avec le soutien éclat ou éclat
hotel de beaute
ID : 136
N°Verso : 91
L'artiste du mois : Dominique Renson
Titre : Entretien
Auteur(s) : entre Paul Ardenne et Dominique Renson
Date : 06/03/2016



Entretien
entre Paul Ardenne et Dominique Renson

Tu laisses l’aventure advenir…
C’est compliqué. D’une part parce que j’installe, je mets en scène mes tableaux, et d’autre part parce que d’un autre côté je ne veux pas d’anecdotes, ni raconter d’histoires. D’où l’importance des fonds, dans mes peintures. L’impression aussi que les gens flottent dans l’espace. Quand j’ai commencé à peindre, le critique d’art Bernard Lamarche-Vadel m’a dit : « Tu devrais te concentrer sur l’intérieur des visages que tu choisis. » Un jour, j’ai fait un autoportrait sur une toile blanche, sans fond. Puis je me suis concentrée sur ce qui se passe dans le visage quand on le peint, dans le visage mais aussi dans les mains, les bras, les cuisses… J’aime les extrémités du corps physique. Faire parler la peinture pour qu’elle bouge, pour qu’elle soit habitée. C’est cela le questionnement de la peinture : faire se mouvoir les visages et les corps, rendre les choses vivantes. La beauté ne m’intéresse pas mais la vie, le bouillonnement, l’activation, oui.

La peinture comme un paramonde. Un monde en soi mais qui ouvre sur un autre monde…
Oui. Quand je rentre en peinture, c’est comme lorsqu’on rentre en religion. Et tant pis si j’ai gâché bien du temps avec mon ouvrage artistique. Une fois rentrée en peinture, je me suis retrouvée habitée, entière.

Créer, c’est se mettre en protection ?
Oui. Comme une activité schizophrénique. Comme un rituel. On met son enveloppe de protection, on passe ses habits de peintre, on rentre dans les couleurs. L’échappée, mais dedans.

 

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Verso n°91
 
 
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