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La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire

III

HISTOIRES ET AUTRES SPHERES


Sarajevo, Milomir Kovacevic`, « Photo poche histoire », Actes Sud, s. p., 13 €.

Nous conservons tous à l’esprit les images terribles du siège de cette ville par les Serbes et ce qu’elle ont pu signifier de tragédies et de morts. Le photographe bosniaque Milomir Kovavic’a rapporté de ces longs, de ces très longs mois de guerre atroce des clichés extraordinaires, qui montrent, bien sûr, toute l’horreur de cette guerre à laquelle l’Europe a longuement laissé faire avec un souverain cynisme. Mais il y a des documents très émouvants, qui sont parfois encore plus parlants que les ruines et les visions surréelles d’un conflit bien réel. Le livre est conçu comme un journal, où l’auteur parle de son quartier, dessine et nous présente ses souvenirs d’enfance, toutes choses à jamais disparues. C’est un beau recueil et surtout un recueil qui nous rappelle que l’Europe n’est pas encore à l’abri de conflits graves comme on a tendance à trop le croire et surtout le faire croire.

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Méditerranées, Gallimard, 300 p., 29 €.

La Méditerranée est un mythe et on la regarde comme le berceau de notre culture. C’est une vue de l’esprit un peu fausse, car on ne fait que se référer qu’à l’empire romain (« Mare Nostrum ») et qu’à Venise, qui a rivalisé pendant des siècles avec les Ottomans pour son contrôle. Bien sûr, les Républiques maritimes italiennes dont Gênes, la France qui conquiert l’Algérie et fait main basse sur tout le Maghreb, cela fait aussi partie de cette affaire complexe et pleine de contradiction. D’ailleurs, les organisateurs de cette exposition qui a ouvert « Marseille capitale européenne de la culture 2013 » ont vu la difficultés et ont tenté de contourner le problème en mettant un s à Méditerranée. C’est une curieuse affaire car de l’Antiquité nous allons que jusqu’à la fin de l’ancien régime (ce qui évite toutes les question coloniale, la rivalité entre la France et l’Angleterre, l’occupation de l’ancien Empire ottoman en 1918, enfin tout ce qui peut fâcher ou gêner. Pourquoi ne pas s’être contenté de faire une belle exposition sur Marseille, porte de l’Orient ? Evidement, il y avait la question européenne. Mais alors, il aurait fallu creuser un peu plus, parler de Trieste par exemple, parler d’Israël, et pas seulement de Byzance, parler de la Sicle arabe puis normande. Cela est exactement ce que peut être une manifestation officielle, avec tout ce que cela comporte de compromis et surtout de silences diplomatiques ! Cela étant dit, le catalogue est intéressant (tous les textes ne sont pas bons, je pense à celui de Tahar Ben Jelloun, fidèle à lui-même) et nous propose une belle iconographie. L’ouvrage est plus passionnant que l’événement, car il se limite, pas nécessité pratique, à un échantillonnage.

 

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