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[verso-hebdo]
17-03-2016
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Le système Alberola
Jean-Michel Alberola connaît ces jours-ci la consécration avec une grande exposition rétrospective (jusqu'au 16 mai) dans le temple parisien le plus pointu de l'art contemporain, le Palais de Tokyo. Le titre est mystérieux, sinon 'ésotérique : L'aventure des détails, peut-être parce que, comme dit l'artiste, dans cette exposition « tout est dispersé. Il n'y a rien de principal, tout est adjacent ». Alberola, né en 1953, professeur aux Beaux-Arts de Paris, a donc réussi une magnifique carrière d'artiste contemporain. La galerie Daniel Templon l'expose régulièrement et la revue la plus branchée en matière de contemporanéité, Art Press, lui consacre sept pages dans son numéro de mars. Or, surprise, dans cette exposition et en ce lieu si particulier, il y a des tableaux. Des vraies peintures à l'huile sur toile, très élégantes, du genre moderne pour tout dire. Prenez Roi de rien III, avec son personnage central assis sur une haute chaise, les pieds bien dessinés à la manière de Picasso et la tête presque complètement effacée. Autour de lui, des emboîtements savants de formes et de couleurs parmi lesquelles se détachent essentiellement des motifs en damier. Ces derniers viennent peut-être de la Nature morte à la chope de Fernand Léger (Tate collection), ou bien de la Corbeille de bananes de Pierre Bonnard (Metropolitan Museum, New York), on ne sait. Mais c'est très réussi et l'on se demande comment diable de la bonne peinture moderne a pu franchir le seuil du Palais de Tokyo.

C'est que, voyez-vous, le très intelligent Alberola parle d'une « aventure des détails » : il y a bien autre chose que des peintures dans son exposition, chaque détail peut-être une citation, un concept, une histoire qui, entrant en contact avec d'autres détails empruntés à des philosophes (Guy Debord, Walter Benjamin, Karl Marx...), des peintres (Raymond Hains) ou des cinéastes (Godard, Howard Hawks) créeront une situation nouvelle, incompréhensible en général. L'artiste précise que, selon lui, l'oeuvre d'art consiste en la création de « territoires obscurs et de zones indéfinies ». En matière d'obscurité, le visiteur est en effet bien servi. Il pourra méditer longtemps devant les néons rouges dans une boîte de plexiglas dessinant le mot « rien ». Il pourra s'interroger douloureusement devant une surface floconneuse portant l'inscription « partie inconnue » suivie d'un trait lui désignant un point de cet espace étrange (Une surface/Partie inconnue, 2015, huile sur toile 93 x 74 cm). Il y a ainsi largement de quoi réjouir les intellectuels, les curateurs et autres commissaires spécialisés dans « l'art contemporain » qui parlent volontiers de leurs « recherches curatoriales » (de haut niveau, naturellement).

Jean-Michel Alberola a parfaitement réussi une entreprise commencée il y a plus de trente ans avec lucidité et méthode. Je me souviens d'un déjeuner en tête à tête avec lui, en février 1985, au cours duquel il m'a dit, avec un sourire ironique : « il faut que je devienne le Jacques Mesrine de l'art ». Quoi ? L'ennemi public numéro 1, celui qu'interpol avait désigné comme cible à abattre sans sommation ? Il fallait en tout cas qu'il multipliât les facéties et les provocations avec assez de constance pour que les officiels de l'art contemporain s'intéressent à lui. C'est ainsi, par exemple, que le marchand spécialiste de l'art pauvre, Pietro Sparta, le laissa « exposer » des toiles posées à terre et retournées contre le mur. Les amateurs ne pouvaient en voir une qu'après l'avoir payée ! Au bout d'un certain temps, intronisé « artiste contemporain », il avait acquis la possibilité de tout montrer de sa production dans les lieux les plus branchés, y compris - enfin - sa peinture. Ce furent, par exemple, les variations sur le Gilles de Watteau au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris avant, aujourd'hui, parmi de nouvelles facéties, son travail de peintre dans lequel il se pose « des questions très basiques et naturelles de couleurs, composition, traitements de la surface... ». Maintenant, vous avez compris comment ce très classique travail de peintre peut-être adoubé par le révolutionnaire Palais de Tokyo. Bravo Jean-Michel ! J'espère que vous n'oubliez pas d'enseigner votre système à vos étudiants...

www.palaisdetokyo.com
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
17-03-2016
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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