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Le point-lumière
Editorial : Contre la dérision dans l'art par Jean-Luc Chalumeau
par Esther Segal
Esther SegaI, Ecriture d’origine, janvier 2002. 30 x 40 cm. surfaces sensibles impressionnées, reproduction sur transparents.Je suis photographe plasticienne. Depuis une dizaine d'années mon travail a beaucoup évolué Je me suis petit à petit éloignée du monde extérieur pour m'interroger sur la définition de la photographie, c'est-à-dire "écriture de lumière". J'ai lié ma pratique à mon histoire personnelle, sans le vouloir au début. Mais cela s'est progressivement inscrit. Il faut savoir que je suis issue d'un mariage mixte qui touche à la religion chrétienne et à la religion juive, et il s'est trouvé qu'à travers mon travail photographique, à travers ma recherche d'une définition de l'écriture de lumière (photo-graphie), je suis retournée au judaïsme. C'est-à-dire que la photographie est, à la base, un grain de lumière dans l'image. Ce point de lumière, je l'ai extrait de l'image et je l'ai réitéré sur une surface sensible que j'ai complètement noircie et que j'ai commencé à poinçonner au dos, ce poinçonnement s'effectuant de gauche à droite. Quand j'ai retourné l'image, je me suis rendu compte que je lisais cela de droite à gauche. Dans ce poinçonnement, dans ce grain que j'explore, il y a une tactilité qui n'avait jusqu'alors jamais été donnée en tant que telle. Et cette tactilité qui touche à mon histoire personnelle me semble donner en même temps une nouvelle approche à la photographie.

Je continue d'explorer cette technique car il y a encore des choses à dire. Mon travail se situant à la croisée du judaïsme et du christianisme, j'aimerais explorer, au-delà de ce mur de lumière que j'ai mis en place, ce que j'appelle la chair iconique, à savoir à nouveau le corps, mais derrière le mur cette fois ci. Dans mes derniers travaux, j'ai mis en place un système de miroirs qui vient derrière ces surfaces poinçonnées et qui fait que l'on se regarde dedans. C'est-à-dire que l'on a une sorte de mise au point de soi au-delà de l'écriture. On ne peut pas vraiment se voir, on reste dans une sorte de chair qui est là sans être là. Si étrange que cela puisse paraître, mon travail photographique puise sa force dans la peinture. Beaucoup de choses viennent de la quête d'au-delà de certains peintres abstraits : ceux qui voulaient aller au-delà des limites. Les peintres qui m'intéressent sont ceux qui ont voulu aller toujours plus loin. Sans eux je n'aurai pas pu dire ce que je dis aujourd'hui.
Esther Segal
mis en ligne le 30/05/2003
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