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[verso-hebdo]
03-09-2015
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Un nouvel âge de la peinture est peut-être en train de commencer
On se souvient des analyses de Nathalie Heinich dans Le Paradigme de l'art contemporain, et notamment celle-ci : « si c'est de la peinture, ce n'est pas de l'art contemporain » qui justifiait en particulier les fulminations d'Eduardo Arroyo contre les « bureaucrates de l'art » qui nous imposent de telles aberrations depuis une trentaine d'années. Comment défendre la peinture sans être considéré comme un ennemi (forcément réactionnaire) de l'art contemporain ? Il me semble que Olivier Delavallade, qui fut le créateur inspiré de L'art dans les chapelles il y a vingt ans et qui est devenu directeur, en 2011, du réputé domaine de Kerguéhennec (Morbihan) a trouvé la réponse. Son exposition Mur/Murs, au premier étage du château (jusqu'au 1er novembre) a été un des événements les plus remarquables de l'été. Déjà, le 19 mars 2015, à La Terrasse (le centre d'art de la Ville de Nanterre), une table ronde autour de la plasticienne Soizic Stokvis et de la philosophe Christine Buci-Glucksmann, s'interrogeait sur ce qui peut se cacher derrière la nouvelle « esthétique des châteaux de sable », étant donné que, depuis les années 90, de nouvelles pratiques de peinture « hors tableau » induisent le développement d'installations et d'interventions in situ. Ainsi, depuis quelques années des expositions temporaires, dont les oeuvres sont détruites en fin de parcours, affirment une nouvelle réflexion picturale par des plasticiens qui revendiquent hautement la double qualité de peintre ET d'artiste contemporain.
C'est bien ce que démontre avec panache l'exposition Mur/Murs, avec Soizic Stokvis, et aussi Christophe Cuzin, Christian Lhopital, David Tremlett, Michel Duport, Max Charvolen, Eric Winarto, Olivier Nottelet et Gilgian Gelzer. Chacun d'eux devait investir une pièce ou, dans le cas de Christophe Cuzin, le couloir réunissant l'ensemble. Ce dernier s'en est fort bien sorti, se désignant avec humour « artiste peintre en bâtiment ». Sans doute se souvenait-il d'Eugène Delacroix, qui parle quelque part dans son journal d'un de ses « confrères » peintre en bâtiment. Avec de splendides couleurs étalées avec générosité, Cuzin entend « renommer quelque chose que l'on ne regarde pas » : ces murs, ces portes et chambranles appelés à une nouvelle vie par la grâce subjective de la couleur. C'est un peu la même problématique avec Michel Duport qui a voulu « tauréer avec l'espace » à l'aide de son vocabulaire pictural venu de l'histoire du modernisme, ce qui l'a conduit à introduire des volumes en trois dimensions. Ces volumes sont pour l'artiste des « glissades », la matérialisation de ses déplacements à travers les formes laissées par l'histoire de l'art.

Max Charvolen, connu en tant que peintre de l'école de Nice (il est né en 1946 à Cannes) et architecte ayant achevé sa formation dans l'agence d'Oscar Niemeyer à Rio, a choisi de concrétiser une expérience de dialogue du corps avec l'espace pour lui-même, mais aussi pour le spectateur. Il a collé des fragments de toiles en différents endroits (marches d'escalier, plinthes...), les a recouverts de peinture, puis décollés et replacés ailleurs sur les murs et autour des fenêtres de telle sorte que l'on soit littéralement immergé dans cette peinture qui serait ici une « figuration sans ressemblance », une seconde peau du bâti qui se fait volume en mémorisant le lieu confié à l'artiste. Il s'agit en l'occurrence à Kerguéhennec du perron et des escaliers menant aux cuisines. La découpe des éléments préalablement peints a été faite en fonction de la structure qui a donné un certain nombre de possibilités d'intégration. Par le jeu de l'empreinte mise à plat, celui d'une peinture en trois dimensions qui se re-déploie en deux dimensions, le visiteur est invité à faire l'expérience physique d'un espace pourtant absent, dont l'oeuvre de Charvolen est le relevé. Paradoxe vertigineux qui peut le conduire à une véritable perte de repères (mais dans un tout autre sens et avec un tout autre but qu'une expérience du type d'Olafur Eliasson à la Fondation Vuitton). Avec Max Charvolen, mais aussi les autres exposants de Mur/Murs, on peut vraiment dire avec lui que « la peinture accrochée à la verticale retrouve une troisième dimension : celle de la profondeur. Entre le relevé précis de l'architecture et la nouvelle cartographie picturale qui ouvre l'espace des possibles, la relation à l'espace du regardeur est revisitée, profondément. » Oui, vous avez bien compris : avec Charvolen, il y a renversement de la perspective classique. Là où, depuis Masaccio, le peintre cherchait à donner l'illusion de la profondeur en deux dimensions comme dans la Trinité de Sainte-Marie Nouvelle à Florence en 1425, Max Charvolen donne à voir à l'échelle 1 dans la réalité des deux dimensions le souvenir des trois dimensions. Voilà pourquoi on peut dire qu'il traite de la représentation sans passer par la figuration. Avec les peintres réunis par Olivier Delavallade, un nouvel âge de la peinture est peut-être en train de commencer.

www.kerguehennec.fr
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
03-09-2015
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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