Dossier Claude Jeanmart
Claude Jeanmart et das Urteil de Franz Kafka

par Giancarlo Pagliasso

Traduit de l’italien
par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 18/04/2012

     Alors qu’il s’agit d’illustrer le moment où Giorgio porte son père entre ses bras pour le mettre au lit, l’artiste relate la scène avec une réminiscence métaphorique de la chaîne de l’horloge avec laquelle le vieux joue un peu quand son fils l’emporte dans le petit tableau avec la référence textuelle ; sur ces entrefaites, la scène du tableau principal repose sur l’évidence de la main du père qui s’empare de la chaîne de la montre et de celle de Giorgio, qui porte son corps squelettique pour aller le poser sur le suaire que les draps blancs laissent deviner. Giorgio, comme son père, semblent acéphales au point de former une croix bizarre et quasiment blasphématoire.
     La quatrième station, où le père se dénude pour imiter la séduction de la fiancée du fils, se déroule à l’intersection de détails de jambes de femme dans les deux toiles. Dans l’illustration principale, celles-ci soustraient à celles du père qui ressemble à une araignée à quatre pattes présentant une blessure lubrique et manifestement de nature sensuelle.
     Le cinquième moment, celui de la malédiction et condamnation à l’anéantissement de Giorgio par la voix paternelle, est scandé par une rigueur à deux pas du cimetière dans le choix des deux images d’un bracelet double : photomontage dans la petite toile et peinture dans la grande. La tension de la non reconnaissance que le père fait peser sur Giorgio est rendue par Jeanmart par une synecdoque visuelle des bustes des fiancés.
     Enfin, la conclusion de la nouvelle avec la noyade suicidaire de Giorgio est rendue par le dédoublement formel de la légende devenue tableau placé toujours en premier pour inscrire les propres mots de Kafka sur lequel apparaît le nom de l’auteur (dans la toile mineure) et le visage de Giorgio sur le point de se noyer les bras tendus vers le ciel (dans le grand tableau).
     Il est difficile de dire si Jeanmart est parvenu à rendre en images toute la profondeur du texte de Kafka car la transposition synesthésique du signe écrit à celui figural tient souvent de l’entropie du sens restitué par l’interprétation personnelle ; ce qui est sûr, c’est que sa peinture restitue avec une approximation excellente l’intensité énigmatique et inquiétante de la littérature de l’auteur pragois.

Giancarlo Pagliasso

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