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[verso-hebdo]
02-06-2016
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Turner et la couleur à Aix-en-Provence
Fraîchement restauré, l'Hôtel de Caumont, bel exemple du baroque aixois, est devenu le centre d'art d'Aix-en-Provence. Sa première grande exposition, inaugurée le 4 mai, sera à l'évidence l'un des points d'attraction importants de l'été (elle fermera le 18 septembre) : intitulée Turner et la couleur, annonçant cent vingt oeuvres, elle correspond très bien à ce qu'attendent les touristes. La queue des visiteurs était déjà longue le dimanche de la Pentecôte, rue Joseph Cabassol (un ancien maire de la ville, ne pas confondre avec l'associé banquier de Cézanne père). Le matin même, à la grand-messe, le curé de la très belle église Saint-Jean-de-Malte (qui était comble) avait comparé les touches colorées du maître anglais sur sa toile aux actions du Saint Esprit sur les âmes. C'est dire l'enthousiasme avec lequel les aixois accompagnent l'événement. Il est vrai que Turner n'a fait que rapidement passer ici, croquant tout juste le clocher de Saint-Jean-de-Malte et le cours Mirabeau à la hauteur de la statue du roi René, sans en tirer le moindre tableau en couleur. Mais ça ne fait rien. Guidée par le commissaire britannique, Ian Warrell, auteur d'un ouvrage sur les relations entre William Turner et Claude Gellée dit Le Lorrain, la ville fait sien le grand peintre que l'on dit précurseur de l'impressionnisme.

Les choses paraissent bien claires : d'abord William Turner (1775-1851) eut pour principal inspirateur Le Lorrain, celui qui inventa la peinture à contre-jour. A tel point que, parvenu à la notoriété en 1829, sûr de sa gloire, il rédigea cette année-là un testament dans lequel il précisait que deux de ses tableaux devraient, après sa mort, être accrochés à la National Gallery à côté des paysages de Claude Gellée. Ensuite, deuxième certitude, Turner eut pour principal héritier artistique Claude Monet : c'est un fait que le célèbre tableau dit depuis 1965 Impression, soleil levant (pendant longtemps il était appelé « couchant » !) peint par Claude Monet au Havre en 1872 vient bien principalement de sa méditation sur les tableaux de Turner. C'était si évident, dès le départ, que le critique Ernest Chesneau avait absolument voulu que le tableau fût une vue de la Tamise... Entre Le Lorrain et Monet, nous sommes invités à considérer les tableaux de Turner à partir de sa passion des couleurs, particulièrement le jaune de chrome, présent en Angleterre à partir de 1814, dont il fera un usage que certains, de son temps, trouvèrent plutôt immodéré. Mais ce jaune est resté la marque de Turner, et l'on nous dit qu'aujourd'hui, un Olafur Eliasson le lui emprunte pour certaines de ses installations. En tout cas, c'est une bonne clef pour considérer en particulier un tableau essentiel présent à l'exposition : la Plage de Calais à marée basse de 1830, venue du Bury Art Museum.

Mais cela se gâte un peu quand on laisse des visiteurs de bonne volonté croire qu'ils doivent se pâmer devant une étendue grise intitulée Venise avec la Salute (vers 1844, venue de la Tate) : « Impression, brume épaisse » serait un titre plus exact, et il faut beaucoup d'attention pour deviner la forme très vague de la Salute. Non, Turner n'a pas inventé l'abstraction minimaliste, et il faudrait que chacun lise bien la page 134 du catalogue où il est précisé que cette image n'en est « qu'au stade d'une idée préliminaire en préparation d'une oeuvre » et que Turner a laissé beaucoup de toile inachevées en série de ce genre qu'il n'était évidemment pas question d'exposer en l'état. Alors pourquoi accrocher cette « idée préliminaire » à l'hôtel de Caumont ? Les organisateurs auraient-ils manqué de munitions ? Evidemment, le thème exclusif est la couleur, d'où d'ailleurs dans les commentaires proposés, de savantes analyses des théories de la couleur de l'époque, en particulier celles de Goethe, dont il est finalement précisé que Turner n'était pas d'accord avec elles ! Au fond, le plus grand Turner, celui que l'on appelle volontiers romantique, était l'artiste désolé de voir des locomotives envahir les campagnes et les bateaux à vapeur polluer la mer. Il les fit surgir dramatiquement comme des intrus dans des chefs d'oeuvre comme Le Téméraire remorqué à son dernier mouillage (1839, National Gallery) qui ne pouvaient évidemment pas être invités à Aix puisque ce n'était pas le sujet. Dommage pour Turner, et surtout pour nous.

www.caumont-centredart.com
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
02-06-2016
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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