Monographie
LE MAÎTRE ET LA MARGUERITE ET LE TRANSPORT
       ARTISTIQUE DE LA TULIPE
              (Autant en emporte le vent...)
par Gérard-Georges Lemaire
mis en ligne le 18/04/2012

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           Youngsu Oh refuse d’être considérée comme une artiste. Mais les objets (sous forme de projets) et les meubles et les choses traduits dans le réel dont elle est l’auteur se situent aux confins de l’activité artistique. Idéalement, ce sont des créations qui pourraient être reproduites à l’infini et déclinées dans toutes les couleurs concevables. Mais cela ne retire rien au fait qu’elles peuvent être considérées comme une manifestation artistique qui s’inscrit dans l’esthétique du monde concret, celui de notre intimité ou celui de l’espace public. Ce refus catégorique peut être interprété comme une forme de pudeur et de modestie. Sans doute voit-elle l’art comme un sommet qui ne serait accessible qu’à quelques rares élus. Et puis ceux qui s’intéressent à l’art chinois, japonais ou coréen savent pertinemment que l’art a été d’abord un art spirituel, sinon religieux, fruit d’un long apprentissage et, plus encore, d’une longue et âpre maturation intérieure. Elle ne veut pas que son travail, qui est néanmoins le résultat d’une réflexion lente et complexe, soit mesuré à l’aune d’un art qui ne s’attache qu’à la pensée et à la relation de la pensée humaine avec le monde tangible.
              Cela étant dit, elle a réalisé en 2009 une « installation » en partant d’une boule de silicone et elle a conçu des colonnes qui ont constitué un véritable événement artistique.
              La céramique est entrée dans sa vie. Elle ne faisait pas vraiment partie du répertoire des matériaux dont elle a l’usage. Mais diverses rencontres et certaines circonstances l’en ont rapprochée : une résidence d’artistes où se trouvait une manufacture de céramique bien connue, les amis artistes (dont une créatrice brésilienne), des expositions, les conseil d’un directeur de galerie et la fréquentation d’artistes qui s’y sont dédié l’ont conduit à s’y intéresser de près. Il ne s’agissait pas pour elle de choisir une forme (materiale), d’en faire un objet matérialisé grâce aux techniques de la céramique. Elle désirait penser la céramique en soi et pour soi. Sans autre fin que la production d’un objet à la fois pondéreux et immatériel.
              Penser la céramique, à ses yeux, c’est en premier lieu faire l’expérience d’un matériau et d’une relation physique avec l’argile et ses qualités. Vient ensuite l’enseignement d’un mode sophistiqué de préparation et de cuisson. Youngju Oh fait réaliser ses céramique à Nove, près de Vicence et y affronte les problèmes afférents à cette élaboration complexe et délicate.

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