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[verso-hebdo]
20-02-2014
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Le Sud, Jorge Luis Borges, « Folio », 112 p., 2 euro.

Cette collection, qui je surnommerais « compagnon de voyage », rassemble des nouvelles de grands auteurs. Ici, on trouve les récits les plus connus et les plus saisissant que l'auteur argentin avait réunis dans Fictions. « Le Jardin aux sentiers qui bifurquent », « Le Labyrinthes » sont parmi ses oeuvres les plus caractéristiques « Le Sud », dans esprit comparable, montre l'autre aspect de son art, celui où l'histoire, la vie, les moeurs, l'esprit de l'Argentine sont traités d'une manière double, toujours entre une réalité probable et une fantasmagorie qui transporte le lecteur dans les royaumes d'une légende. El Sur fait partie des mythes argentins que Borges a traité ci avec concision, poésie et le sens du fantastique qui sous-tend ces mythes.




Au coeur des ténèbres, Joseph Conrad, traduit de l'anglais par Jean Doubergue, « L'imaginaire », Gallimard, 168 p., 8,40 euro.

Cette nouvelle est sans doute la plus connue de Joseph Conrad. Elle a inspiré plusieurs écrivains et le film Apocalypse Now. L'histoire se résume à peu de choses : un jeune officier de marine anglais, découvre un univers inconnu : celui de l'Afrique noir. Il travaille pour une compagnie belge et doit rejoindre le directeur d'un comptoir et collectionneur avisé de pièces en d'ivoire, Kurtz. Ce long et difficile périple sur les eaux d'un fleuve tropical lui fait affronter des situations qu'il n'aurait pu imaginer. Et il découvre en même temps la violence de la nature en des terres inhospitalières et que ce voyage est celui de sa propre existence. C'est une merveille absolue grâce non seulement au style de l'auteur, mais à sa façon de traiter l'imaginaire que distille une réalité qu'on n'aurait pas voulu voir.




Dix/10, un art contextuel pour tous, Somogy, 312 p., 39 euro.

Connaissez-vous le groupe Dix/10 ? Je m'en doutais : c'est non. Eh bien, c'est dommage, car voilà deux artistes qui ont fait, depuis le début des années 80 quelque chose de très original et même de curieux. Roma Napoli et J. J. Dow Jones (c'est ainsi qu'il se sont surnommés) ont travaillé dans une optique qui a été (et est toujours) celle d'un style enfantin de comic strip, qui aurait pu les rapprocher de la figuration libre. Mais leur propos est quasiment l'inverse. Ils n'ont pas célébré pas la bande dessinée, ils se sont servi pour entreprendre une déconstruction conceptuel (à leur manière !) du système de l'art. La dérision est leur arme la plus dangereuse. Ils ont produit des plagiats très drôle de Buren, mais aussi d'une installation de Joseph Beuys présentée à Paris. Il ont institué le supermarché de l'art, puis une librairie en 1992 : « La censure mise à nu par la peinture même ». Il trahissent le réel en en faisant de la peinture ridicule et il ridiculise l'art en en faisant des objets en carton peints sommairement. Avec le recul, on peut se rendre compte à quel point leur démarche était judicieuse et visait juste. Ils ont été parmi les premiers à mettre en scène cette pitrerie de l'Art contemporain. Mais ils n'en restent pas moins des artistes, inventifs et burlesques. Ils méritent d'être reconnus à leur juste place et ce livre, qui retrace leur histoire, en est la démonstration. (Leurs dernières expositions au Cabinet d'amateur et chez Lara Vincy ont pu convaincre les néophytes du bien-fondé de leur posture iconoclaste).




Un manteau de fortune, Guy Goffette, préface de Jacques Réda, « Poésie », Gallimard, 304 p., 6,65 euro.

Classique, Guy Goffette ? Pas à ce point -, mais pas du tout dans l'esprit avant-gardiste. Son écriture est pure, simple, transparente. Ce qui ne nuit pas à sa richesse et à son intensité. Il a suivi les pas de Verlaine en ce sens, mais ne l'a pas imité. Il parvient à exprimer des sentiments complexes avec beaucoup de subtilité et de raffinement. Lisez par exemple « Maya » : il décline les couleurs comme Rimbaud, mais non sans quelques réminiscences symbolistes. Le résultat est une petite pièce d'orfèvrerie qui est dépourvue de toute artifice mais avec le goût des réminiscences et aussi le sens d'une chute qui, elle, est loin d'être passéiste. Ses souvenirs de Lisbonne comme son magnifique hommage à Leopardi sont des morceaux qui en font un des meilleurs poètes français de notre époque. Il part d'une étude du réel qui le porte à une conclusion de nature métaphysique -, c'est ce qu'il fait quand il dépeint la foule dans le métro parisien. C'est un poète érudit et même savant qui ne révèle cette science de la poésie d'autrefois que dans la limpidité de sa manière de disposer les mots selon un ordre dicté par une vision qui constitue souvent le dernier vers qui entraîne une autre entente de son texte. Il y a dans ses complexes machinations poétiques un naturel qui touche le lecteur sans coup férir. C'est le paradoxe qui fait de lui un auteur passionnant.




Correspondance, Camille Claudel, édition d'Anne Rivière & Bruno Gaudichon, « Arts & artistes », Gallimard, 368 p., 28 euro.

Une légende a entouré la figure de Camille Claudel, soeur du poète et morte dans un asile psychiatrique en 1943. On est allé jusqu'à en faire une martyre, victime de l'indifférence de son amant, Rodin, ou cloîtrée par sa famille. On a même prétendu voir en elle un artiste plus grand que Rodin. Ces précieux documents sont là pour témoigner d'une bien autre histoire. Camille Claudel, après avoir été l'élève du créateur de La Porte de l'Enfer, a commencé a connaître le succès. Elle a des commandes officielles et des critiques s'intéressent à ses statues. La maladie est venue briser sa carrière. Camille Claudel n'écrit plus alors que pour se plaindre de sa « séquestration ». Elle a été internée à Ville-Evrard en 1913 : elle avait alors cinquante ans. Ce n'est donc pas une jeune fille dont on étouffe le talent naissant ! Sa paranoïa a pris des proportions inquiétantes et rendait impossible toute vie sociale. Qu'elle ait souffert de son état et de son internement ne fait aucun doute. Mais les récits mythiques inventés à son propos n'ont pas lieu d'être. Cette nouvelle édition est complétée par trente-six lettres envoyées au marchand et collectionneur Léon Gauchez. Cette correspondance est remarquablement commentée par ses deux éditeurs, Anne Rivière et Bruno Gaudichon.




Balzac journaliste, articles et chroniques, choisis et présentés par Marie-Eve Thérenty, GF, 400 p., 9,80 euro.

Cette série d'ouvrages consacrés aux grands écrivains du XIXe siècle qui ont été aussi de grands journalistes est remarquable. Et ce volume fait apparaître une mince part de l'énorme travail de Balzac comme chroniqueur. Ce qui m'a le plus frappé, c'est sans aucun doute l'attachement de l'auteur du Lys dans la vallée à la question de la mode. Il fut, c'est vrai, l'un de ces « lions » (c'était ainsi que les dandys de la Restauration se dénommaient) -, on peut donc comprendre son intérêt pour la mode vestimentaire. Et sa Comédie humaine est surchargée d'informations sur la mode dans tous les domaines publics ou privés. On peut lire ici un article surprenant sur la mode dans le langage de son temps « Des mots à la mode »). Cette étude des us et manières dans le parler commun est révélatrice des idées en vigueur et des moeurs des différents milieux. Lui qui était un nostalgique de l'Ancien Régime, s'est montré un novateur dans son écriture, dans la forme qui est loin de celle des Lumières, mais aussi dans la grammaire, les expressions idiomatiques et l'invention des mots. Ces contradictions sont d'ailleurs compréhensibles puisque son grand dessein a été de décrire dans sa totalité l'univers de ses contemporains. Il a bien pu soupirer et regretté le temps jadis -, il a été un moderne de par son ambition démesurée.




Hugo journaliste, articles et chroniques, choisis et présentés par Mariete Stein, GF, 464 p., 9,80 euro.

On a tendance a oublié que Victor Hugo a commencé sa carrière en tant que monarchiste très réactionnaire. C'est d'ailleurs ce penchant pour la Restauration qui lui permet d'écrire très jeune dans Le Conservateur littéraire. Son premier article, remarquable, est consacré à la poésie d'André Chénier, martyr de la Révolution. Mais bientôt on comprend la boulimie dont le jeune homme est frappé : il veut parler de théâtre, de société, d'histoire, mais aussi de peinture. Plus tard, il commence à s'interroger sur la liberté de la presse et le droit des écrivains à s'exprimer sans entraves. Et son évolution est radicale en 1848 : dans L'Evénement, il parle de politique. Et, encore plus tard, il lancera son célèbre appel contre la peine de mort. Hugo devient la conscience du peuple français et aura dès lors les idées les plus audacieuses. Ce recueil d'articles est passionnant en nous révélant ses qualités de polémistes et aussi d'avocat des grandes causes humanitaires, mais aussi de politicien aguerri dont le verbe peut faire trembler ses adversaires. Son échec personnel avec Louis-Napoléon Bonaparte le donnera l'occasion, avec l'exil volontaire, de défendre la cause républicaine. Et en 1970, il se range dans le camp des patriotes qui veulent défendre Paris malgré la reddition honteuse des troupes impériales. Il ne soutient pas la Commune, mais l'explique et la défend. En somme, Hugo a accompli un long parcours et sa pensée est encore vivante de nos jours.
Gérard-Georges Lemaire
20-02-2014
 
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Verso n°136

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