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ID : 130
N°Verso : 86
L'artiste du mois : Djoka Ivackovic
Titre : Ivackovic, ou la voie vers l'absolu
Auteur(s) : par Jean-Luc Chalumeau
Date : 02/09/2015



L’Académie des Beaux-Arts de Serbie a ouvert le 30 septembre une grande exposition rétrospective à Djoka Ivackovic, qui développa son œuvre essentiellement à Paris. L’heure est donc venue d’envisager sa démarche purement abstraite dans toute sa richesse, sa complexité et son originalité.

Ivackovic, ou la voie vers l'absolu
par Jean-Luc Chalumeau

Si bien que dans son cas, c’est dans le monde subjectif qu’il convient de chercher la racine de la notion de monde et la relation fondamentale du monde à une subjectivité qui n’est pas une subjectivité transcendantale pure, mais une subjectivité qui, précisément, se définit par sa relation à un monde, par le style de son être au monde. C’est ainsi que l’on peut traduire la notion spécifique à Ivackovic « d’automatisme préprogrammé ». C’est ainsi que se justifie l’idée d’un monde propre à l’objet esthétique comme expression d’une subjectivité créatrice.

« Mon problème est qu’un état d’esprit, une idée dans une série d’actions se traduise par une image qui lui correspond. Tout le processus consiste en ce que dans la palette des innombrables possibilités je trouve le choix juste, afin de parvenir à l’identification complète de l’idée qui est présente en moi, à ce moment, à son expression matérielle. » (entretien avec Irina Subotic, juin 1977)

Ces phrases de l’artiste nous rapprochent un peu plus de l’essentiel. Observons d’abord que le mot image ne faisait pas peur à Ivackovic (j’ai fait l’expérience que l’abstraite Joan Mitchell, par exemple, en avait absolument horreur). C’est sans doute que le projet fondamental qui constitue le sujet comme transcendance et dévoile le monde peut se spécifier en projets singuliers qui dévoilent chacun un monde propre. Le monde est alors le monde singulier d’un sujet qui ne perd rien de sa qualité de sujet lorsque son projet est le projet concret d’un être au monde singulier. On peut donc parler du monde d’un sujet, et l’on peut de même parler d’un monde de l’objet esthétique en tant qu’il est quasi-sujet, c’est-à-dire qu’il est capable d’expression.
Si nous parlons d’un tableau d’Ivackovic comme d’un quasi-sujet, c’est parce qu’il est l’œuvre d’un auteur : un sujet apparaît toujours en lui (une image, dit Ivackovic) et c’est pourquoi on peut parler indifféremment d’un monde de l’auteur et d’un monde de l’œuvre.

L’immanence de l’auteur à l’objet esthétique garantit la réalité du monde de cet objet (« une idée dans une série d’actions »). Il n’y a pas de représenté dans les tableaux d’Ivackovic, mais il y a ce qu’il nomme des images (non représentatives) qui sont avant tout des moyens d’exprimer des sentiments (le peintre dit aussi « état d’esprit »). Le sentiment est le mode spécifique d’appréhension du monde exprimé, qui se déploie sous le double aspect de l’espace et du temps dans l’œuvre de Djoka Ivackovic.

 

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