Dossier Nathalie Du Pasquier
Nathalie Du Pasquier

par Simon Lane

Traduit de l’anglais
par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 01/09/2011

Il en est de même pour la pureté de son intention, un bon œil, une main ferme apportent des plaisirs inouïs pour le visiteur de la galerie qui s’interroge avec inquiétude sur notre âge électronique. Après tout, le fait de jeter l’appareil et de conserver le moulage pourrait amener un temps pour la contemplation - alors pourquoi ne pas être le premier à la faire ? Manet, Cézanne, Van Gogh ; n’auraient pas hésité. Près de Nathalie Du Pasquier dans la galerie, j’observe ce travail extraordinaire avec étonnement ; c’est seulement après avoir réfléchi sur son potentiel et avoir interrogé l’artiste que j’ai compris que cet objet était vraiment un moulage car il est impossible de le représenter de manière suffisamment reconnaissable sur une surface en deux dimensions avec un crayon - j’aurais dit avec un appareil photographique. C’était surprenant pour moi de ne pas avoir trouvé une solution sur le champ, un lien mystérieux avec une jouissance esthétique, une devinette rendue de la façon la plus exquise pour le pur bonheur de l’artiste en élisant cette forme si ambiguë. Après tout, il est possible que les maîtres aient fait une pause pendant un instant, qu’ils aient même respiré profondément, car on doit y penser comme à l’un des objets les plus difficile pour eux tous.

Je connaissais Nathalie depuis assez longtemps pour comprendre que quoi qu’elle choisisse en observant faisait partie d’un monde spécifique, qu’elle a fait tout à fait sien ; et j’accepte vraiment la façon dont elle introduit sa personnalité dans la réalité physique, en s‘appropriant un panthéon entier du monde des objets quotidiens - sinon en les modifiant ou en les créant vraiment en première instance - comme modèles pour ses natures mortes panoramiques qui constituent l’esprit de son œil et concrétisent son choix du sujet. Sa technique consommée et son traitement de l’ouvrage jamais hésitant pour que l’illusion soit maintenue au-dessus du niveau du sol, comme un bulbe éclot sur le bord d’une fenêtre et reste à danser dans l’air. Les pavés sont comme toute autre surface, mais ceux de Milan semblent plus tendres pour les desseins de Nathalie. Il y a quelque chose de très spécifique dans son œuvre en ce qui la concerne, je ne peux dire quoi, mais la ville semble avoir été inventée pour elle autant qu’elle a été inventée pour elle. Nos chemins se sont croisés dans bien d ‘autres villes, Paris, Londres, Dublin, New York et Rio, mais je peux seulement imaginer Nathalie Du Pasquier à Milan. C’est de l’aube de la modernité et sans âge, industriel et gris ou brun désenchantés et puis très léger brusquement sous un ciel bleu. Travailleuse, boudeuse, une bonne toile de fond.

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Dossier Bruno Macé Original ? par Bruno Macé