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Décadrages
ILS NE SE DISENT PAS PEINTRES, ILS NE SE DISENT PAS PHOTOGRAPHES
par Étienne Begouen
Décadrage (définition du Petit Larousse) : incident de projection cinématographique qui fait apparaître deux images partielles en même temps sur l'écran.

Je tente de cerner les frontières de la ville, mais elles s'étirent infiniment au fur et à mesure de mes errances. Je passe de l'habitat aux zones d'activités, aux zones industrielles, à la nature domestiquée : passerelles urbaines imprévisibles, fascinantes.

Étienne Begouen, Décadrages, 2002Sentiment d'une ville-montage anarchique, anachronique, illogique par essence, où toutes les rencontres improbables sont possibles. Cohabitation de gris et de couleurs primaires, d'échelles infinies, de matières marquées par des temps différents...

Alors dans mon cadre photographique, je perds mes repères spatiaux, mais ce cadre reste limité pour traduire les sensations multiples et contradictoires qui me traversent dans ces lieux de non-sens. J'ai donc voulu faire cohabiter, simultanément, plusieurs points de vues, fusionner différentes sensations visuelles sur une zone-frontière, définie instinctivement. Ces images ne sont pas des séquences narratives, mais des espaces homogènes où les passages entre les prises de vues se confondent comme le flou des lisières urbaines.

C'est une tentative de reproduction de l'image mentale d'un lieu, de son émotion intrinsèque, peut-être la représentation du rêve d'un espace traversé.

Mes prises de vues sont pensées en fonction du choix d'un montage final, il me faut alors définir la manière de représenter une zone particulière, choisir ses limites, ses caractéristiques les plus fortes, en passant du détail au général.

Ensuite, les fragments photographiques s'assemblent, et se surimpressionnent, jusqu'à transcender l'émotion ressentie dans ces territoires particuliers.

Les images les plus récentes sont celles de mes déambulations (ou déambulasonges) portuaires, car dans cette quête d'espaces frontières, les ports représentent pour moi la lisière ultime du monde des hommes où s'organisent de façon aléatoire et mystérieuse une symphonie de matières (eau, pierre, fer, béton, plastique...) de couleurs (signalisations, marquages au sol, rouille, taches de peinture...), et d'échelles infinies (horizon, mur, grillage, petits objets abandonnés, grues démesurées...).

Je propose donc un assemblage d'impressions fugaces sur des espaces aléatoires, une relecture intime de ce monde en m'efforçant de ne pas hiérarchiser les éléments comme autant de notes sur une partition visuelle.
Étienne Begouen
mis en ligne le 30/05/2003
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