du singe, ils n’ont pas compris que 1789 est passé. Sur fond de D-Day qui approche, ce film est un délice, à savourer comme un bonbon. Si la mise en scène est un peu théâtre de boulevard, les acteurs sont excellents, même Deneuve, et l’esprit est là.


La Double Vie De Véronique
Krzysztof Kieslowski MK2
À l’occasion de la rétrospective salle, en copies restaurées comme sait le faire MK2, ressortent les chefs d’oeuvre du maître polonais, la trilogie, avec l’opus «double vie» qui est inoubliable. Ne peut pas ne pas figurer en très bonne place dans une filmothèque digne de ce nom. Avec Irène Jacob, Halina Gryglaszewska…


La Bible Dévoilée
Isy Morgensztern & Thierry Ragobert 2 DVD
Montparnasse
Absolument fascinant! Les plus récentes découvertes archéologiques (et d’autres sciences) mises à profit pour aller fouiller, en bousculant pas mal d’idées acquises, ce livre qui reste LE livre, qu’on soit croyant ou pas. Quatre épisodes en deux DVD, 35 chapitres, à ne pas voir en une seule soirée certes mais à voir. La bonne critique de Télérama (bien entendu) a failli m’empêcher de le regarder, mais… !


Kazan par Kazan
Quatre CD Audio MK2 music
La musique n’étant, pour Verso, pas un art, puisqu’il n’en est jamais question, et ce disque étant un CD audio publié par MK2 music bien qu’il ne contienne pas une note de musique, on peut légitimement se demander ce qu’il fout là. Et bien, demandez! Demandez le programme. Quand on voit sur le boîtier qu’il s’agit d’entretiens inédits entre Kazan et Michel Ciment, deux CD en version originale (Ciment parlait très bien l’Anglais) et deux en « VF» comme on dit, que je n’ai pas écoutés, alors on comprend ce que « ça fout ici ». Magnifique, j’étais très ému d’entendre Kazan parler, sans fard, de la Commission fasciste de McCarthy, de cette époque noire, mais aussi de Brando, de la direction d’acteurs. Bien plus de deux heures de pure intelligence, c’est trop rare pour ne pas se précipiter, c’est tellement mieux qu’un dîner de cons!


Moi, toi et tous les autres
Miranda July MK2
NE JAMAIS ÊTRE INFLUENCÉ par une affiche ou une pochette de DVD ou une couverture de livre. J’allais, négligemment, faire l’impasse sur ce film quand ma conscience professionnelle légendaire me rappela à l’ordre. Et? Et de la première (étrange) image à la dernière, j’ai été charmé, enchanté, ému. Je ne sais pas si ce film est sorti en salles, peu importe. Il importe de se jeter chez son marchand de DVD le plus proche, c’est-à-dire pas forcément un trust pseudo culturel propriété d’un milliardaire (= gangster) marchand de bois et d’électroménager et revendiquant une prétendue agitation culturelle, mais ailleurs. Ce film est merveilleux, son auteur (et interprète principale) Miranda July est une femme magnifique d’intelligence, d’humour et du reste, c’est une découverte, je le reverrai, et encore et encore avec le même plaisir. Ne pas croire la « bande annonce» : « Amour, humour et fantaisie : la comédie américaine de l’année», c’est une comédie universelle et intemporelle. NE MANQUER SOUS AUCUN PRÉTEXTE, je vérifierai si vous m’avez obéi. Non mais!


Matador
Pedro Almodovar
Films Sans Frontières Avant qu’Almodovar soit récupéré par la grosse production européenne (Cibi2000, émanation de TF1, par exemple), avant qu’Antonio Banderas devienne le débile «latino beau mec» des pires navets hollywoodiens, quand un nouveau cinéma espagnol faisait son apparition, une dizaine d’années avant la mort de Franco et de Carrero Blanco (champion du monde du saut en hauteur en limousine)… quand… Les temps ont changé depuis 1986, mais Matador n’a pas pris une ride. Almodovar écrivait alors : « La plupart du temps, on fait un film destiné aux enfants ou aux imbéciles car, selon les Américains pour qui la logique du marché prévaut, seuls les esprits crédules peuvent avoir envie d’y aller. Je préfère faire des films pour adultes. » Bravo Pedro, refais-nous des films pour adultes, des vrais, comme Matador. Il y a tout, l’intrigue, les personnages, les décors, le jeu magnifique des acteurs, les fantasmes d’Almodovar et son ambiguïté enrichissante, une évidence car il n’existe pas un individu au monde qui ne soit doté de sa face cachée, obscure pour certains, pas pour d’autres.
L’avocate est en particulier un superbe personnage.

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Guillaume de Boisdehoux
mis en ligne le 05/01/2006
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