Les artistes et les expos

Giorgio De Chirico, le mystère de la modernité

par Marie-Noëlle Doutreix

mis en ligne le 18/04/2012
Les artistes et les expos  : Giorgio De Chirico, le mystère de la modernité par Marie-Noëlle Doutreix
Giorgio de Chirico jusqu’au 1er juillet 2012 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris ; legs de soixante et une œuvres par Isabella Pakszwer-de Chirico
Le tableau L’énigme d’un après-midi d’automne, peint vers 1910, est désigné comme le premier tableau métaphysique. Giorgio De Chirico a mystifié son histoire en racontant qu’une vision énigmatique et inexplicable de la Piazza Santa Croce de Florence, qui lui a inspiré ce tableau, lui était apparue après une longue maladie intestinale. Cependant bien que métaphysique par son atmosphère et son aspect figé, le traitement de l’espace semble similaire à celui du Salut des Argonautes Partant, peint vers 1920 et présenté comme un tableau de style néo-classique. De plus, la gamme chromatique est réduite comme dans les peintures classiques et la composition est basée sur une perception réelle de la Piazza Santa Croce. Néanmoins, l’église d’époque renaissance présente sur la place originelle a été transformée en temple antique et le monument à Dante a cédé la place à une statue grecque.
Nous sommes donc face à deux tableaux, l’un considéré comme la première peinture métaphysique, l’autre comme étant de style néo classique, tableaux pourtant relativement similaires autant dans leurs aspects modernes que néo-classiques.
Ainsi, la spécificité de l’art de Giorgio De Chirico serait peut-être d’avoir choisi de marier sa sensibilité moderne au style néo-classique, malgré la désapprobation des surréalistes qui l’avait pris comme modèle. André Breton, après avoir érigé sa peinture métaphysique sous la désignation « Mythe moderne », l’a condamné officiellement dans « La Révolution surréaliste ».

Giorgio De Chirico a affirmé non sans un sourire dans l’interview filmé de 1971 accordé à Jean José Marchand, « ma peinture est excellente car j’ai toujours été guidé par le désir de perfection ». L’idée réellement directrice de son œuvre reposerait donc sur le perfectionnement, renvoyant ainsi à l’excellence technique des Grands Maîtres au delà d’une question idéologique. Peut-être alors, l’anti modernité n’a-t-elle été qu’un faux débat, reposant sur un conflit de définition ?

Marie-Noëlle Doutreix

 

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