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[verso-hebdo]
01-12-2016
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Papiers cachés, papiers mâchés, Colette Lambrichs, Editions de la Différence, 64 p., 8 euro.

Colette Lambrichs est écrivain et un bon écrivain (elle excelle dans la sphère de la nouvelle) et comme éditeur (elle est l'épouse de Joaquim Vital, disparu prématurément, et dirige maintenant seule les Editions de la Différence). Qu'elle fut artiste, elle l'a toujours dissimulé. Ce n'est que cette année qu'elle a décidé de nous révéler cette passion secrète. Et la surprise est absolue. Dans un court texte de présentation, écrit avec beaucoup de simplicité, mais aussi avec sa singulière façon de placer des accents inattendus sur des événements marquants dans sa vie et sur des souvenirs qui nous éclairent sur sa vocation cachée. Cette petite autobiographie nous relate avec beaucoup de discrétion son enfance, son adolescence et puis son arrivée à Paris et les défis qui se sont présentés à elle. Au fond, de sa démarche artistique, elle ne dit que peut de choses. Colette Lambrichs cultive l'art de la litote existentielle ! Son oeuvre plastique a bien peu de choses à voir avec ce que l'art contemporain nous présente. Si un certain nombre de ses oeuvres évoque (de très loin) les expressionnistes flamands du premier tiers du XXe siècle (c'est simplement une manière de donne rune idée de donner une vague idée de l'esprit de son art), l'originalité de la « fabrication » (je reprends ici l'expression choisie par Gertrude Stein pour parler de ses livres) de ses tableaux, qui sont faits surtout de papier, qui sont peints ou associés à d'autres matériaux. Cela pour résultat un univers assez cocasse et attachant, souvent poétique (je pense à une composition baptisée Ostende, datant de 2001 ou à une autre, Marée montante au Mont Saint-Michel, de 2012), ou alors représentant des scénettes souvent à mi-chemin entre le réalisme et le surréalisme, sans qu'on sache tout à fait où penche l'aiguille de la balance. Toutes ces créations sont le fruit d'un imaginaire qui est indubitablement d'une grande originalité et qui aime les jeux de mots et les jeux de figures. On a d'ailleurs l'impression de se retrouver dans l'un de ses récits, qui ont cette même perspective : l'étrangeté n'entre pas en grande pompe, mais s'insinue dans le quotidien le plus banal. Ses ouvrages sont d'une beauté qui n'appartiennent qu'à eux et, dans leur singularité, ne peuvent qu'émouvoir et séduire.




Mexique, 1900-1950, l'album de l'exposition, Sabrina Silamo, Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais, 48 p., 10 euro.

De l'art mexicains, nous connaissons surtout Frida Kahlo, un peu mois Diego Rivera et les autres grands muralistes comme Jose Clemente Orozco et Siqueiros. Le reste souvent nous reste inconnu. La grande et superbe exposition du Grand Palais nous permet d'avoir une vision plus précise de sa richesse et de son originalité. Mais on connaît pas vraiment les surréalistes mexicains (André Breton a fait un séjour dans ce pays, où il a connu Rivera et bien d'autres artiste et pu dialoguer avec Léon Trotski qui s'y était réfugié). Le réalisme magique, dont la source est surtout l'Italie et l'Allemagne y a eu aussi une grande influence. Des artistes tels que Wolfgang Paalen, Rosa Rolanda, Nahui Olin et Olga Costa méritent vraiment d'attirer notre attention. Cette brève et utile introduction est très utile et remplace Le Journal de l'exposition d'autrefois, avec, en plus, des reproductions en couleur.




Dans les armoires de l'impératrice Joséphine, la collection de costumes féminins du château de Malmaison, 80 p., 19 euro.

Je dois avouer que cette exposition a aiguisé ma curiosité car je suis resté avec cette interrogation sur la présence d'une mule de Joséphine de Beauharnais dans l'hôtel particulier du général Bertrand à Issoudin ! Cette présentation de ces magnifiques vêtements montre d'abord à quel point la mode a changé après la Révolution. La ceinture se plaçait sous la poitrine et l'esprit de la mode dérivait pour une bonne part de l'exemple grec. Le néoclassicisme triomphait dans les arts et donc dans les us du costume. Point de corsets, mais un ancêtre du soutien-gorge moderne. La robe s'évasait légèrement du torse jusqu'aux pieds. Ce qui signifiait que le corps était libre de toute contrainte et la fluidité était de règle (sous le Directoire on a même vu des femme de la haut société portée des robes transparentes !). Si l'on met de côté les robes d'apparat de l'impératrice, la garde robe de Joséphine de Beauharnais est remarquable par sa simplicité dans les formes. Seules les manches courtes et bouffantes était un signe de fantaisie, dont le reste de la robe était dépourvue. Cette robe pouvait être doublée d'une seconde, qui était ouverte largement sur le devant, comme une cape partant de la taille. En somme, on découvre un goût du luxe qui se doublait d'une relative sobriété. La beauté de ce style est incontestable et les exemples qui nous sont présentés (il n'y a pas que les atours de Joséphine) nous révèle l'esprit d'une époque dont le mobilier était beaucoup moins épuré avec ses décors égyptiens et ces nuées d'abeilles ! C'est là un moyen plaisant d'entrer dans l'histoire et d'entrer dans l'intimité d'une femme frivole et coquette, qui a eu une influence négative sur Napoléon (comme le rétablissement de l'esclavage) en plus de le tromper (mais cela ne me concerne guère !). Mais au su et au vu de ce catalogue, on comprend qu'elle avait bon goût pour s'habiller ! Comme la mode est cyclique, peut-être que celle-ci reviendra pour notre plus grande joie esthétique et libertine.




Clefs à rendre la toile écrue, Daniel Dezeuze, Fata Morgana, s. p.,

Depuis longtemps, Daniel Dezeuze, l'un des principaux fondateur du groupe Supports/Surfaces et créateur de la revue Peinture - Cahiers théoriques, écrit. Il écrit de la poésie et une poésie inclassable. Il n'est ni néoclassique, ni surréalisme, ni quoi que ce soit d'autre. Il a inventé un genre, sans doute sans en avoir l'intention.







Esther, Jean Racine, dossier par Geneviève Winter, Folioplus classique, 176 p., 4,90 euro.

Je n'irai pas jusqu'à dire qu'Esther, écrit en 1689, comme l'ont fait certains critiques de l'époque de Jean Racine, est une « pièce de patronage ». Mais je dois néanmoins dire que cette oeuvre n'est pas ma préférée : celui-ci a créer des chefs-d'oeuvre impérissables comme Iphigénie Phèdre ou Britannicus. Racine n'a pas su y insuffler ce génie de la langue qui véhicule le génie d'une pensée. Il faut aussi dire que cette tragédie a été écrite dans un contexte bien particulier car elle lui a été commandée par le roi pour l'institution créée par son épouse, Madame de Maintenon, qui a voulu fonder une maison d'éducation réservée aux jeunes filles pauvres de la noblesse ou qui ont perdu leur père tombés pour la France. L'éducation y particulièrement soignée et met l'accent bien sûr sur la foi, mais aussi sur une culture d'un haut niveau. L'idée de spectacles édifiants s'y est vite développée (Madame de Maintenon a elle-même écrit plusieurs fables morales qui ont été représentées). La venue de Racine a é eu une double fonction : donner du lustre à cette nouvelle maison royale, mais aussi y montrer que son ambition éducative était du plus haut niveau. Il est probable que Racine se soit senti un peu entravé par ces circonstances et qu'il n'a pas pu ou su faire une pièce qui soit à la fois édifiante et d'une grande force dramatique. Il s'est tenu au plus près du récit biblique et a fait l'éloge de la courageuse Esther qui est parvenue à convaincre le souverain babylonien d'épargner le peuple juif. Ce qui donne trois tableaux, qui sont dépourvus d'invention théâtrale et qui manque aussi de cette puissance du langage dont a toujours fait preuve l'auteur. Quoi qu'il en soit, on peut relire cette pièce et profiter des explications très enrichissantes de Geneviève Winter qui a constitué un dossier très complet et aussi très clair.




Pourquoi sommes-nous anarchistes ? Elisée Reclus, avant-propos de François L'Yvonnet, « Carnets », L'Herne, 96 p., 7,50 euro.

D'Elisée Reclus (1830-1905), je considère le souvenir émerveillé de sa gigantesque Nouvelle géographie universelle, qui a paru chez Hachette entre 1875 et 1893 en dix-neuf tomes. Cet immense travail n'est qu'une goutte d'eau dans sa bibliographie sur les questions géographiques. S'il a été un savant d'une valeur inestimable, il a aussi été un homme de pensée, dont on a oublié les oeuvres politiques, et en particulier celles qu'il où il a pris parti en faveur du socialisme (il a même eu une période où il a été intéressé par les thèses communistes) mais c'est au mouvement libertaire qu'il a choisi de se rattacher. Il a été en relation étroite avec Bakounine, avec Kropotkine et de nombreux penseurs révolutionnaires. On est surpris de savoir qu'il a été un des partisans de l'union libre en son siècle si bourgeois, et qu'il a été séduit par l'idée d'une langue universelle, l'espéranto. Sa pensée a été originale : il a marqué sa méfiance face au progrès, qui est au fondement de l'idéologie socialiste et il a cru que l'humanité devait s'accorder avec le monde naturelle, comme il l'a exposé dans l'Homme et la Terre. Pour faire partager ses conceptions, il a écrit plusieurs ouvrages, dont Evolution et révolution (1880), l'Evolution et l'idéal anarchique (1897). Le texte reproduit ici a paru dans Société nouvelle en août 1889. C'est un compendium de sa pensée politique qui commence par une vision rapide mais percutante de la civilisation occidentale. Reclus n'en appelle pas à une révolution violente, mais propose l'anarchie comme la fondation d'une Harmonie complète entre les hommes et entre les hommes et de la nature. Dans ce plaidoyer passionné il s'en prend surtout aux conceptions chrétiennes, qu'il juge injustes. Les petits textes qui suivent sont des déclarations qui précisent sa philosophie en des termes concrets. Si ses idées ne sont plus d'actualité, les principes qui les sous-tendent le sont plus que jamais. En effet, on a oublié de nos jours un certain nombre de valeurs et nous pensons être protégés par le bouclier républicain. Or, ce que peut représenter la République et ses valeurs commence à sérieusement être émoussé. Donc la lecture de ces pages s'impose pour les adapter à notre temps.




La Terre et les Morts, Maurice Barrès, avant-propos de François Yvonnet, « Carnets », L'Herne, 68 p., 7,50 euro.

Cet essai de Maurice Barrès ne fait que renforcer l'opinion que je m'étais faite de lui il y a bien longtemps. Cet hymne aux grands ancêtres de l'histoire de France me fait songer au culte de Jeanne d'Arc qui justifie l'extrême droite actuelle, et fait oublier ses visées racistes et anti républicaines. Cette apologie du terroir a eu bien sûr un impact profond puisqu'il a servi les desseins néfastes du maréchal Pétain et de sa clique de collaborationnistes. Mais elle a eu aussi prise sur le parti socialiste ! Il faut se rappeler de la campagne de François Mitterrand avec son visage et, au lin, un petit village français. D'ailleurs, nous sommes tous attachés au droit du sol, contre le droit du sang, qui est, cela va sans dire, bien pire. Mais tout de même, à une époque où l'Europe devrait ce construire, le cosmopolitisme devrait s'allier avec un amour profond de la culture française et aussi de notre langue. Cette culture a été forgée par beaucoup d'étrangers, comme Lully qui a inventé la musique française du Grand Siècle. Cela étant dit, l'argumentation de Barrès ne manque ni de bon sens ni d'intelligence car il a bien analysé le fait que les Français sont divisés pour bien des raisons, ses régions qui ont souvent été longtemps des territoires indépendants avec leur propre langue, la diversité des religions (il songe alors aux catholiques et aux protestants). En somme, il a cherché le meilleur et le moins contestable dénominateur commun pour fonder une nation solide. Quant à sa vision de la littérature elle donne froid dans le dos ! En ce point précis, on touche aux limités de son intelligence. Barrès est trop obsédés par son nationalisme qu'il ne parvient pas à comprendre que Tolstoï a eu une pensée plus généreuse que la sienne et que Dostoïevski n'est pas un apologue de la « saleté ». Tout de même à méditer !
Gérard-Georges Lemaire
01-12-2016
 
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Verso n°136

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