Dossier Nathalie Du Pasquier

Nathalie Du Pasquier,
Des ensembles faits des fragments d’un même monde

par Jean-Luc Chalumeau

Voici expliqué l’effet de « ressemblance » qui caractérise les œuvres de Nathalie Du Pasquier, si diverses qu’elles soient, en deux comme en trois dimensions. C’est que cette ressemblance ne procède pas de l’application en série d’une même recette (il ne s’agit pas de l’habileté de l’artisan) mais vient de la passion d’une artiste qui cherche à s’exprimer sans tricher. « Je suis une travailleuse » dit modestement l’artiste qui s’empresse d’ajouter aussitôt : « j’essaie d’apporter du neuf ». Du neuf, sans aucun doute, mais à partir d’un fond emprunté à toute l’histoire de la peinture, celle de l’Italie en particulier, où elle a choisi de vivre. Le caractère architectural de ses compositions en témoigne, où les droites prédominent plutôt que les courbes, offrant un écho aux compositions de Piero della Francesca au sein desquelles les « architectures d’architecte » donnaient naissance à une « architecture de peintre » à laquelle Nathalie Du Pasquier est sensible. Tout comme elle se découvre des affinités avec les architectures métaphysiques d’un De Chirico, sans renier pour autant les plus français des peintres, Poussin et Chardin. Le premier prenait soin de fabriquer des petites figures et objets pour mieux composer ses tableaux, qui proposent de ce fait eux aussi des « ensembles » au sens où elle l’entend. Le second installait ses objets selon une mise en scène et un cadrage minutieux.

Si bien que dans les œuvres de Nathalie Du Pasquier, comme dans celles de ses prédécesseurs, la norme esthétique règle la forme, impose même des déformations qui nous apparaissent comme des rimes plastiques ou des ruptures de rythme nullement arbitraires, mais révélatrices d’un visage du monde propre à l’artiste, par lequel elle se reconnaît et par lequel nous la reconnaissons nous aussi. Nathalie Du Pasquier dit quelque chose qu’elle est seule à pouvoir dire, parce qu’en ses œuvres nous découvrons une parfaite adéquation entre la forme et le contenu. On comprend par là que le décoratif n’atteint pas au style, puisque l’ornement n’a rien à dire.

Or nous éprouvons fortement chez Du Pasquier la présence et la puissance d’un style (autre mot pour dire « le monde d’un auteur »), ce qui n’a finalement rien à voir avec le décoratif. D’une œuvre à l’autre, un effet de « ressemblance » est perceptible, que nous venons d’ évoquer, caractéristique des authentiques œuvres d’art échappant au décoratif (où il n’y a pas ressemblance mais simplement répétition). Cela est vrai en littérature, en musique et dans l’art plastique.

mis en ligne le 01/09/2011
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