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ID : 142
N°Verso : 97
L'artiste du mois : Pierre Mounier
Titre : Pierre Mounier, ou l'identité exécution-création
Auteur(s) : par Jean-Luc Chalumeau
Date : 01/11/2016



Url : www.pierre-mounier.com

Pierre Mounier, ou l'identité exécution-création
par Jean-Luc Chalumeau

Les séries de Pierre Mounier n’ont pas de nom, pas de titre. C’est que, dans son acte, la création ne s’est appuyée que sur elle-même, à mesure qu’elle s’ébauchait et entrait dans l’existence. Tout se passe comme si l’artiste n’avait pas préalablement voulu l’œuvre : c’est l’œuvre qui se voulait en lui, qui l’avait choisi pour s’incarner grâce à lui. L’appel de l’œuvre est un appel de soi à soi qui se traduit par une exigence de création. Voilà pourquoi il est si difficile de parler d’une peinture aussi franchement abstraite que celle de Mounier. Pour chaque tableau, cette peinture nous apparaît comme un tout insécable, et pourtant, diverses sont les forces qui l’animent. Sans doute la théorie du schéma dynamique selon Bergson serait-elle utile ici : « On travaille sur un schéma du tout, et le résultat est obtenu quand on arrive à une image distincte des éléments » écrivait le philosophe dans L’énergie spirituelle en pensant peut-être davantage à la poésie qu’à la peinture. Mais une psychologie de la création artistique, s’agissant des tableaux de Pierre Mounier, aurait à justifier plus précisément l’idée de l’inspiration comme appel indéterminé. Il faudrait alors montrer ce qu’a de spécifique l’invention esthétique dans ce cas particulier. Tout ce que nous pouvons dire, et c’est déjà beaucoup, c’est que la démarche de Pierre Mounier fait apparaître qu’il n’est artiste, comme tout artiste, que par son acte. Il ne pense pas selon les directives d’un projet, il pense sur ce qu’il fait et sur ce qu’il perçoit à mesure qu’il le fait. Il ne connait ce qu’il a voulu que lorsque, après l’avoir fait, il le juge définitif et l’offre aux regards des autres. Ce sont ces regards, après le sien, qui donneront à l’œuvre le statut d’objet esthétique. Depuis 2007, suite à une période dédiée exclusivement à la peinture, il renouvelle son processus créatif dans la photographie, le travail en trois dimensions et l’installation. Reste à savoir si ce sont les mêmes données qui président à la naissance de ces œuvres, parallèlement aux peintures. Sans doute oui : n’oublions pas que son œuvre est affaire de métamorphoses bien plus que de ruptures.

 

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