Dossier Bruno Macé
L'art dans la ville, pour une autre approche

par Bruno Macé

mis en ligne le 14/01/2011

ce constat en amène un autre : c’est aux politiques, aux Maîtres d’Ouvrages, de s’investir sur ce sujet, de tenir le gouvernail , de faire des choix réfléchis, au même titre qu’ils s’y emploient pour le choix d’un architecte, d’un urbaniste ou d’un paysagiste, car
        Ici, il s’agit de construire la ville et non d’édifier le musée en plein air de demain.

C’est aussi l’acceptation courageuse de ce que peut être ce type d’intervention. Intervenir au coeur des problématiques de la Cité demande une prise de risque de la part des élus et, en échange, une pertinence de la part des artistes plasticiens, que j’aurais plutôt appeler Urbartistes, si le mot n'était pas si barbare.
Si aujourd’hui, entre autres, à l’occasion du 1% artistique, la demande faite à l’artiste n’est plus de l’ordre de la statuaire commémorative sur son socle, l’attente reste forte sur l’idée qu’il doit y avoir oeuvre, que la " patte (ou pâte) " de l’artiste soit visible, reconnaissable . Le glissement de l’oeuvre vers l’intervention est rarement accepté car il met forcément au second rang, ce qui ne veut pas dire qu’il l’ignore, l’aspect esthétique des choses.
Si, de plus, cette intervention s’immisce trop fortement dans la problématique du lieu, il y a généralement rejet. Quel est cet art qui soudain paraît trop proche des préoccupations quotidiennes et donc soupçonné de ne pas fournir la part d’immatérialité et d’intemporalité qu’on attend de lui? C’est oublier que l’art public est d’abord, avant tout, et surtout, un art de son temps, inscrit dans les contradictions de son époque. Pour qui se prend cet artiste qui, en créant une tension, une rupture, prétend nous donner à voir ce que nous avons tous les jours sous les yeux? C’est oublier que l’urbartiste est un paratonnerre, qu’il possède des antennes. Ce qu’on appelle être à l’avant-garde prend là tout son sens.
" La mort de la vierge " du Caravage va être refusée par son commanditaire mais achetée par le Duc de Mantoue. Une façon comme une autre de marquer la frontière entre espace public et espace privé, «cachez cette vierge trop humaine que nous ne saurions voir» (et encore moins montrer!).
Re convoquez pas l’urbartiste si vous ne voulez pas que cela gratte là où cela démange. Même si cela semble une lapalissade, la contrainte du lieu c’est d’abord la problématique du lieu et sa polysémie. Alors, pourquoi l’urbartiste l’ignorerait-il ?

Hier comme aujourd’hui, une fois l’oeuvre réalisée et installée par le temps, les amis venus au secours de la victoire, ici de la pertinence, sont nombreux.

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