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[verso-hebdo]
08-06-2017
La chronique
de Gérard-Georges Lemaire
Chronique d'un bibliomane mélancolique

Ecrits sur l'art, August Strindberg, Macula, 174 p., 18 euro.

Beaucoup sans doute, comme moi, ignoraient que Strindberg (1849-1912) avait écrit sur l'art. Romancier, nouvelliste, dramaturge, mémorialiste, il a déjà à son actif une oeuvre énorme. C'est une formidable révélation. Bien sûr la plupart de ces articles ont paru dans la presse suédoise pendant les années 1870 et concernent donc des artistes locaux, que nous ignorons dans leur immense majorité. Il faut souligner que la plus grande partie d'entre eux a été publiée avant que la Chambre rouge ne le rende célèbre en 1879. De plus, il se consacre sérieusement à la peinture à partir de 1872, mais avec des interruptions assez longues entre ses périodes d'activité dans ce domaine (cela vaut aussi pour la photographie): l'oeuvre picturale que nous connaissons de lui s'ébauche vraiment à partir de 1882, mais il ne s'affirme qu'à partir de 1892 avec ses ciels tourmentés, plus proches de Turner que des impressionnistes français. Son intérêt pour l'art français, alors prépondérant dans le monde occidental, ne commence que lorsqu'il découvre Paris et son univers intellectuel et artistique. Parlant et écrivant parfaitement le français, il se trouve souvent dans la capitale française pour suivre la mise en scène de ses pièces par le théâtre Libre d'Antoine. Il devient aussi l'ami de Paul Gauguin et d'Alfons Mucha, qu'il influence par la philosophie mystique qu'il a développée à l'époque après avoir renié le naturalisme. Quand il se met à écrire sur l'art, on remarque une chose essentielle : il ne s'inspire pas une seconde des écrits des grands auteurs de son siècle. Il ne joue pas au « salonnier «  comme Baudelaire ou Gautier. Il pose un regard libre sur ce qu'il découvre et transmet à ses lecteurs des conclusions parfois étranges. Il présente deux caractéristiques : la première est de se concentrer sur la question de la couleur, qui semble le fasciner, la seconde est d'avoir, au fil du temps, une propension à utiliser la forme du dialogue pour transmettre ses impressions et ses idées. La seconde est de pouvoir distinguer quelques artistes scandinaves et allemands (il fait souvent état de l'école de Düsseldorf qui semble avoir alors un certain prestige et un peu e l'école de Munich). Ses chroniques se poursuivent jusqu'en 1881 (en fait plus tôt, car certains sont reprises ultérieurement). Il évoque une seule fois Paris en 1876, parlant du café où se retrouvent les artistes de son pays (le Delta), et découvrant le nouvel art qu'il découvre dans les galeries (Manet, Sisley, Money [sic] ! Par la suite, Strindberg écrit sur la photographie qui le passionne et qu'il pratique avec passion. Puis il rédige un long article sur sa conception du « mysticisme rationnel », qu'il fait paraître dans la Revue d'alchimie, d'hermétisme et de médecine sparagique entre 1896 et 1897 et qu'il a repris ensuite dans son roman Inferno, qui est une autobiographie (Le Mercure de France, 1897). Enfin, l'ouvrage contient une lettre adressée à Paul Gauguin, dont il était l'ami, quand qui il lui demanda de signerle texte de présentation du catalogue de sa prochaine exposition en février 1895. Il lui expose les raisons de son refus. Gauguin lui retourne une lettre où il explique sa vision et ne veut en aucun compte gâcher leur relation. J'allais oublier une chose fondamentale : le court texte qu'il a donné à La Revue Blanche en 1897 qui mériterait d'être considéré comme les prolégomènes à toute esthétique future. Strinberg a déjà compris une voie possible pour l'art à venir qui n'a pas été celle choisie en France (en dehors de peintres qui ont été marginaux alors : Rouault, Soutine, entre autres). Inutile de dire que ce recueil est une mine, même quand il parle des artistes nordiques, car il a une manière toute a lui de parler de la peinture et de retranscrire les effets chromatiques recherchés par les peintres.




Ostende, (1946-1953), Edouard Pignon, Hazan, 168 p., 30 euro.

Edouard Pignon (1905-1993) a été et reste un peintre assez mal connu. Cet ouvrage permet de prendre la mesure d'une période essentielle de son oeuvre pendant l'immédiate après-guerre. Pendant la guerre, Pignon expose avec les « Indélicats » (Estève, Fougeron, etc.) à la galerie Braun. Il est figuratif à ce moment-là. Après la Libération, il ne s'est plus senti à l'aise dans ce genre de travail. Il se convertit alors à l'abstraction après l'exposition des artistes résistants au Musée d'Art moderne de la ville de Paris, mais en ayant une phase de transition à l'époque où il travaille à Ostende. Il suit une évolution comparable à celle de Mondrian come on peut le voir dans la composition datée de 1953 baptisée, comme les précédentes et les suivantes, Ostende : on devine le dessin figuratif derrière l'état final abstrait. Les reproductions présentes dans ce beau catalogue de l'exposition du musée des Beaux-arts de Lyon. Depuis le début, ses toiles conservent une trame « réaliste » masquée par son désir d'effacement et cette référence. Son oeuvre peut donc être incluse dans l'histoire de l'Ecole de Paris née en même temps, ce qui est rarement le cas. Et pourtant, ses créations sont d'une valeur indubitable, en rien comparable à celles de ses pairs. Il a jeté les fondements d'un univers très personnel, mais qui est demeuré en marge. Son séjour à Sanary, puis son amitié avec Pablo Picasso, l'ont conduit à revenir à une forme relative de réalisme et c'est tout ce qu'on a retenu de lui : une sorte de disciple de Picasso, ce qui était assez faux, même si l'auteur de Guernica n'a pu manquer de l'influencer d'une façon ou d'une autre. Jacques Beauffet, dans son excellent essai, parle d'un partage avec « la théorie communiste de l'art » par son « optimisme ». Curieuse formulation ! Edouard Pignon et son épouse Hélène Parmelin étaient bien des piliers du parti en question. Mais Louis Aragon avait mis un terme définitif à la doctrine du « réalisme socialiste » après le scandale provoqué par le portrait de Staline dans Les Lettres françaises en tranchant en faveur de Picasso contre Fougeron et ses amis (il avait déjà tenté de marquer une équidistance entre les deux peintres dans son Courbet l'année précédente, et cette fameuse doctrine n'était pour lui qu'une couverture pour poursuivre ce qui l'intéressait vraiment de faire en art).  Cette belle redécouverte, avec des oeuvres qui mériteraient d'être mieux appréciées, fait de cette publication un point de référence remarquable. Edouard Pignon, avec Ostende, doit réintégrer notre histoire de l'art français du XXe siècle




Tintamarre ! , instruments de musique dans l'art, 1860-1910, sous la direction de Frédéric Franck, Hazan / musée des impressionnistes de Giverny, 180 p., 29 euro.

Le titre ne me paraît pas très heureux et l'idée au fondement de cette exposition n'est pas très nouvelle. Mais ce n'est pas important, car elle nous convie à une pure délectation. La musique, qui a une muse, Euterpe, alors que la peinture n'en a pas, a été représentée comme allégorie et encore plus par le biais d'instruments représentant l'exécution d'un morceau. Depuis le Moyen Age, elle tient une place loin d'être négligeable dans l'enluminure et la peinture. La période choisie correspond en gros à la vocation du musée. Tout commence ici avec Manet, qui a peint Le Chanteur espagnol, suivi par des oeuvres de Courbet et de Gauguin. Le catalogue est classé par instrument : le piano a été un sujet privilégié par Henri Fantin-Latour, mais aussi par Fortuny, Renoir, Bazille et Degas (l'instrument est malicieusement caché par un voilage), Vuillard et Caillebotte. Même Cézanne a exécuté Une Jeune fille au piano aux alentours de 1868. Il faut dire que toute soirée digne de ce nom était suivie d'un petit récital au piano. Le violon n'a pas été négligé, et nous découvrons une bien curieuse composition de René Prinet, où le violoniste qui accompagne une jolie pianiste, l'embrasse fougueuse en tenant le manche de son instrument à la main ! Mais il y a aussi le très beau Portrait de violoniste de Ferdinand Knopff signé en 1885. Pour Théo van Ruysselbergh, c'est la guitare qui est élue, tout comme pour James Ensor et Emile Bernard. Ce florilège ne nous donne qu'une idée bien partielle de la question. Mais comment pouvait-il en être autrement ? Je ne regrette qu'une seule chose : que le commissaire n'ait pas pris en considération Le Fifre de Manet, qui est l'une des oeuvres les plus magistrales et qui nous délivre une autre perception de l'usage d'un instrument de musique. Cet ouvrage est une bonne introduction à la façon dont les artistes de la seconde moitié du XIXe siècle ont figuré la musique dans la vie intime de cette période. C'est déjà beaucoup.




La Consigne, le dessin des métiers d'art, Editions Atelier d'Art, 120 p., 31, 50 euro.

Chaque métier d'art se pense dans des termes différents -, c'est l'évidence même. Un sculpteur sur bois n'a pas la même démarche qu'un joaillier, et un céramiste ne pense pas comme un verrier. De ce fait, les cinquante créateurs réunis dans ce volume ont une pratique du dessin qui a ses spécificités. Le principe de l'ouvrage est très simple : cinquante artistes décoratifs ont été invités à présenter un ou plusieurs dessins préparatoires et une des oeuvres ou qui en a résulté. De plus, chacun d'entre eux a écrit un court texte expliquant sa démarche. Tout l'intérêt de cette collection repose justement sur cette clarté du propos : c'est un éclairage porté sur les méthodes graphiques employées par les uns et les autres et que nous ignorons le plus souvent. On se rend compte que le dessins n'est pas seulement technique : c'est d'ores et déjà l'amorce d'une création et il inclut donc cette sensibilité artistique dans son exécution. Il s'agit donc d'une authentique initiation précieuse à tous ces métiers dont certains sont en voie de disparition, comme celui du plumassier. Je regrette beaucoup que la reliure, elle aussi presque éteinte, ne figure pas parmi toutes ces belles professions. Elle l'aurait mérité amplement. Quoi qu'il en soit, le volume est vraiment une source de connaissance sur des arts dits mineurs et qui pourtant ont leurs lettres de noblesse depuis longtemps.




Quand tout est déjà arrivé, Julian Barnes, traduit de l'anglais par Pierre Agustin, édition bilingue, Folio, 272 p., 8,20 euro.

Julian Barnes est un écrivain britannique (né à 1946 à Leicester) qui n'a de cesse de m'étonner. Il est capable d'écrire des fictions très prenantes et d'une forte originalité comme le Perroquet de Flaubert (1984), qui l'a d'ailleurs révélé en France, et d'autres plutôt fades et cousues de fil blanc comme la Fille qui danse (2011). Dans cet ouvrage divisé en trois parties, Barnes a traité trois questions qui, cela va de soi, vont s'enchevêtrer. La première concerne l'élévation et là il nous dépeint l'aventure de l'aérostatique, en relatant les faits et gestes de ses plus grands représentants, dont Nadar, qui a fait les premières photographies depuis le ciel et qui a été l'un des pionniers de ces tentatives de voler, mais aussi de Sarah Bernhardt qui a effectué plusieurs ascensions en ballons et les aérostatiers militaires pendant le siège de Paris, ce qui permettait aux autorités de communiquer avec le reste de la France pendant le Siège en 1871. La seconde partie a été intitulée « A hauteur d'homme » et remémore la relation amoureuses entre Sarah Bernhardt et un riche dandy anglais, Fred Burnaby, qui est lui aussi passionné par les moyens de s'élever dans les airs. Il en a fait d'ailleurs l'amère expérience. Ce que l'écrivain nous raconte de son histoire avec la célèbre actrice n'est pas mémorable. La dernière partie, « La Perte de profondeur », est une suite de considérations sur la douleur et la mort, sur la perte d'êtres chers. C'est parfois assez bouleversant, mais le tout est assez désarticulé. En fait, c'est ce qui fait qu'on ne parvient pas à adhérer entièrement à ses récits : on a l'impression que Julian Barnes a accumulé une succession de notes, qu'il a essayé de relier les unes aux autres, mais sans parvenir à façonner une totalité entre la connaissance et la manière de la traduire dans les termes de la fictions. En tout cas, pour tous ceux qui ne connaissent pas l'âge d'or des grands ballons, ce livre devrait leur plaire au plus haut point.




Requiem pour la folie, Michel Thévoz, « Essais », Editions de la Différence, 142 p., 15 euro.

Pour la réédition de cet essai, Michel Thévoz, l'ancien directeur des collections de l'Art brut à Lausanne, a rédigé une préface où il a voulu placer ses réflexions dans une optique actuelle, bien différente de l'époque où il a écrit ce livre. Ce qui m'a frappé en relisant cet essai, c'est qu'il avait la manie de s'appuyer sur des penseurs modernes, comme Foucault et Baudrillard. Mais, à part ces défauts de circonstance, il n'a rien perdu de son intérêt. Il s'applique a bien rappeler que la folie a été toujours définie par un état de société et la vision que cette dernière a pu se faire des êtres qui s'écartent de la norme. Il insiste beaucoup sur le fait qu'on a désormais tendance à trop cataloguer et homologuer l'Art brut. En somme, il complète tous les travaux qu'il a pu entreprendre sur la question, en fournissant des exemples très enrichissants. Dans ce domaine très délicat, tout chercheur et tout amateur doit traverser un territoire théorique miné au plus haut degré. La vulgarisation et la valorisation (même marchande) de ce genre d'art hors des sentiers battus de l'histoire de l'art reconnu universellement comme tel. Je recommande cet ouvrage à tous ceux qui veulent aborder cette question, car, malgré le caractère un peu décousu dans la construction son travail, la compétence, la pensée de Michel Thévoz n'est pas à mettre en doute. Et surtout, il sait poser les bonnes question sur ces créations qu'on a fini par institutionnaliser (il aborde le problème de la thérapie par l'art, qui est une curieuse tentative de contrôler l'ensemble des malades mentaux par les pratiques d'un petit nombre d'entre eux). Au fond, si l'on met de côté une méthodologie et une manière de présenter les choses un peu datées, Requiem pour la folie demeure un grand texte de référence pour ne pas tomber dans les pièges tendus par cette sphère aussi bizarre que fascinante ?




Petites lumières, écrits 1982-2016, Abdellatif Laâbi, « Littérature », Editions de la Différence, 414 p., 21 euro.

Le Livre imprévu, Abdellatif Laâbi, Points, 242 p., 6,90 euro.


Il ne fait aucun doute qu'Abdelltif Laâbi est le plus grand écrivain marocain vivant (quoi qu'on puisse désormais le considérer comme un écrivain puisqu'il s'est exilé dans notre pays depuis bien longtemps). Ce recueil d'articles présente un grand intérêt. Déjà parce qu'il nous parle d'autres auteurs marocains que nous ne connaissons pas forcément, mais aussi parce qu'il parle d'auteurs arabes contemporains ou d'un passé récent de valeur, traduits ou publiés ici, comme Mohamed Dib, pour ne prendre qu'un seul exemple. Mais si la Maghreb est son terrain de prédilection, il s'intéresse à un nombre considérable de sujets, comme le cinéma d'Emir Kusturica, la philosophie de Gaston Bachelard ou Octavio Paz. Enfin, il se penche sur des problématiques telles que celle de l'exil ou de la relation entre l'écrivain et le monde, thème éternel, mais qu'il a su enrichir de sa propre démarche. C'est un esprit original, mais qui ne recherche pas la singularité. Il cherche plutôt à nous faire participer à ce qu'il est parvenu à concevoir en observant les mutations de nos sociétés. Et il se sert beaucoup de sa double culture pour faire entendre une voix qui n'est pas comparable aux autres. En outre, ce volume contient des entretiens avec des poètes qui ne sont pas connus et qu'il sait nous faire apprécier par la qualité des conversations qu'il a eues avec eux. Le Livre imprévu peut-être regardé comme une forme d'autobiographie. Mais avec cette limite qu'il s'est imposée : il ne raconte pas tout et, surtout, n'a choisi de parler que de choses qui lui sont importantes. Le lecteur ne pourra donc pas trouver le récit détaillé de son enfance, de sa formation, de ses premières amours, ni rien de ce genre. Il commence d'ailleurs en 2007 il est né en 1942) et ne traite au fond que de trois questions : celle de ses engagements (qu'ils soient politiques ou littéraires), la période de son emprisonnement (de 1972 à 1980 dans la terrible prison de Kenitra) et de ses voyages. Ces points sont une reconstruction tout à fait passionnante et de son histoire personnelle et de sa pensée.




Les Morisques, et le racisme d'Etat, Rodrigo De Zayas, « Les Essais », Editions de la Différence, 670 p., 30 euro.

Dans ma belle ignorance, je croyais que les Arabes avaient été chassés d'Espagne en même temps que les Juifs. Grave erreur ! Ils l'ont été, à condition bien sûr, d'avoir été convertis, sous le règne de Philippe III, en 1609 et cette affaire s'est conclue trois ans plus tard. Dans sa longue et savante introduction, Rodrigo De Zayas, nous expose les différents facteurs qui ont amené à cette décision radicale. Je ne vais les énumérer toutes, mais l'une des principales a été l'implantation de plus en plus profonde des lois de l'Inquisition. Le dossier qu'il a réuni ici regroupe la totalité des documents de l'époque qui appartiennent désormais à la collection Holland (Lord Holland a constitué cette bibliothèque inestimable qui se trouve dans le palais de Woburn Abbey dessinée en 1787 dans le style néoclassique par Henry Holland à la demande du duc de Bedford) et tous reliés en un seul et même volume vers la fin du XVe siècle, constituant un ensemble extraordinaire permettant de savoir presque tous les détails de cette sombre affaire. Quand on en aborde la lecture, on se rend compte que la principale préoccupation du clergé a été de savoir comment gérer cette communauté qui souvent vivait à l'écart des chrétiens espagnols. Comment les intégrer, comment les éduquer, quel serait être le rôle des différentes congrégations et quel serait leur financement ? En isolant ces Arabes dans de petits villages, on faisait déjà acte d'ostracisme. Et cela n'a pas contribué à les insérer dans le tissu social de l'Espagne après la chute de Grenade. L'auteur tient à souligner la dimension raciale de cette expulsion et la met en relation aux attitudes adoptées en France par des chrétiens rétrogrades et puis par l'Eglise dans ses relations avec le gouvernement de Vichy sous l'occupation. Sans doute cet exemple a pu se changer en un modèle raciste moderne. Mais je dois dire que l' « épuration » définitive effectuée en ce début de XVIIe siècle, n'avait pas cette orientation précise. Il s'agissait plutôt de s'assurer la pureté de la foi, que des descendants de musulmans pouvaient ne pas avoir. Quoi qu'il en soit, il accomplit une tâche admirable, qui lui vaut notre admiration. En effet, ces événements surviennent après de longues décennies de discussions sur la manière de se comporter à l'égard de ces chrétiens d'une catégories très à part. Le cardinal de Guevara écrit une très longue lettre au souverain pour lui expliquer tous les problèmes que pose cette situation, mais ne parle pas de chasser les musulmans convertis au catholicisme, il recommande simplement d'être extrêmement vigilant sur la véracité de leur croyance (problème qui s'était posé auparavant avec les Juifs). Les raisons de l'éviction des Juifs ressortent d'une affaire qui est d'abord liée à la doctrine chrétienne, le peuple juif devant assumer la mort du Christ. Ce raisonnement radical n'a pas été suivi partout, car les marranes de Sicile sont demeurées sur l'île et se sont totalement fondus dans la population autochtone au point d'ignorer leurs origines. Au fond, il faudrait choisir un autre vocable, car, par exemple, on dit souvent que Voltaire était antisémite -, non il était anti-hébraïque. L'antisémitisme est une notion que n'apparaît que plus tard. De même, l'évêque de Valladolid, en 1603, parle toujours d'instruction soigneuse, circonstanciée, de ces personnes et ne s'est intéressé qu'aux fondements de la religion au sein de cette population très minoritaire, exigeant seulement un contrôle accru. Pas de référence à la race. Alors, le roi n'avait pas encore l'intention de promulguer cette fameuse ordonnance discriminatoire promulguée trois ans plus tard et de la compléter sur des détails pratiques comme la saisie de leurs biens et de leurs propriétés, qu'ils ne pouvaient pas vendre. Je pense que le racisme est venu seulement pour rendre populaire cette mesure d'exception et l'ancrer dans l'esprit des sujets du royaume. Donc plutôt a posteriori.




Editer Prévert, René Bertelé & Jacques Prévert, « Les Cahiers de la nrf », Gallimard, 528 p., 32 euro.

René Bertelé est une figure du monde littéraire de la seconde moitié du XXe siècle que les jeunes lecteurs ne connaîtront pas forcément. Il a eu un rôle important comme critique littéraire, conseiller dans les maisons d'éditions et directeur de revues (dont Convergences). Il a été le créateur des Editions du Point du Jour en 1946 et peu après sa création, il a publié Paroles de Jacques Prévert -, un coup de maître ! Le succès est considérable. Mais cela n'a pas suffit à le maintenir à flot son entreprise aux bases très fragiles et Gallimard s'est intéressé tout de suite au phénomène Prévert. Bertelé se voit confier la direction d'une collection dans l'illustre maison et s'est occupé de préparer les publications de Prévert. On trouve dans ce volume toute la correspondance échangée entre les deux hommes et aussi avec Gaston Gallimard et Jean Paulhan (et d'autres encore, comme Jean-Louis Barrault, pour ne citer que lui). Avec Prévert, nous sommes très loin des lettres échangées entre Céline et le même éditeur : le ton est chaleureux, amical, et Bertelé se montre très scrupuleux et précis. Mais Prévert lui répond assez peu, en tout cas par courrier. C'est vraiment dommage. On comprend que Bertelé avait une profonde amitié et une grande admiration pour le poète. Le silence de Prévert est regrettable pour les amoureux de ses poèmes, mais les missives de son éditeur sont intéressantes pour comprendre ce que peut être le métier d'éditeur et aussi les liens qui ont pu s'établir entre les deux hommes dans ce contexte spécifique. Ce fort volume est agrémenté de nombreuses notes manuscrites de Bertelé et de collages inédits de Prévert. En somme, pour une fois que l'on rend hommage au travail souvent méconnu des responsables d'édition, ce plaisir-là n'est pas vraiment à bouder. De quoi pouvons-nous rêver de mieux ?




Celle que vous croyez, Camille Laurens, Folio, 224 p., 6,60 euro.

Les toutes premières sont assez belles : il y a un souffle, une écriture limpide et captivante, du style, de l'esprit. Puis tout cela s'estompe vite pour laisser place à un petit roman d'amour pour les lectrices de Elle. Quel gâchis, d'autant plus que c'est la volonté spécifique de l'auteur de ramener son travail d'écrivain à quelque chose qui puisse plaire toute à chacune. Je dis « chacune », car c'est un roman de femme écrit surtout pour des femmes. Il y est question d'une femme qui avance dans la quarantaine, qui est séparée après des années accablantes de mariage, qui a un amant qui ne compte guère à ses yeux. Elle est en mal d'amour, d'aventure, un peu de tout : elle est insatisfaite de sa vie. Elle va s'encanailler sur les réseaux sociaux, ne met pas son véritable portrait et triche sur son âge. Elle finit par rencontrer, au cours de ce jeu aléatoire, un homme dont le pseudonyme est KissChris. Elle ne tarde pas à en tomber amoureuse. Ce n'est pas une affaire très simple car elle a commencé par mentir. De la façon dont l'auteur présente les choses, nous avons maille à partir avec une sorte de monologue intérieur où tout y passe, son mariage et ses conséquences, son travail, ses états d'âme. En somme, tout est déclaré d'une vie qui n'est pas enviable. Camille Laurens a du talent, c'est hors de doute. Mais elle le gaspille dans l'espoir d'un succès trompeur. Elle a un nom dans le monde de la littérature actuelle. Il est plus que temps qu'elle se reprenne. Sinon elle va finir par écrire des romans de gare.




Léon et Louise, Alex Capus, traduit de l'allemand par Emmanuel Guntzburger, Babel, 320 p.

Voyageur sous les étoiles, Alex Capus, traduit de l'allemand par Emmanuel Guntzburger, Actes Sud, 240 p., 21,80 euro.


Etrange romancier qu'Alex Capus ! L éon et Louise est le prototype du roman archaïque, lent et réaliste, d'un ennui assez profond et qui repose sur une intrigue qui aurait pu être belle : L'enterrement de Léon Le Gall est célébré avec une certaine pompe. Etant grand-père une famille nombreuse assiste à ses funérailles. Apparaît alors une dame âgée, inconnue, de tous, qui est venue embrasser le cercueil. Tous s'interrogent sur l'identité de cette femme. Alors commence le récit de la vie de Léon et de ses amours avec une certaine Louise Janvier. Et nous voici partis pour parcourir quatre décennies, avec deux guerres pour pimenter le tout, qui nous relatent toute l'existence de cet homme qui a perdu son grand amour, et qui a fini par se marier et avoir des enfants. En somme, une histoire assez banale mais surtout interminable et narrée sans beaucoup de bonheur. En revanche, Voyageur sous les étoiles est un livre magnifique. C'est une biographie de Robert Louis Stevenson (1850-1894), qui a vécu presque tout au long de son existence comme un mort en sursis. Son enfance a été ponctuée par une succession de maladies pulmonaires et ses études, par la suite, ont souvent été interrompues par des attaques. Un séjour à Menton en 1863, ses parents étant eux aussi assez souffrants, lui redonne force et énergie. Mais il est loin d'être guéri. Malgré toutes ces difficultés, il entre à l'université d'Edimbourg, sa ville natale. On voulait en faire un ingénieur, pour poursuivre une longue lignée de grands spécialistes de la question des phares. Mais il ne veut pas devenir ingénieur et commence à écrire des récits, qui sont publiés dans des revues. Il voyage en France en 1876, et il rencontre Fanny Osbourne, qui est mariée. Il la rejoint à San Francisco en 1878 où elle est allée conclure son divorce. En 1878, il fait un nouveau voyage en France, cette fois dans les Cévennes. Ce périple accompli, il se marie enfin à Monterey en 1879 contre l'avis de sa famille calviniste. Son bonheur est de courte durée. Il est de nouveau atteint de pneumonie un an plus tard et on le croit perdu. Mais le miracle se produisit et il put reprendre ses voyages en Grande-Bretagne et en France entre 1883 et 1884. C'est en 1883 qu'a paru l'Ile au trésor, qui lui a valu un énorme succès. Alex Capus relate une partie des faits que nous venons d'évoquer rapidement, mais concentre son attention sur deux d'entre eux : la recherche frénétique de cette île, qu'on croit être Cocos, où Stevenson n'était jamais allé, par des aventuriers et expéditions bien équipées et financées. C'est absolument fascinant de constater qu'un livre tout à fait imaginaire ait pu susciter cette folié comparable à la fièvre de l'or en Amérique ! Son oeuvre est désormais très populaire. Il décide de s'installe à Vilma, sur l'île de Samoa. Le climat n'est pas vraiment bénéfique à sa santé. Mais il décide d'y rester. Il voyage dans le Pacifique et n'est retourné aux Etats-Unis qu'à l'occasion de la mort de son père. En 1894, il est frappé par une crise d'apoplexie dont il ne s'est pas relevé. Capus reconstruit à sa façon, mais sans trahir la réalité, cette existence errante que Stevenson s'était choisie malgré ses graves problèmes pulmonaires et les histoires qui se succèdent pour retrouver le fameux trésor de l'Hispaniola et des pirates qui s'en seraient emparée. C'est merveilleusement agencé, écrit de main de maître, et en plus, passionnant comme un roman d'aventure.




La Passion de la liberté, Madame de Staël, édition de Laurent Theis, préface de Michel Winock, « Bouquins », 1030 p., 32 euro.

Delphine, Madame de Staël, édition d'Aurélie Foglia, Folio, 1088 p., 9,80 euro.


Si elle n'a pas disparu de notre histoire littéraire, Madame de Staël (1766-1817) n'est plus tellement lue. On a même oublié son oeuvre philosophique, son oeuvre littéraire n'est pas beaucoup plus appréciée et ses considérations politiques et historiques, à part De l'Allemagne, ne sont guère étudiées (une étude interdite par Napoléon Ier qui a paru en 1814 à la faveur de la Restauration) sinon par les spécialistes. Il a fallu la commémoration de sa mort pour qu'on exhume un certain nombre de ses ouvrages. Pourtant, sa production a été énorme et a eu un écho considérable, non seulement en France, mais aussi dans toute l'Europe. La collection « Bouquins » a eu l'excellente idée de rassembler des livres qui ne sont plus disponibles depuis longtemps. La plupart concernent la Révolution française et la Révolution anglaise. Déjà auteur en 1793 des Réflexions sur le procès de Marie-Antoinette, pamphlet peu fait pour lui attirer la sympathie des Jacobins, bien qu'elle ait adhéré aux idées révolutionnaires, ses Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, paru un an après sa disparition, est loin d'être un essai de second rang digne de passer aux oubliettes. La fille du banquier et ministre Necker a pris du recul pour jauger cette incroyable aventure qui a transformé en un tour de main notre pays en République. Bien sûr ses opinions ont bien changé depuis cette époque. Mais elle peut être en mesure de considérer le bon et le mauvais dans les décisions politiques qui ont été prises entre 1789 et l'Empire. Son analyse de la constitution de 1791 est remarquable. Elle démontre une faculté d'analyse peu commune et aussi une clairvoyance. Elle s'emploie aussi à exposer les différents temps de l'émigration, ses raisons, ses erreurs et ses conséquences. Elle sait aussi très bien mettre en perspective différents éléments contribuant à engendrer telle attitude ou telle décision. Elle n'a certes pas le lyrisme qu'aura Jules Michelet, un grand visionnaire, mais pas toujours précis dans les faits, mais elle sait rendre compte de ce qu'a été la guerre contre les puissances européennes coalisées, ou des effets de la Terreur. Dans une certaine mesure, c'est aussi une étude des actions menées par son père pendant cette période et qu'on a eu tendance à gommer. Cet ouvrage seul ne permet pas d'avoir un jugement global sur ces années révolutionnaires et leur suite, mais est une contribution essentielle qu'il convient de remettre à sa place. Il faut de plus consulter en regard Des Circonstances actuelles qui peuvent terminer la révolution française et des principes qui doivent fonder la république en France, rédigé assez vite en 1798, après le coup d'Etat du 18 Fructidor et celui du 22 Floréal 1798, qu'elle a également réprouvé bien qu'ils eussent des orientations opposées. Son idée de base ? Savoir terminer une révolution. Utiliser ses aspects positifs pour construire un socle constitutionnel solide et républicain. Elle est alors républicaine dans l'âme, montrant que royalistes et jacobins ont ruiné cet idéal. Quant à De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations, publié en 1796, c'est un essai qui prolonge et dépasse ses Lettres sur les ouvrages et le caractère de J.-J. Rousseau (1788). Mais si ses présupposés sont philosophiques, avec de longs développements sur la morale, son objectif est politique, bien qu'elle examine avec soin toutes sortes de nécessités pour le peuple et aussi les restrictions imposées aux femmes. C'est d'ailleurs le sujet de son première oeuvre romanesque (après des nouvelles et une pièce de théâtre écrites dans sa jeunesse). Bien sûr, le décor de ce drame est Paris au début de la Révolution. Delphine d'Albémar est une jeune veuve qui tombe éperdument amoureuse de l'homme qui devait épouse Mathilde de Vernon, Léonce de Mondoville, un homme d'honneur. Leur liaison est impossible. Un amour comparable a été vécu par Madame de Staël, qui a eu beaucoup d'amants (bien qu'elle fût loin d'être gironde). L'histoire n'est pas des plus palpitantes, l'intrigue se développe trop lentement et aussi trop au gré d'un style épistolaire, mais ce qu'elle nous dit à propos de la condition des femmes est d'une grande pénétration, d'autant plus que le contexte dépeint aurait pu être l'occasion de l'émancipation du sexe faible. C'est un vibrant et intelligent plaidoyer. Son application a décortiqué tous les aspects du problèmes en femme de tête n'a pas fait d'elle une sublime femme de lettres, alors qu'elle en possède toutes les qualités.




Résistance au gouvernement civil, Henry David Thoreau, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Rochefort-Guiullouet, « Carnets », L'Herne, 60 p., 7,50 euro.

La Vie sans principes, Henry David Thoreau, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Rochefort-Guillouet, « Carnets », L'Herne, 72 p., 7,50 euro.


L'oeuvre de Henry David Thoreau (1817-1862) peut être relue aujourd'hui d'une toute autre façon qu'elle l'a été dans les années 1969 et surtout avec les événements de 1968. Il était alors le chantre de la liberté individuelle, d'une sorte d'anarchisme mêlé de repli sur soi en accord avec la Nature. Walden, ou la vie dans les bois, publié en 1854, est dans aucun doute l'oeuvre qui manifeste me mieux sa philosophie. Il s'agit d'un étang et de ses alentours, qu'il découvre très têt et où l'écrivain et penseur Emerson achète une maison en 1844, qu'il met à sa disposition. Il avait déjà écrit des poèmes sur cet endroit idyllique où il a choisi de vivre à l'écart des hommes, des institutions et de l'histoire. En effet, Thoreau, dans sa Résistance au gouvernement civil, qui a fait suite à une peine de prison due à son refus de s'acquitter d'un impôt dans l'objet était de financer la guerre contre le Mexique. Il s'insurge contre ce conflit qui permet aux Etats-Unis d'engranger le Texas, la Californie et le Nouveau Mexique. Il devine chez ses compatriote une tendance à l'expansion territoriale et à ce qui allait devenir son impérialisme. Il condamne aussi le gouvernement fédéral pour être nécessairement l'ennemi de toute posture individuelle. Enfin, il y dénonce avec force l'esclavage des Noirs dans les Etats de l'Union. Il n'a pas connu la guerre de Sécession, mais il en a contribué à convaincre l'opinion publique de condamner à jamais cette pratique. La Désobéissance civile aura plus tard une influence sur Léon Tolstoï. Life without Principles a paru un an après sa mort. C'est un peu son testament. Avec le recul, on se rend compte que son oeuvre permet une double lecture : celle des esprits progressiste, qui revendique la reconnaissance absolue de la liberté de conscience, mais aussi celle des esprits obtus dans les zones les plus arriérées de ce vaste pays où l'on conteste le pouvoir fédérale au nom de l'esprit pionnier. Sans doute a-t-il préfiguré les deux sans le savoir. Mais son plaidoyer contre l'esclavagisme et le sort fait aux Noirs fait de lui tout de même un noble précurseur d'une pensée américaine qui dépasse l'obscurantisme religieux (il n'était pas religieux pour un sou, même s'il avait un rien de panthéiste) et la loi du Far West qui prévaut sur toute autre loi. Seul son individualisme à tout crin peut créer des amalgames fâcheux.




Hippocrate, Jacques Jouanna, Les Belles Lettres, 736 p., 19 euro.

Si toutes les biographies des grands hommes de l'Antiquité pouvaient être de cette qualité là ! On sait assez peu de choses de l'existence d'Hippocrate ? (460-370 avant notre ère), et beaucoup de légendes (parfois malveillantes) ont longtemps circulé sur son compte. Les certitudes ? Qu'il a quitté Cos après la disparition de ses parents (qui faisaient partie de la famille illustre des Alsclépiade) et qu'il aurait exercé en Thessalie, sans doute en Thrace, puis à Athènes, à Délos et à Synis. Il serait décédé à Larissa. En somme on ne sait quasiment rien de cet homme, qui a pourtant passé à la postérité avec une haute réputation dans la sphère médicale. Une des rares choses qui soit sûr, c'est que le serment d'Hippocrate a bel et bien existé, mais était d'une autre nature que celui que prêtre les jeunes diplômés d'aujourd'hui : il s'agissait de la transmission du savoir à ses fils et à ses disciples. Comme, en plus de ces biographies apocryphes, existent bien d'autres Hippocrate, l'auteur a pris soin de distinguer ce qui est vraisemblable et de ce qui ne l'est pas ou qui n'est pas vérifiable. On lui âpreté une grande habilité dans cet art et même un don de guérisseur. IL aurait arrêté la peste à Athènes entre 430 et 429 et aurait fait disparaître une autre pestilence à Delphes. On lui a voué un véritable culte après sa mort, ce qui n'a fait qu'augmenter la prétendue valeur de ses soins et la vertu incomparable de ses dons de guérisseur. Toutes ces fantaisies ont néanmoins permis à l'auteur de constituer un cadre général de la médecine de la Grèce antique. Il s'est attaqué à un autre problème, qui n'est pas mince, loin s'en faut, qui est celui de son oeuvre. On lui attribue environ trente livres important qui ne pouvait faire de lui que le « père fondateur de la médecine », ce qui est de toute façon faux, car il y a eu de célèbres médecins avant lui. Le Corpus hippocraticum est considérable et, c'est vrai, très important pour l'histoire de la médecine. Mais tous ces écrits sont-ils de lui ? Air, eau, feu, Affections, Discours de l'ambassade, sont-ils de lui, des faux posthumes ou des faux, ou des traités rédigés d'autres. L'ambition de Jacques Jouanna n'a pas été de trouver la vérité r(qui reste presque introuvable), mais plutôt de comprendre comment la médecine a fini par être considérée comme un art à part entière et un art de valeur, qui a eu ses écoles (il ya eu une école hippocratique). Ce livre est magnifiquement composé car il n'est jamais ennuyeux alors que la démarche est très pointilleuse. La figure d'Hippocrate ne ressort pas diminuée de cette enquête très scrupuleuse qui lui retire pas mal des qualités qu'on a pu abondamment lui attribuées par la suite ! C'est un merveilleux livre d'histoire qui est aussi une initiation à la pratique antique de la médecine.




Petite histoire de l'art, chefs-d'oeuvre, mouvements, techniques, Susie Hodge, Flammarion, 224 p., 19,90 euro.

C'est une bonne initiation au monde de l'art réservée aux néophytes, des lycéens aux personnes qui veulent connaître les principales clefs pour connaître le monde l'art. Initiés, artistes confirmés, dilettanti passionnés, collectionneurs et marchands de tableaux s'abstenir. Ils peuvent néanmoins le conseiller à tous ceux qui ne possèdent quasiment aucun des leviers essentiels pour accéder à ce domaine. De plus, on a trop souvent, tendance aujourd'hui, encouragé par une démagogie crapuleuse, à croire que l'art est une science innée. Non, il faut un apprentissage et il faut apprendre les rudiments qui correspondent à chaque discipline, à son histoire et à ses développements au cours de l'histoire. Donc un tel guide est d'une utilité patente pour celles et ceux qui aimeraient en savoir un peu plus long, mais qui n'ont jamais pu acquérir les rudiments fondamentaux pour aborder la peinture, la sculpture, les nombreux arts appliqués et ignorent les principaux ressorts de ces différents aspects de la création, ancienne ou moderne. En plus des connaissances techniques de base, l'ouvrage de Susie Hodge est aussi une première approche fructueuse sur les grands mouvements qui se sont affirmés dans l'histoire de l'art.
Gérard-Georges Lemaire
08-06-2017
 
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