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[verso-hebdo]
16-11-2017
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
A propos du MOMA à Paris
L'exposition proposée en ce moment par la Fondation Vuitton a pour titre « Être moderne » : serait-ce une allusion plutôt cynique au livre fameux de Serge Guilbaut Comment New York vola l'idée d'art moderne ? (éditions Jacqueline Chambon, 1988). Sans doute pas, mais toujours est-il que la commissaire, Suzanne Pagé (directrice artistique de la fondation) confessa, lors de son intervention au cours de la conférence de presse de présentation de l'exposition, que sa découverte du MOMA dans sa jeunesse l'avait subjuguée. Pour elle, future directrice du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, le MOMA serait désormais l'indépassable modèle à suivre, l'Institution par laquelle serait définie l'essence de la modernité. On ne rendra pas compte ici de l'exposition, choix fort riche à partir de la collection new yorkaise qui fait autorité et dont la presse a très largement rendu compte. Tout au plus signalera-t-on des imprécisions dans les cartels de commentaires, par exemple celui consacré à l'expressionnisme abstrait où il est dit que Clément Greenberg ET Harold Rosenberg inventèrent le terme « action painting » pour définir la peinture de Jackson Pollock. Erreur ! Il s'agit de la trouvaille du seul Rosenberg qui liait l'art et la vie (l'action). Greenberg s'en tenait quant à lui à « expressionnisme abstrait » qui rendait bien compte de sa vision moderniste-formaliste. Ce n'est pas grave, mais c'est agaçant.

On ne rendra pas compte des oeuvres présentes, mais on pourra s'étonner de certaines absences, pour moi hautement significatives. En 1949, la galeriste new-yorkaise Betty Parson avait invité une étoile montante à exposer chez elle sous le titre Painted in 1949. Il s'agissait de Pierre Soulages, né en 1919, qui présentait notamment une peinture au brou de noix sur papier dans laquelle son style abstrait s'affirmait avec autorité : cette Peinture, 195 x 130 cm fut aussitôt achetée par le MOMA. Une autre fut acquise par le Guggenheim. Betty Parson proposa alors à Soulages de lui organiser une grande carrière internationale à condition qu'il se fixe aux Etats Unis et qu'il prenne la nationalité américaine, ce qu'il refusa absolument au grand désappointement de la marchande qui lui annonça qu'il allait le regretter. En 1949, le peintre Franz Kline était encore figuratif, son thème de prédilection étant le fauteuil à bascule. En 1950, il devint subitement abstrait selon un mode d'expression identique à celui de Soulages, parenté immédiatement soulignée par Leo Castelli qui exposa ensemble Kline et Soulages chez Sidney Janis, mais en suggérant que le français avait copié l'américain ! Voyez-vous, il n'était pas admissible, dans la stratégie générale détaillée par Serge Guilbaut (mais aussi par Irving Sandler dans son livre The Triumph of american painting), il n'était pas admissible qu'un français précède un américain dans l'avènement d'un nouveau style international : l'abstraction lyrique.

Le plus grave dans cette histoire, c'est que le MOMA emboîta le pas à Sidney Janis, tout comme le critique Edward Lucie-Smith qui écrivit de manière fielleuse dans son livre Art Now (Tokyo, 1971) à propos de Soulages : « Ses lourds signes calligraphiques en noir sont plus qu'une simple réminiscence de Kline... » Et pour cause, si l'on veut bien admettre qu'il ne peut y avoir « réminiscence » de la part de celui qui fut le premier ! J'ai constaté en 1987, dans la salle « expressionnisme abstrait » du MOMA, que deux grands Franz Kline des années 1952-53 étaient placés à côté d'un Soulages, de dimensions modestes, de la DEUXIEME moitié des années 50 (mais évidemment pas le brou de noix sur papier de 1949). Le tour était joué : un « petit » français apparaissait à l'évidence comme un épigone du « grand » américain. La différence considérable de leurs cotes respectives dans les ventes publiques depuis lors a montré que les opérateurs sur le marché ont considéré ce mensonge historique comme exact. En 2017, alors que Soulages approche de son centenaire, le MOMA se garde bien d'exposer à Paris la Peinture 195 x 130 de 1949 en compagnie, par exemple, de Rocking Chairs de la même année par Franz Kline ! Tant pis pour les rêveurs, et tant pis pour Soulages qui me montrait dans les années 80 l'affiche éditée par Betty Parson en 1949 reproduisant le Brou de noix sur papier. Il avait alors les larmes aux yeux...
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
16-11-2017
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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du 6 au 28 Octobre 2012
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Christophe Cartier

"Rêves, ou c'est la mort qui vient"
édité aux éditions du manuscrit.com