avec le soutien éclat ou éclat
hotel de beaute
ID : 113
N°Verso : 73
L'artiste du mois : Denis Rivière
Titre : Est-ce un ange ?
Auteur(s) : par Denis Rivière
Date : 12/02/2014


Deux expositions sont actuellement consacrées à l’œuvre du peintre Denis Rivière : d’une part « Ciels » à la galerie Anne-Marie et Roland Pallade, 35 rue Burdeau 69001 Lyon (jusqu’au 15 mars) et d’autre part « Une aventure plastique » à la galerie Patrice Peltier, 35 rue Guénégaud, 75006 Paris (jusqu’au 8 mars).
Nous publions un texte de Renaud Faroux consacré à la première, et un texte de Denis Rivière lui-même à propos de la seconde.

la galerie Anne-Marie et Roland Pallade

la galerie Patrice Peltier

Est-ce un ange ?
par Denis Rivière

« Mais pourquoi peindre de cette façon ? » lui demandais-je un jour, en l’observant travailler dans le silence de son atelier. « Vois-tu, me répondit-il, j’ai besoin de rêver et d’être le premier étonné de la situation pour pouvoir espérer surprendre le spectateur. Ma façon de peindre découle de ce constat. Il me faut être le plus près de la réalité, donc revisiter la technique et être très exigeant dans la réalisation formelle pour m’assurer que le regardeur n’aura pas la tentation d’imaginer une autre image , un autre sens que celui que j’ai choisi de développer. Le résultat est peut-être à contre-courant d’une société qui est sous l’emprise du spectacle au détriment du fond, mais ma nécessité m’oblige à préférer le sens sur la forme. »
Une autre fois, je lui fais part de mon étonnement en lui faisant remarquer que nulle part il ne représente l’homme. Erreur, me rétorque-t-il en me montrant toute la série de personnages découpés dans du bois et figurant ses amis artistes et les gens du village où il s’est retiré. Il ajoute à cette démonstration quelques tableaux ayant pour thème le corbeau dans tous ses états, souvent sur fond rouge avec une matière généreuse, c’est un hymne à Jean De La Fontaine originaire de sa région d ‘adoption.
Il ne manque pas non plus d’insister sur une série de tableaux qu’il vient de terminer récemment mais qui a occupé plusieurs années. Là, je vois passer un sujet si commun dans notre environnement quotidien mais pas vraiment banal dans l’univers pictural et qui a certainement choqué bon nombre de visiteurs : Le sac poubelle. Il se présente sous la forme de découpes en bois ou sur toiles peintes avec un réalisme qui ne permet pas d’autres interprétations que l’image qu’il donne à voir. Le problème avec sa peinture est qu’il nous offre un travail plastiquement séduisant appliqué à des sujets qui ne le sont pas forcément.
Après m’avoir promené dans ce monde si riche, être passé de l’antiquité à la dernière guerre, puis l’avoir vu élever quelques oiseaux noirs avant de secouer les résidus de notre époque de consommation pour en arriver à l’innocence du petit enfant ou la perversité de l’ange déchu. Cet ange déchu qui tombe du ciel n’est pas sans rappeler l’importance de ce sujet abordé de façon récurrente tout au long de sa vie, c’est la trace de ses séjours dans les différents pays traversés ou le rêve de la voûte céleste dans la solitude de son travail. C’est son regard sur la fuite du temps et le souvenir du passage de celui qui n’est plus.

Diable, il m’enferme dans l’un de ses nombreux et troublants sacs plastiques noirs, me souhaite le bonsoir et je me retrouve seul dans un recoin sombre de son atelier.
J’aime cet homme aussi chevelu et ventru que moi, mais sexué lui, quel veinard.

 

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