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Pédagogie par le projet en nouvelles images : écritures, techniques et créations
Pédagogie par le projet en nouvelles images : écritures, techniques et créations
par Sylvie Leleu- Merviel, Philippe Bazin
1. Introduction

La formation de scientifiques (techniciens et ingénieurs) en audiovisuel de l’Université de Valenciennes existe depuis près de 25 ans et dispose d’un capital de reconnaissance important auprès de la profession qui emploie ses diplômés. Les éléments les plus caractéristiques qui font sa force et son originalité vont être présentés ici.

2. D.R.E.A.M. dans ses grandes lignes

2.1. Environnement structurel
Le sigle D.R.E.A.M. signifie " Développement, Recherche, Enseignement en Audiovisuel et Multimédia ". Il désigne une structure transverse dont l’objectif est de favoriser les interactions entre formation, recherche et transfert. Il intègre les compétences et les moyens nécessaires à l’émergence de projets dans lesquels étudiants, enseignants- chercheurs, industriels, professionnels et artistes sont amenés à collaborer. Il peut s’agir de projets d’étudiants pour lesquels D.R.E.A.M. assure un accompagnement en direction du milieu professionnel, ou à l’inverse de projets extérieurs, commandités par des professionnels à la recherche de compétences ou de configurations spécifiques, propices à l’innovation.
D.R.E.A.M. est rattaché à l’Institut des Sciences et Techniques de Valenciennes, lui- même composante de l’Université de Valenciennes et du Hainaut- Cambrésis. L’institut des Sciences et Techniques comptabilise 4000 étudiants parmi les 11000 de l’Université. D.R.E.A.M., avec ses 120 étudiants chaque année, représente donc une unité relativement restreinte par la dimension en regard de la taille globale de l’établissement qui l’héberge.

2.2. Activités de D.R.E.A.M.
Le R. du sigle D.R.E.A.M. désigne donc l’activité de Recherche en Audiovisuel et Multimédia. Celle- ci est menée au sein du Laboratoire des Sciences de la Communication, dirigé par le Professeur Sylvie Merviel. 17 chercheurs de spécialités diverses, depuis la psychologie jusqu’à l’informatique, traitent ensemble, de manière trans- disciplinaire, des travaux théoriques de recherche fondamentale et des études de recherche- action appliquées à un secteur industriel donné. Les thèmes fédérateurs de ces travaux sont les suivants :

- Compréhension des processus d’intelligence informationnelle.

- Design informationnel, ingénierie du document.

- Nouvelles formes d’écriture, scénario hypermédia et fiction interactive.

- Maîtrise qualité des processus de production de documents.

- Dispositifs réglés d’évaluation, mesures qualimétriques.

Le D. du sigle D.R.E.A.M. recouvre le Développement des synergies avec l’environnement extérieur, qu’il s’agisse de la valorisation de projets d’étudiants menés dans le cadre de leur formation au sein de D.R.E.A.M. ou d’opérations de transfert des connaissances élaborées dans les laboratoires en direction des entreprises partenaires.

Enfin le E. de D.R.E.A.M. correspond à l’Enseignement délivré au sein d’une filière complète, comportant 4 diplômes nationaux complémentaires les uns des autres et proposant une large palette de débouchés accessibles à niveau Bac+4 et Bac+5 :

- Maîtrise de Sciences et Techniques et Magistère I.S.I.S. —Ingénierie des Systèmes Images et Sons-

- Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Management de la Communication Audiovisuelle

- Diplôme d’Etudes Approfondies en Sciences de l’Information et de la Communication Images et Sons)

- Diplôme d’Université Montage d’Oeuvres, Travaux et Réalisations Images et Sons.

Outre les stages qui se déroulent dans les entreprises relevant du secteur d’activité industrielle correspondant, les enseignements dispensés par des professionnels représentent 25% de l’ensemble des matières. Il s’agit pour l’essentiel d’enseignement ayant trait aux techniques audiovisuelles (vidéo, son, animation, effets spéciaux, infographie, réalisation, montage, éclairage, photographie, fiction, documentaire, etc.) et à la production (gestion de production, droit, etc.), tant il est vrai que rien ne remplace l’expérience d’un professionnel en activité dans ces domaines. Philippe Bazin, à qui la parole est laissée, assure la formation en photographie et présente la démarche qu’il adopte pour ce faire.

3. L’enseignement de la photographie à D.R.E.A.M. tel que Philippe Bazin l’entend

3.1. Objectif général de l’enseignement
L’enseignement de la photographie au département D.R.E.A.M. de l’Institut des Sciences et Techniques de Valenciennes n’a pas pour objectif de former des photographes professionnels. Au contraire, il s’intègre dans un cursus plus vaste qui forme des étudiants aux divers métiers de l’image. L’ambition de cet enseignement photographique est plus proche d’une sensibilisation aux problèmes et démarches que vit un photographe professionnel, dans un souci général de dialogue avec celui- ci. Dans cette optique sont abordés les trois constituants majeurs de l’enseignement, la théorie technique, les référents historiques, et une pratique articulée à partir d’une proposition de travail qui permette d’acquérir les savoir- faire et les attitudes indispensables.

3.2. Théorie technique
La théorie technique permet d’élucider deux éléments importants. D’une part, la question méthodologique permet l’organisation des connaissances et leur relativisation. D’autre part, l’explication d’un modèle scientifique, parmi d’autres, de fabrication d’images (analogiques) permet de mettre en perspective le modèle numérique appelé à être plus largement utilisé dans la poursuite des études. La chimie elle- même est là pour la dernière fois dans le cursus, montrant l’implication que demande la matière réelle dans sa présence.

3.3. Référents historiques
Les référents historiques ne sont pas donnés selon une histoire de la photographie traditionnelle dans sa chronologie et sa progression. Au contraire, ces référents sont employés à élucider les différentes formes de construction des images et des attitudes qui les ont engendrées. Ces référents doivent donc permettre de reconnaître les origines formelles des photographies actuelles et de comprendre les articulations entre données formelles et sujet, en lien avec le contexte historique et esthétique d’une période. A notre époque où les symboliques post- modernes se nourrissent des divers apports de la modernité, élucider les diverses attitudes des avant- gardes développées en photographie est indispensable : tels le dadaïsme berlinois, le constructivisme, le surréalisme, le document social, le style documentaire, le reportage, la typologie, etc… toutes attitudes qui ont trouvé leurs fondateurs. Divers photographes contemporains sont aussi abordés dans leur dimension novatrice. Ainsi l’étudiant est amené à relativiser sa pratique en même temps qu’il acquiert des connaissances, et à éviter de réécrire des formes déjà usées dans un contexte qui ne les justifierait plus.

3.4. Pratique à partir d’une proposition de travail
La pratique, enfin, permet de mettre à l’épreuve des faits ce qu’est la nécessaire démarche de réflexion et la méthodologie évoquée plus haut. La confrontation au réel, la relation de soi- même au monde, l’épreuve donc de notre altérité, passant à travers une mise en forme signifiante pour s’adresser aux autres (autrement dit comment des données deviennent une information), telles sont les exigences primordiales. De la prise de vue à la présentation finale au mur, toutes les étapes du travail sont abordées, expérimentées et vécues par les étudiants. Comment traduire une idée en une forme qui permette de comprendre ce que l’autre pense d’un sujet, tel est le souci constant. La technologie n’est alors qu’un outil et jamais une fin en soi. Ce travail de la forme se fait dans la reconnaissance du réel et de ses exigences, puis dans la reconnaissance de l’image dans sa façon en soi de s’adresser à nous. Ainsi les idées ne sont pas plaquées sur une réalité non reconnue. Ainsi les étudiants sont invités à commencer d’échapper aux idées reçues, aux clichés de la photo d’amateur et aux poncifs des magazines et de la publicité. C’est vers la recherche d’une singularité et l’expression d’une pensée personnelle qu’ils sont aiguillés.

En très peu de temps est- ce ainsi tout un univers qu’il s’agit de faire découvrir et expérimenter. Il faut aussi former le regard et la pensée à une construction mentale et méthodologique qui puisse œuvrer comme modèle pour toute production d’images chez des gens qui participeront de façon responsable à la fabrication de la culture visuelle du plus grand nombre.

4. Une pédagogie finalisée par le projet

4.1. Attendus de la formation
Devenir un professionnel de l’audiovisuel ou du multimédia passe donc par les pré- requis suivants :

- Disposer d’une bonne maîtrise des outils

- Comprendre les concepts, les méthodes et les fonctions, plutôt que se cantonner à une exploitation de bas niveau dépourvue de vision globale

- Posséder une culture artistique suffisante.

La trame générale qu’adopte Philippe Bazin pour l’image fixe photographique est transposable à l’ensemble des techniques et disciplines de fabrication d’images, qu’elles soient fixes ou animées.

L’approche pédagogique aboutit à une mise en œuvre concrète des connaissances acquises à travers l’accomplissement d’un projet.

4.2. En guise de conclusion, quelques projets aux frontières de l’image fixe.
C’est pourquoi, bien que n’ayant pas vocation à former des créatifs ou des artistes, mais plutôt des ingénieurs système, les formations de D.R.E.A.M. proposent néanmoins à leurs étudiants de réaliser des travaux de fin d’études, où toute liberté expressive leur est laissée tant dans le choix du sujet que de la technique retenue. Quelques projets sont donc diffusés, choisis pour la diversité des écritures employées, et leur proximité avec l’image fixe.

- " Aphone ", fiction réaliste empreinte d’humour et de dérision.

- " Assemble ", vidéo- art portant sur le corps, dont les déplacements très lents le rendent proche d’une esthétique photographique.

- " La cigogne ", générique en dessin 2D animé image par image, complété par une courte séquence de synthèse 3D.

- " La montagne bleue ", conte philosophique constitué de peintures à l’aquarelle et au pastel gras animées image par image.

- " La vache ", clip en figurines de pâte à modeler animées image par image.

- " L’Ardèche ", clip dont les personnages sont des marionnettes animées.

- " Errances ", vidéo-art poétique obtenu par manipulations numériques sur des séquences travaillées comme une matière première brute transformable à l’envi.
Sylvie Leleu- Merviel, Philippe Bazin
mis en ligne le 20/02/2002
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