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ID : 33
N°Verso : 65
Les Artistes et les Expos
Titre : Un art qui vaut son pesant d'or : Vitantonio Russo imagine une mise en scène esthétique et ironique des relations de l'art et de l'économie
Auteur(s) : par Gérard-Georges Lemaire
Date : 12/10/2012



« Economic-Art, Gain from Trade », Vitantonio Russo, commissariat de Lucrezia De Domizio Durini et de Massimo Riposati, Limenotto9cinque Arte Contemporanea, Rome.

Catalogue : Edizioni Carte Segrete, texte de Lucrezia De Domizio Durini, s.p., 45 €.

Un art qui vaut son pesant d'or : Vitantonio Russo imagine une mise en scène esthétique et ironique des relations de l'art et de l'économie
par Gérard-Georges Lemaire

Elles font partie d’un « enseignement » et d’une critique en profondeur de mécanismes qui donnent toutes les apparences de la vérité et qui, souvent, ne sont que des hypothèses, telle cause produisant tel effet. Quand Beuys faisait une conférence, il écrivait des mots clefs dessinait des graphiques sur le tableau noir et ses conférences était un mélange inextricable d’une philosophie personnelle et d’un pastiche du sérieux politique ou idéologique. Chez Russo, le sérieux subsiste dans le discours, mais est remis en question dans la création. Il engendre une confrontation, une dialectique, parfois une mise en accusation.

        Avec le temps, il a construit un mode qui peut être considéré comme une vision de notre monde entièrement modelé par les rouages de l’économie moderne. L’homme n’y apparaît pas, pas plus que la machine ou les technologies. Seuls sont pris en considération les codes imposés par les Etats, les banques centrales ou les banques privées, le FMI et autres organisations internationales qui tirent les fils de notre destin financier et commercial. Il n’élimine pas ce qu’il a déjà réalisé, mais lui donne plus d’ampleur et le complète. Un simple tableau devient une succession de tableaux ou une table. Ses « objets » se multiplient sans cesse. Mais l’aspect le plus novateur de sa démarche de ces dernières années est sans aucun doute de produire des installations de grande dimension. Ce fut le cas à la Biennale de Venise de 2009, où il réalisa un échafaudage avec des tréteaux posés les uns sur les autres, chacun portant un mot du lexique de l’économie moderne. Cette forme spectaculaire ne cherche ni à produire un effet esthétisant, ni à brutaliser le spectateur. Son objectif premier est de « monumentaliser «  les problèmes qui sont posés à l’humanité par une interprétation de nature économique.

        A l’occasion de la belle exposition qui a été présentée cet été à la nouvelle galerie romaine de Massimo Riposati, Vitantonio Russo est parvenu, grâce à la reprise de dispositifs anciens et surtout par la mise en place de dispositifs nouveaux, à condenser l’essentiel de sa pensée sur la question.

 

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