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actualités des expositions
Rayures dans la mer, tâches dans la savane : atelier créatif de Laura Mertz
Samedi 29 février du 15h au 17h
Atelier créatif + goûter à Coutume (12€)
ANOMAL
Quentin Garel
et RENCONTRES DE BAMAKO
exposition photo
MuséOthérapie, l’Art de se sentir bien !
Conférence Samedi 8 février à 15h :
« Art détox »
Estelle d’Almeida, chef de pr...
Ariane Loze - Une et la même
Fabien Tabur présente Buisson Ardent
ERWIN WURM Photographs
GROUP SHOW :
Féminin
antoine poupel
GROUP SHOW : 1970-1990, Regards sur la création havraise
Jusqu’au 22 février 2020
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GROUP SHOW : L’œil et la nuit
elissa marchal
SOLO SHOW : Horizons
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[verso-hebdo]
18-04-2024
La chronique de Pierre Corcos À propos d'une collection d'art brut La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La lettre hebdomadaire de Jean-Luc Chalumeau |
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L'inoubliable joie de vivre de maurice matieu |
Je sais bien que cette lettre ne suffira pas à déplacer beaucoup de monde vers la petite ville normande de Tessy-sur-Vire dont le Centre de Création Contemporaine dit « Usine Utopik » (une grande et lumineuse ancienne serre agricole), présente l'exposition posthume de Maurice Matieu (jusqu'au 8 octobre). Depuis plusieurs années, le peintre, comme l'a dit Alain Badiou, « avait réussi à se débarrasser de tout prénom ». Et de majuscule aussi : matieu est mort le 17 juin dernier dans ce coin de la Manche où il s'était installé il y a vingt ans. Or cet artiste atypique resté injustement dans l'ombre, était un peintre de première importance. Il est difficile de le présenter, encore plus difficile d'évoquer cette exposition titrée La Ronde, et sous-titrée « l'inoubliable joie de vivre », mais il me semble qu'il est nécessaire de faire savoir qui fut matieu ainsi décrit par Badiou : « Il était aussi bien un causeur élégant qu'une sorte de clochard miraculeux. Je me souviens de lui, dans son atelier parisien des années anciennes, vivant d'une amitié sans défaut avec un corbeau qu'il avait recueilli... » Moi aussi, je me souviens de lui en ces temps lointains ; je m'étais fâché contre Jean Clair qui l'avait carrément ignoré en 1972 dans son livre Art en France et je soulignerai plus tard que matieu aurait évidemment eu sa place dans la section « l'art comme instrument critique » de cet ouvrage.
C'est matieu qui avait peint L'enterrement de Pierre Overney, accroché au Salon de la Jeune Peinture en 1972 avant d'être acquis par la CFDT. Matieu était lui-même issu du prolétariat ; doué pour les études, il avait accompli un parcours scientifique particulièrement brillant à coup de bourses et de prix. Très jeune, devenu indépendant financièrement, il tenta de réaliser des courts métrages, mais le milieu du cinéma le dégoûta vite. Il prit un poste de professeur agrégé de mathématiques à Savigny-sur-Orge et travailla dans les équipes qui mirent au point l'arme atomique française. Il devint ensuite chercheur au Collège de France et élabora une thèse de doctorat d'Etat en même temps qu'il dévorait de la littérature, notamment les livres de Jean Genet. Ce fils de communiste ne supporta pas l'invasion de Budapest par les troupes du Pacte de Varsovie. Nous étions en 1956 : matieu, exclu du PC, continua sans attache partisane le combat politique dans l'Université, mais constata que son action ne « mordait » sur rien. A partir de 1959, il entama une « carrière » de peintre tout en assumant ses fonctions de maître de conférence au Collège de France. Il exposa galerie Maeght en 1965 avec de jeunes artistes. Mais il se rendit compte qu'il était entré dans un temple des certitudes et de la sécurité : ce n'était pas ce qu'il cherchait. Il quitta à la fois le Collège de France et Maeght. Lui, le militant très politique, décida de ne plus penser « qu'en peinture » comme l'avait demandé Cézanne et sans renier l'héritage de Duchamp. Dans L'enterrement d'Overney, l'hexagone, l'affiche de Cuba et l'homme victime de la répression patronale étaient jetés sur la toile comme l'aurait fait un peintre informel. Ensuite, avec la couleur, il construirait scientifiquement ses tableaux et pourrait dire : « Je trace un triangle dont les sommets sont la peinture, la mathématique et la politique. Suivant les périodes de ma vie un sommet du triangle est éclairé. Le sommet éclairé devient essentiel et oriente mon travail. »
L'exposition de 2017, dont il avait eu le temps de préparer l'accrochage, se présente comme la traduction elliptique de sa vie de peintre, La Ronde représente un cirque ; matieu y fait la différence entre les gens « debout », les artistes acrobates qui prennent des risques, y compris celui de la mort, et les gens « assis » (les spectateurs), ceux qui ont renoncé. Lui-même s'inscrit avec humilité entre les deux. L'ensemble est parsemé de ces ellipses « dont il a le secret mais qui rend son travail si hermétique ! » remarque Odile Crespy dans le catalogue (bien fait et gratuit, comme l'entrée de l'exposition). Malgré cela vous n'irez sans doute pas à Tessy-sur-Vire. Joignez-vous donc à ceux qui suggèrent à nos institutions officielles qui ont tant méprisé matieu (il n'avait par exemple pas été invité à l'exposition Face à l'Histoire du Centre Pompidou) de lui organiser une vraie rétrospective. Ce sera justice, et ce sera une excellente surprise. Vous verrez.
www.mauricematieu.com
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