avec le soutien éclat ou éclat
hotel de beaute
ID : 73
N°Verso : 67
Le Cinéma
Titre : Amour
Auteur(s) : par Julian Starke
Date : 30/03/2013


Amour
par Julian Starke

Il y a un lien très fort entre Amour et la filmographie de Pier Paolo Pasolini dans la manière de faire passer le message : par la souffrance et la violence en vue de réactions et réflexions. Evidemment, le cinéaste Autrichien est moins extrême que l'Italien. Leurs cinémas sont très différents mais les moyens (de transmission) sont proches. On souffre mais dans un but, et on en sort finalement grandit.
Tandis que Pasolini est chaud, Haneke est froid et ceci se ressent notamment dans son utilisation de la musique. Alors que nous sommes dans une famille de pianistes, il n'y a dans le film que de la musique faisant partie de la diégèse. L'unique musique présente est celle jouée (vue) dans le film, soit par Alexandre Tharaud lors de son concert, soit par Jean-Louis Trintignant qui joue du piano ou écoute un disque.
Je crois qu'il y a là les seuls éléments musicaux qui composent les 2H07 du film. Ainsi, le réalisateur nous laisse en quelque sorte seul avec l'histoire, au même titre qu'Anne et George sont seuls. Si la musique aurait pu servir son propos, elle nous aurait aussi permis de nous réfugier dans du familier, quelque chose nous appartenant à tous, l'oeuvre de Schubert.

Enfin, le film dépasse réellement ses précédents grâce à son sujet principal, l'Amour. Alors qu'à ses débuts le film portait un tout autre nom, un technicien ayant prononcé le mot sur le plateau lors du tournage, l'évidence apparue au cinéaste. On assiste ici à l'une des plus belles formes et preuves d'amour qui soit. George accompagne, soutient, entretient son épouse dans les moments les plus difficiles. Elle lui fait promettre de ne jamais l'envoyer dans une maison spécialisée, chose qu'il honorera. Il surveille la manière dont les infirmières la traite, il reste patient, attentionné, amoureux comme au premier jour, et cela dans les plus effroyables moments (qui ne nous sont pas épargnées), jusqu'à ce qu'il la tue. Terrible dénouement qui n'arrivera pas dans l'excès, lors d'une de ses crises où elle ne cesse d'hurler « mal, maal, mal, maaaaaal ! », mais justement après l'avoir calmée. Il lui raconte une histoire de son enfance qu'elle ne connaissait apparemment pas, puis dans un moment de conscience prend un coussin et recouvre le visage de sa douce. L'acte est pondéré, réfléchi, il ne cède pas à son désir à elle, qui rate plusieurs tentatives de suicide. C'est l'acte d'Amour par excellence. Il ne cherche pas à se délivrer lui mais à la délivrer elle. Comme dans tout ce qu'il fait, sans jamais s'effacer ni oublier sa personnalité, c'est par altruisme qu'il se comporte. C'est ainsi qu'il la délivre et se délivre bien qu'il paraisse évident qu'il ne puisse pas vivre sans elle, surtout pas dans ce lieu où leur amour a perduré au fil des années.

 

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