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de Michaël Duperrin en consultant le site
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Les artistes et les expos : Michaël Duperrin : en son absence,  par Christian Caujolle
Les artistes et les expos
Michaël Duperrin : en son absence
par Christian Caujolle
La photographie, c’est ce dont je suis exclu
Roland Barthes

Pour des raisons diverses et en développant des arguments plus ou moins défendables et subtils, de nombreux auteurs ont souligné la relation qui semble exister entre la photographie entre la photographie et la mort. Mais c’est incontestablement Roland Barthes qui, écrivant La Chambre Claire alors qu’il commençait à peine son travail de deuil après la disparition de sa mère, a écrit de façon lumineuse, la façon, à la fois magique, illusoire et douloureuse, dont l’image de l’être aimé et disparu impose sa présence et dit qu’il ne sera définitivement plus. Toute photographie nous dit que ce qu’elle représente ou feint de montrer et de désigner appartient à un passé qui ne reviendra plus.

Bien des photographes, pourtant, ont désiré, au moyen de la photographie, ressusciter ce dui fut. Partant sur les traces, réinventant un univers qui peut-être n’exista jamais que dans leur imaginaire et souhaitant lui donner une « réalité » que la photographie semble insiffler à toute chose, ils construisent des parcours, effectuent des actes qu’ils n’ont pu ou su mener à bien au temps de la vie bien réelle. S’agit-il de panser la plaie, de fuir le vertige de la disparition, de combiner l’image et la douleur ? Un peu de tout cela, et de bien d’autres choses, tant, touchant à la fois à l’intime et à l’indicible, la démarche, quelque compréhensible qu’elle soit, demeure mystérieuse et individuelle. Impossible, à jamais, à assimiler ou comparer de façon pertinente à aucune autre.

Se pose alors, et j’en suis arrivé à la conclusion qu’il s’agissait là d’une équation insoluble, la question du comment accompagner de mots une démarche photographique liée à la disparition, à l’absence. Toute photographie, par nature polysémique, est fragile. Et les mots, lorsqu’ils accompagnent les images ont généralement pour fonction d’en réduire la multiplicité de sens et de guider l’interprétation du regardeur vers une appréciation voulue par celui qui écrit ou par celui qui utilise l’image. Outre que le commentaire, la glose sont généralement superfétatoires redondants par rapport aux images, il est des moments où le silence s’impose. Un musicien, peut-être, pourrait accompagner ces visions, pas les mots.

mis en ligne le 06/10/2010
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