Dossier Bruno Macé
L'art dans la ville, pour une autre approche

par Bruno Macé

mis en ligne le 14/01/2011
Mon intervention au collège de Courbevoie, où il s’agissait de montrer dans un lieu de structuration des enfants que la déstructuration existe, fait partie de la culture et, de plus, est ludique (à la cantine des assiettes avec charades de Victor Hugo , des textos de Frédéric II à Voltaire, quatorze sonneries, composées par P. Hurel en forme d’haïku, tirées au hasard à chaque heure, etc… ) je la dois au courage d’un architecte et d’un responsable des bâtiments, contre vent et marée et surtout, comité de sélection.
Mon intervention au métro Cité où, pendant quinze jours, j’ai permis aux passagers de se réapproprier l’espace urbain envahi par la publicité (j’y avais transformé les panneaux d’affichage en fenêtres géantes avec le panorama qu’on a du haut de Notre-Dame juste audessus, créant l’illusion que la station dominait Paris), s’est faite contre l’avis de beaucoup et le soutien de peu ( que ces derniers en soit remerciés).
Pour ce qui est d’avoir débaptisé en une nuit les plus importantes places de Paris, la place de L’Etoile Charles-de-Gaulle étant devenue la place Bill Gates, etc. , c'est sans commentaire. En 2002, mon projet sur les plaques de rue « Tous Citoyens » (présentée dans ce livre) n’est soutenu que par de rares personnes, il me faudra attendre les évènements dans les banlieues en novembre 2005 pour qu’il suscite plus d’attention.

Il serait temps de prendre conscience de l’enjeu qui se présente si on veut donner une chance aux plasticiens, réellement désireux de le faire, de participer à cette aventure qu’est la ville.

Pour ce qui concerne le 1% artistique , la sortie du code des marchés de la commande ou de l’achat d’oeuvre d’art serait plutôt une bonne nouvelle, si les collectivités locales faisaient preuve d’ambition et d’imagination à cette occasion. S’il s’agit de remplacer une procédure par une autre, un comité par un autre, je ne vois pas trop l’intérêt du changement de règles. Trop nombreux sont les présentations où on donne royalement de 5 à 10 minutes au candidat pour présenter sont projet et où se fait sentir, à tous les niveaux, un système procédurier mis en place pour les achats des collectivités locales et appliqué au 1% artistique sans profiter des possibilités qu’offrent les récents décrets . Pour ma part, un vrai changement passe, entre autres, par :
Une définition claire et précise de ce que le maître d’ouvrage attend de l’intervention artistique. Il ne s’agit pas là de faire un énoncé volontairement «fourre- tout» des pratiques artistiques, ni, comme on le lit de plus en plus souvent, de définir le type d’intervention : la mise en lumière du bâtiment, dans le hall, dans le jardin, une fontaine, etc. Cette prédéfinition revenant à limiter le choix de l’artiste à la sélection d’un prestataire de service pour un projet déjà arrêté, se privant ainsi de la capacité de proposition des artistes là où on ne les attend pas ! Il s’agit plutôt d’essayer de cerner une ambition pour le lieu. Ce qui suppose, par la suite, que cette ambition soit clairement expliquée aux divers intervenants et je pense là, plus particulièrement, aux participants, aux comités dits artistiques.

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