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ID : 133
N°Verso : 89
L'artiste du mois : Solange Galazzo
Titre : Le microcosme onirique de Solange Galazzo
Auteur(s) : par Gérard-Georges Lemaire
Date : 30/12/2015



Url : solangegalazzo2014.com

Solange Galazzo est peintre, rien que peintre, et il n’est pas utile de demander quel genre de peinture elle pratique : il y a des villes, des paysages, des figures dans son œuvre, des hommes, des femmes et des anges, des nuits aussi, exposées naguère chez Lélia Mordoch qui avait trouvé une jolie formule pour les présenter : « Poétique et mystérieuse, Solange Galazzo se joue de l’obscurité telle une princesse des ténèbres au pinceau de lumière ». Depuis lors, elle a exposé ses travaux sur toile notamment au Mexique (Musée Régional d’Art et de Culture de Querétaro) mais aussi ses peintures sur céramique au Couvent des Cordeliers de Châteauroux. Aujourd’hui, elle poursuit silencieusement son œuvre dans son vaste atelier normand. On n’en dira pas plus sur cette « princesse des ténèbres » car la vérité de son œuvre est dans l’œuvre et non point dans les circonstances de la création, dans la personnalité de son auteur ou dans le projet qui y préside. Gérard-Georges Lemaire, qui accompagne sa création depuis longtemps, donne ci-dessous quelques clefs pour en approcher la vérité.

J.-L. C.

Le microcosme onirique de Solange Galazzo
par Gérard-Georges Lemaire

En compagnie de Patrizia Runfola, à Prague et ailleurs

La lecture des Leçons de ténèbres, le grand œuvre posthume de Patrizia Runfola (1) a été une révélation pour l’artiste. Ce livre comparable à aucun autre, qui n’est ni un roman, ni un journal, mais une imbrication savante de morceaux d’écriture qui peuvent concerner des fragments d’autobiographie fantasmés, la vie de peintres célèbres, dans une optique rappelant celle de Walter Pater, ou des passages se déroulant à Prague, ville que l’écrivain a si bien connue et si bien rendue dans Prague au temps de Kafka (2) et dans le Palais de la mélancolie (3). Le défi était bien autre que celui déjà immense proposé par les pages de Kafka : c’est un livre énigmatique et inclassable, qui trouve sa cohérence et sa logique dans l’exercice littéraire, au-delà des thèmes, des lieux et du temps.
Cette fois encore, Solange Galazzo a fait deux choix.
Le premier a consisté à s’emparer des apparences de Prague parce qu’elle sont baroques et que le baroque lui évoque deux endroits dans le monde qu’elle aime le plus, l’un étant Palerme et la Sicile de ses ancêtres, donc ses origines, sa famille, la mémoire de ce qui l’a constituée, le second étant le Mexique et sa pléthorique capitale qui elle aussi est placé sous le signe de ce style architectural et plastique. Entre toutes les scènes où la narratrice se déplace dans Prague, sans doute a-t-elle été plus saisie par celle qui se déroule sur le pont Charles. Là l’héroïne est attirée par la statue de la Vierge, la plus grande sans doute celles qui décorent ce pont extraordinaire, dont quelques unes ont été taillées dans la pierre par le grand sculpteur Braun. Elle a donc reformulé les contours de ce pont légendaire, dont ont parlé de nombreux écrivains et pas seulement en Bohème. Il en résulte une vue plongeante sur des statues sorties tout droit de son esprit, mais qui finissent toutefois par appartenir à une dimension mentale assez proche de celle qu’on ressent dans les Leçons de ténèbres.

 

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