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La bibliothèque de l'amateur d'art
par Gérard-Georges Lemaire


In Art We Trust, l’art au risque de son économie, Tristan Trémeau, Al Dante Aka III, 96 p., 15 €.

Le petit essai de Tristan Trumeau mérite qu’on s’ arrête. Il est plein d’esprit et touche à un des ressorts les plus intéressants de l’art contemporain : l’économie. Mais on ne comprend s’il parle d’un artiste ou d’un groupe d’artistes réels ou s’il a imaginé ce mouvement qu’il nomme Ponzi. La seconde solution me plairait le plus, en dehors du fait que je ne passerai pas pour un ignare ! Mais peu importe au fond. Je verrai bien en tout cas des jeunes créateurs remettre en cause les mécanisme de l’Art Contemporain (ou prétendu tel). Mais je ne comprends pas bien si cette histoire est sérieuse ou n’est qu’un jeu. Cela pourrait d’ailleurs fort bien être un jeu sérieux... Mais le doute subsiste. Pour résumer, on trouve des propos tout à fait intérfessant dans ces pages, mais pas une véritable clarté dans le projet d’ensemble.

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L’Art au large, Jean-Hubert Martin, Flammarion, 480 p., 29 €.

L’exposition des « Magiciens de la terre » présentée au Centre Georges Pompidou en 1989 a laissé une trace profonde (et justifiée) dans la muséographie contemporaine. Ce fut vraiment un événement, discutable sur bien des points (le rapprochement entre l’art contemporain et les arts qui appartiennent à des cultures non occidentales » qu’on aurait qualifiées autrefois de « primitives ». Cela a rendu célèbre Jean-Hubert Martin, qui a fait depuis une carrière des plus honorables. M ais il n’a jamais pu reproduire un tel exploit. Son exposition sur l’Afrique actuelle – « Africa Remix » - de 2004 a été bien décevante et ne nous a finalement fait découvrir que l’extraordinaire William Kentridge. Nous avons parlé dans la chronique de son exposition de Salvador Dalì qui est assez peu satisfaisante. Le recueil de ses écrits ne nous satisfait guère plus que ses dernières réalisations. Quand il parle des cabinets de curiosités, dont Jean Clair a su si bien parler, pour ne prendre que cet exemple, il se révèle franchement décevant. Et la relation qu’il établit avec les attitudes des artistes contemporains est franchement discutable. Joseph Beuys n’a franchement rien à voir avec la question et il n’aura certainement jamais vu la moindre de ses créations dans cette optique. Christian Boltanski, lui, travaille dans l’optique des archives et donc de la mémoire comme réceptacle douloureux de l’histoire personnelle ou collective. Ce qu’il nous raconte autour de la constitution de la collection du château d’Oiron est désolant. Il aurait mieux fait d’évoquer le travail de son collègue, Claude d’Anthenaise, au musée de la Chasse et de la Nature à Paris, qui a transformé tout l’espace de ce beau lieu en un étrange cabinet de curiosité associant œuvres du temps jadis et œuvres de notre temps. En somme, on a le sentiment que l’auteur, dans l’ensemble de ses études, ne nous repaît guère. Seules ses considérations sur le musée comme sanctuaire laïc ou religieux peut retenir notre intérêt, même si elles ne font que décliner des thèmes déjà largement explorés par Malraux et par ceux qui l’ont suivi.

 

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