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hotel de beaute
ID : 126
N°Verso : 82
L'artiste du mois : Christian Lu
Titre : Le monde ouvert des couleurs
selon Christian Lu
Auteur(s) : Par Jean-Luc Chalumeau
Date : 11/03/2015



Le monde ouvert des couleurs
selon Christian Lu
Par Jean-Luc Chalumeau

Un des chefs d’œuvre les plus remarquables du musée de Boston date de l’an 1000, c’est une encre sur papier de Tong Yuan (un rouleau de 38 x 169 cm) intitulée Journée claire dans la vallée. Tong Yuan a inspiré les maîtres de l’époque de la dynastie Song puis, à travers ces derniers, pratiquement toute la peinture chinoise jusqu’à nos jours. Par lui, l’art du paysage se développa aux Xe-XIe siècles et traduisit l’effort des peintres chinois pour découvrir la réalité intérieure dissimulée sous une apparence matérielle de beauté. Effort millénaire, sans cesse renouvelé, qui reste d’actualité au XXIe siècle avec l’œuvre à la fois enracinée et novatrice de Christian Lu. Cet artiste, né dans une famille chinoise de haute culture, a choisi de vivre à Paris depuis plus de trente ans, où il s’est imprégné de l’art d’Occident sans rien renier de ses traditions ancestrales. Il en a résulté, par exemple, son Rêve n°2 (2014) une huile sur toile en diptyque dont nous observons qu’elle obéit à une mise en scène paysagiste selon à peu près les mêmes dimensions que la Journée claire. Ce n’est peut-être pas un hasard.

Nous sommes libres de considérer Rêve n°2 comme une abstraction, libres aussi d’y voir des cimes de montagnes émergeant des nuages, comme dans la partie gauche du rouleau de Tong Yuan. Ce dernier ne connaissait pas la peinture à l’huile, technique spécifiquement occidentale, et se servait uniquement d’encres et couleurs légères sur papier. Remarquons que Christian Lu est aujourd’hui également un maître de ces techniques, comme en témoigne par exemple son Hommage à Bada Shanren-Zhu (2011, encre de Chine sur papier 68 x 68 cm) qui, lui aussi, semble faire écho à la lointaine et pourtant si présente Journée claire. En même temps, tout se passe comme si Christian Lu s’attachait, dans son Hommage, à actualiser le geste souverain de l’artiste chinois du 17e siècle tel qu’il apparaît dans ses encres sur papier du Landscape album conservé au Metropolitan de New York.

 

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Verso n°82
 
 
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