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DVD
DVD par Guillaume Boisdehoux

Histoires d’Amérique
Norman Mailer,
Une série de J.-P. Catherine et Michael Seiler
Réalisation Richard Copans et Stan Neumann, Montparnasse Vidéo

Pour ceux qui ont encore du mal à distinguer Norman Mailer de Henry Miller ou Arthur Miller, voici quelques repères qui vous éviterons le ridicule entre le fromage et le dessert de votre prochain dîner mondain. Essayez d’ailleurs d’y parler des livres d’Azuleiros, vous verrez, ça marche. Arthur Miller est dramaturge, fut un des maris de Marilyn Monroe. Henry Miller, qui est mort, est l’auteur des Tropiques (Cancer et Capricorne) et de l’unique « Trilogie en Rose : Sexus, Plexus, Nexus », parmi une cinquantaine de chefs d’œuvre. Norman Mailer est à la fois romancier, essayiste, journaliste, cinéaste, acteur, activiste politique, personnalité des médias et, ce documentaire le prouve, probablement le meilleur connaisseur de l’Amérique (Etats-Unis d’Amérique du Nord). « Je me sens malheureux à cause de mon pays. Il n’est pas devenu aussi grand, aussi noble que je le souhaitais. » « J’aime ce pays. Je le hais ». Voici deux phrases de ce Prométhée, ce prophète, cette conscience qu’est N Mailer. Il a fêté ses 83 ans le jour où j’écris ces lignes, et j’aurais aimé lui envoyer un message de bon anniversaire et de remerciements pour ce qu’il a fait de sa vie, de sa tête : une œuvre, un acte de militantisme. Sa détestation de l’hypocrisie des Etats-Unis est magnifique parce qu’il l’explique, parce qu’il la comprend.

Le bonhomme est fascinant, il faut le voir et l’entendre répondre, il y a quarante ans, aux féministes « hard » des Etats-Unis, se faire arrêter volontairement par l’armée au Pentagone quand il est en tête des défilés contre la guerre du Viet-Nam, ou encore reconnaître qu’il n’a pas été à la hauteur en ne s’impliquant pas, concrètement, dans la lutte contre l’apartheid qui régnait dans le Sud.

À ce sujet, un chiffre cité par Martin Luther King est éloquent : la mort d’un Vietnamien du Nord coûtait 350.000 dollars aux USA qui, en même temps, ne consacraient que 53 dollars à chaque personne vivant en dessous du seuil de pauvreté !

Pour quiconque veut tenter de comprendre les USA et ce que ce pays cherche à faire dans le monde, a toujours cherché à faire depuis l’abandon de son isolationnisme, dominer ce monde, comment ses dirigeants qui sont, en réalité, ceux des grandes entreprises, cherchent à abrutir encore leur population, ce DVD est indispensable. Et c’est un Américain, qui vit encore aux Etats-Unis, qui dit tout cela. Ce sont d’ailleurs les Américains qui, quand leurs synapses ne sont pas encore totalement immobilisés par l’obésité mentale, tels que Mailer, Henry Miller dans son « Cauchemar climatisé », Arthur Miller dans son « Mort d’un Commis Voyageur », par exemple, ou Ellroy et d’autres, savent dire la vérité sur leur pays.



Algérie(s)
Thierry Leclère, Malek Bensmal et Patrick Barrat Éditions Montparnasse

Ce pays pose des questions innombrables, dont celle de sa pauvreté alors qu’il est doté des plus extraordinaires richesses naturelles, mais LA question que se posent les Algériens, ceux qui vivent en Algérie bien entendu, est : « Pourquoi notre pays est comme ça ? ». Faut-il, plus de quarante ans après l’indépendance, continuer à accabler les colonisateurs alors que les pays d’Asie du Sud, dans le même délai, sont devenus des puissances économiques et, pour certains, dans le respect d’un minimum de droits de l’homme, alors que l’Algérie est endettée et que les violations des même droits sont plus que quotidiennes ?
Depuis 1992, plus de 100.000 personnes ont été assassinées par les Islamistes. Mais le pouvoir en place et son armée sont corrompus au point que les généraux portent des surnoms tels que « Général pétrole », ou « Général Gaz Naturel ».
Quel est l’avenir de ce pays dont il semble que les seuls qui seraient capables de le sauver semble avoir choisi de vivre ailleurs, à l’abri dans des démocraties occidentales qui, elles, respectent un peu plus, les Droits de l’Homme (et de la Femme !). C’est une des questions posées par ce film assez bouleversant.



Reprise,
Hervé Le Roux, Montparnasse Vidéo

« La classe ouvrière » ! Quel lecteur, âgé de plus de quarante cinq ans, n’a pas entendu cette expression qui, en disparaissant, à fait fondre le Parti Communiste Français, entre autres victimes de cette réalité : il n’y a plus de « classe ouvrière ». Il y a encore des ouvriers, de moins en moins en France et le mouvement n’est pas prêt de s’inverser, et de moins en moins d’ouvriers français, ce qui ne rend pas les autres plus tranquilles quant à des revendications éventuelles, et c’est comme ça. Avec la classe ouvrière a aussi disparu la culture du même nom, faite de rites, de chansons, de rassemblements, une culture qui a donné certains des plus grands poètes, romanciers, artistes à notre pays.

Qui a tué la classe ouvrière et quand ? C’est ce que ce film raconte, à la manière d’un polar social, de façon magnifique et émouvante. Juin 1968, la droite dure revient en force, le père de l’actuel Président de l’Assemblée Nationale est, aux côtés de Malraux (qui aurait mieux fait de veiller à sa collection d’œuvres d’art ce jour-là), massacre la Marseillaise en n’en chantant PAS UNE SEULE NOTE juste, ils sont devant un million de gens qui, souvent de bonne foi, ont cru les Cassandre et ont eu peur du péril rouge en France, ont finalement accepté d’augmenter le SMIG qui était, déjà, invivable. Leurs fils gouvernent aujourd’hui, mais il n’y a plus de classe ouvrière alors que c’est pire.



L’abécédaire de Gilles Deleuze
avec Claire Parnet, Éditions
Montparnasse

Disparu, par sa propre volonté, en novembre 1995, Deleuze était une sorte de star de la philosophie française et ce, non par sa volonté de briller comme l’énergumène au décolleté aussi vertigineux que le vide de sa non-pensée mentionné plus haut, mais au contraire par son refus de participation au cirque médiatique qui est le bac à sable de l’autre. Deleuze a étudié puis enseigné la philosophie, au sens le plus noble et beau de la discipline, qui n’est pas de donner son avis sur tous les sujets qui vendent, de faire office de fournisseur de « prêt-à penser » comme le sont les « nouveaux » et pseudos philosophes qui encombrent les ondes dites culturelles, les colonnes dites éditoriales de magazines à publicité et les listes de signataires de toutes les causes « bien-pensantes ».
Pour toutes ces raisons, Deleuze est resté, pour ceux qui n’étudient pas la philosophie, un inconnu. Pour les autres, les privilégiés qui ont assisté à ses cours, il était un grand. Combien de fois n’a-t-on pu regretter de ne pas avoir la chance, le privilège, d’assister aux cours d’un maître ? Souvent en ce qui me concerne. Grâce à ces HUIT heures de film, j’imagine que je rattraperai un peu le temps perdu, l’occasion manquée. En tous points remarquable.



Le Décalogue
Kieslowski, Montparnasse Vidéo

N’ayant pas encore eu le temps de tous les regarder, il y a 10 films, je me réserve le droit d’un article de fond pour le prochain numéro de notre revue. Le coffret est très beau, il est composé de quatre DVD. Je continue.

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Guillaume Boisdehoux
mis en ligne le 15/07/2004
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