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actualités des expositions
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Samedi 29 février du 15h au 17h
Atelier créatif + goûter à Coutume (12€)
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MuséOthérapie, l’Art de se sentir bien !
Conférence Samedi 8 février à 15h :
« Art détox »
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Ariane Loze - Une et la même
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Jusqu’au 22 février 2020
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GROUP SHOW : L’œil et la nuit
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[verso-hebdo]
18-04-2024
La chronique de Pierre Corcos À propos d'une collection d'art brut La chronique de Gérard-Georges Lemaire Chronique d'un bibliomane mélancolique
La chronique de Pierre Corcos |
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Vivre est ridicule : on en meurt. |
Ce type de lugubres joyeusetés, et bien d'autres facéties, procédant de la « pensée » Daily Bul, le visiteur qui arpente l'exposition Le Continent belge ! & l'Art Bul (1964-1985) au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris (jusqu'au 29 avril), en découvrira un certain nombre, en même temps que les oeuvres de plus de 70 artistes belges et internationaux.
Peut-être s'interrogera-t-il à cette occasion - mais en vain - sur l'origine de l'humour belge : une petite nation qui ne se prend pas au sérieux ? Une défense créative contre les mornes grisailles du « plat pays » ? Une expressive adaptation à la « belgitude », identité en creux par rapport à cette unité culturelle problématique ? Ou d'autres origines encore ?... Le fait est que l'inclination de l'humour belge au surréalisme reste patente. Et Daily Bul, qui fut un état d'esprit, une revue et une maison d'édition fondée en 1957 par Pol Bury et André Balthazar à La Louvière, resta empreinte de cette attitude leste, mobile, délirante, surréalisme allégé de tout papisme comminatoire. « Disons que notre façon de voir était aussi une façon de brouiller des piste trop autoritairement tracées, à un moment où les écoles, les catégories, notamment dans le domaine pictural, étaient très établies. (...) Notre liberté de ton, notre fausse désinvolture, notre impertinence n'étaient pas tout à fait innocentes », écrivit André Balthazar. Mais comment se manifestèrent cette liberté de ton, cette impertinence ?
De 1964 à 1985, six enquêtes furent lancées par le Daily Bul, dans un savoureux mélange de sérieux (par les thèmes : l'Identité belge, la Ville, l'Art, etc.) et de fantaisie débridée (par les réponses : gravures, photographies, textes et dessins cocasses et surprenants), dégageant un espace de créativité et d'impertinence imprégnées de surréalisme. Prenons par exemple la question sérieuse : comment imaginer, concevoir un nouveau clocher pour l'église de La Louvière ? La Louvière était donc le lieu où s'éditait Daily Bul, mais pas seulement. Cette petite ville minière, rattachée à Bruxelles par une ligne de chemin de fer, est un centre important du surréalisme en Belgique. Et même c'est là, en 1935, que la première exposition internationale du surréalisme, hors d'une capitale, fut présentée ! Dès lors l'enquête intitulée L'esprit de clocher, réalisée 50 ans plus tard, donna lieu à une surenchère drolatique et inventive dans les réponses. Propositions d'artistes renommés (Alechinsky, Ben, Pol Bury, Jean-Michel Folon, Antonio Segui, Daniel Spoerri, Roland Topor, etc.) ou locaux et moins connus, mais parfois plus délirants encore que les premiers... Et ce qui va réjouir le visiteur, c'est le foisonnement de ces propositions, bizarres, plaisantes, bouffonnes concernant de nouveaux clochers pour l'église de La Louvière. Voici un exemple parmi tant d'autres : cette réponse apportée par Olivier O. Olivier, sous la forme d'une cheminée orange (peinte sur fond de ciel bleu) posée sur l'église, avec ce court texte écrit à la plume : Cette cheminée à encens répandrait sur la ville une odeur de foi (grillée).
La première enquête, datant de 1964 (au numéro 10 de la Revue Daily Bul), intitulée Analyse stéthoscopique du Continent belge passe en revue les infrangibles clichés sur la Belgique : le Manneken-Piss, les frites, les Gilles, etc. Les réponses apportées désintègrent ces stéréotypes, en tirant un feu de Bengale joyeux, fusées créatives des uns et des autres. Par exemple, ces croquis variés, extravagants, que signe Pol Bury sur une page intitulée... « Anatomie de la Frite ». En somme, la frite belge éclatée en humour belge !
Les grandes traditions humoristiques (l'humour juif, belge, anglais, zen, tchèque...) se confrontent toujours à la mort. L'humour en effet est une façon héroïque de ne pas baisser pavillon, en prenant un chemin de traverse inattendu. Dans l'enquête Autotombes. Ici reposent datant de 1981 et s'adressant à 103 artistes et écrivains, il est en fait demandé à tous ces artistes le type d'habitat qu'ils souhaitent réserver à leur corps après leur mort. Réponse par un texte ou un dessin, en un format fixé. « Nous ne doutons pas que l'utilité d'une telle enquête vous apparaisse - les morts sont parfois trop subites - et nous espérons que vous y répondrez », concluent malicieusement Pol Bury et André Balthazar...
Dans l'exposition (1982) D'un art bul à l'autre, Pol Bury demandait aux artistes d'illustrer, en format A4 exclusivement mais dans une totale liberté de traitement, un des 22 sujets qu'il avait concoctés. La muse de l'humour belge lui inspira par exemple ceux-ci : « Réaliste socialiste traçant une droite », « Hyperréaliste restaurant un mirage », « L'Art conceptuel visitant l'Immaculée conception », « Rencontre de Monsieur Parkinson et d'un artiste cinétiste », « Art pauvre demandant l'aumône », « Esthétocrate pleuré par une paire de lunettes », etc. Cette drolatique impertinence, la trouve-t-on souvent dans les milieux de l'art contemporain ? L'esprit de Daily Bul mousse gaîment, et l'humour belge pétille.
Le commissaire de l'exposition, Yves de Bruyn, le scénographe, Pascal Van Roy, ont conçu un parcours riche de nombreux dessins, textes, films, parcours dans lequel l'humour d'inspiration surréaliste et l'esprit ludique belge ravissent autant que la variété et l'abondance des réponses farfelues proposées aux enquêtes de Daily Bul. Il y eut quatorze numéros de cette revue fertile, et pas moins de trois cents livres publiés par ses soins. Comme l'écrivait Schiller, la fantaisie est un éternel printemps...
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