Monographie
LE MAÎTRE ET LA MARGUERITE ET LE TRANSPORT
       ARTISTIQUE DE LA TULIPE
              (Autant en emporte le vent...)
par Gérard-Georges Lemaire
mis en ligne le 18/04/2012

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              Que ce soit la marguerite ou la tulipe, dans l’esprit de l’artiste, il n’est question que de tropes esthétiques.
              La poésie utilise les choses pour leur valeur métaphorique. Yangju Oh ne fait rien d’autre. Ces pétales ne sont plus des pétales et ces marguerites ne sont plus des marguerites. Ce que nous voyons d’abord ce sont d’abord des pétales de marguerites et puis, si nous nous arrêtons pour les contempler, nous y discernerons bien d’autres choses. Des choses qui appartiennent à l’imaginaire, au rêve. La transmutation qu’elle a opérée par la stylisation a produit ses effets. Le poids de la céramique n’empêche pas que ces pétales semblent légers comme une plume. Ces paradoxes sont l’essence même de sa création. Elle a souhaité que le souffle du vent, que l’imperceptible et capricieux cheminement de la brise soit l’autre dimension de son œuvre : les éléments se conjuguent au-delà de leur opposition de surface : l’air et la terre sont les agents de son installation. Elle s’en explique dans une lettre où elle me disait : « Tout projet a ses espaces, et chaque espace a son âme. Pour penser à une œuvre d’art et penser comment faire une maison n’est pas fondamentalement différent (souvenez-vous que je suis architecte) ; quand je pense à un objet précis, je pense sa forme et de quelle façon elle trouvera sa place dans l’espace – mieux encore, je tente de créer en même temps l’œuvre et l’espace où l’œuvre devra vivre, exactement comme un architecte engendre les volumes vides à travers le plein des murs, des arcs, des surfaces : je construis les espace (qui n’ont pas de corporéité) grâce aux éléments constructifs, qui ne sont peut-être pas aussi importants.
              « Dans Breeze, un pétale de marguerite n’est pas un pétale ; c’est une courbe, une sinuosité, qui se plie et est flexible. La forme transcende l’objet représenté qui reste néanmoins le prétexte servant à exprimer autre chose : légèreté, suavité, candeur, délicatesse.
              « Mais si l’élément seul, le pétale en soi, exprime tout cela par sa forme, le jeu que je joue se compose dans la structure des pétales juxtaposés dans l’organisation de formes complémentaires. Dans ce mouvement du vent, la marguerite disparaît et la seule chose représentée est ce mouvement infime de la brise qui, elle, ne l’est pas. »

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