Dossier Claude Jeanmart
Marc Sagaert s'entretient avec Claude Jeanmart : questionner l'humain
par Marc Sagaert et Claude Jeanmart
mis en ligne le 18/04/2012

MS : Et, comme vous vous plaisez à le rappeler, tout à fait contemporain …

CJ : Oui, tout d’abord par le fait qu’aucun de ses récits n’est situé dans l’espace ni dans le temps et parce que les thèmes abordés nous concernent toujours avec la même acuité : le rejet et l’exclusion de ce qui est différent, la justice qui fonctionne, dans certains régimes comme un outil de mise au pas de ceux qui veulent argumenter, un moyen de coercition vis-à-vis des plus faibles, la prétention et le ridicule de ceux qui veulent faire croire à la perfection du genre humain, sur le règne animal.

MS : Votre travail salue en effet les oubliés, les cœurs et les corps ravagés, les laissé-pour-compte, les meurtris, les sans-voix ou encore les handicapés visuels dont vous revisitez la palette. Comme un atelier-mémoire de l’humain dont vous revendiquez la part d’ombre ?

CJ : Enfant, j’ai vite ressenti la violence des injustices de toutes sortes, y compris à l’école.
Très tôt sensibilisé, grâce à mon milieu familial, aux difficultés et aux détresses des jeunes en milieu d’éducation surveillée, j’ai eu aussi la possibilité de travailler dans un bidonville de l’abbé Pierre, puis de rencontrer des prisonniers… Mais il est certain que le handicap de notre fille aura aussi beaucoup compté dans cette révolte froide, silencieuse et j’espère efficace, qui a souvent guidé mon attitude d’enseignant, et qui fait résurgence dans les séries comme La Prison, Haine et Dégoût, et bien entendu dans Les Suites du Procès, où en 18 images je plaide pour l’humanité bafouée, martyrisée, de Galilée à Madame Roland, de Dreyfus à Sophie Scholl… Si je ne revendique pas « l’art engagé », trop souvent confondu avec l’art de propagande, en revanche, je me sens engagé dans l’art, ma seule issue.

Je voudrais que vous nous parliez un peu de votre travail intitulé Corps aveugles, une suite de compositions qui commence avec Dans la nuit de Mado, se poursuit avec les Portraits Aveugles réalisés en compagnie d’aveugles de naissance et d’aveugles acquis. Un travail en plusieurs étapes ?

pages    1 / 2 / 3 / 4 / 5 / 6 / 7

suite >
< retour
 
action d'éclat

Dossier Groborne : Le livre comme révélateur par Gérard Sourd

photographie art peinture