Appréhender le travail de ChantalPetit
à travers une galerie de 17 images.

Dossier ChantalPetit : Dans l’arche du monde par Belinda Cannone

Dossier ChantalPetit
Dans l’arche du monde
par Belinda Cannone

La force exceptionnelle de l’art de ChantalPetit tient sans doute d’abord à sa dualité : l’artiste joue constamment sur deux registres : celui de l’élaboration la plus soignée et celui de la liberté la plus apparemment débridée (« Il y a des moments très peints et des moments très détendus » indique-t-elle modestement). C’est finalement toute l’histoire de l’art que ChantalPetit convoque dans une œuvre féconde, multiple, inventive, qui ne laisse jamais indifférent. Pour l’aborder, Verso accueille les regards complémentaires de Belinda Cannone et Bernard Noël sur le formidable ensemble intitulé « Le festin des dieux », puis le témoignage de Véronique Petit, soeur de l'artiste et enfin le commentaire de Jean-Christophe Bailly sur un aspect spécifique de la peinture de ChantalPetit : les Paysages, qui ont été présentés récemment à la Maison des Arts de Malakoff.

J.-L. C.

« Si j’improvise tout ce que je fais, avant, il a pu se passer quelques mois
“d’inquiétude préparatoire” pendant lesquels je n’arrive pas à
vivre. La vraie vie, la vie véritablement vécue, c’est la peinture.
 »
(ChantalPetit, Notes pour Art-Absolument)

      L’écrivain entre dans l’atelier du peintre. Il y est saisi par l’étrangeté de ce monde visuel : c’est un univers tout autre, qui témoigne d’un cerveau tout autre, d’une sensibilité mystérieuse dont il n’a pas les clés, il ne sait pas comment cette sensibilité se convertit en tableaux, quels chemins parcourent les impressions pour devenir cela, assemblages de peinture, formes et couleurs, idées visibles. Il sait comment sentent et pensent les écrivains ; quand il les lit, il peut souvent reconnaître ou deviner les processus intimes qui les ont conduits au texte qu’il a sous les yeux – il ignore comment pense et sent un peintre pour produire ses œuvres.

      Alors il regarde longuement les toiles et il essaie d’y voir plus clair, et en les décrivant de se rendre raison de ce qu’il a confusément perçu. Décrire pour voir.
      Il me semble que les quelques fois que j’ai écrit sur l’œuvre d’un peintre, c’était pour tenter de réduire cette distance entre son cerveau et le mien. Ici, avec ChantalPetit, écart maximal : intuition que ce peintre, en peignant, ne pense pas du tout avec des mots. Devant ses tableaux, je sens un autre pays mental, d’autres voies que celles que j’emprunte ou connais. D’où la fascination.

mis en ligne le 11/07/2010
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