Galerie Richard,
514 West 24th Street, New York
(12 avril-26 mai 2012)

Les artistes et les expos
noise anusmOs
par Giancarlo Pagliasso

Traduit de l'italien par Gérard-Georges Lemaire

En un certain sens, l’usage de virus informatiques toujours plus sophistiqués pour annihiler et rechercher les images n’est plus envisagé comme exercice métaphorique, limité à la seule sphère artistique, mais comme possibilité synestétique de visualisation « biologique » du processus naturel des attaches contre la structure même des figurations infectées.

Cette conscience procédurale, qui peut s’étendre au corps figural de l’imaginaire produit par notre société du simulacre élevé au rend de spectacle intègre à la sensorialité multiple « distraite » permise par l’art du bruit (dont les fondements théoriques vont du rhizome de Deleuze et Guattari à la pataphysique d’Alfred Jarry, de Georges Bataille à la théorie du chaos, jusqu’à la rumoristica de Russolo et aux neurosciences) permet à l’artiste d’orienter son bagage iconographique dans le sens de l’excédent (néobaroque) et de l’indétermination (néoabstraite).

Avec nOise anusmOs, Nechvatal propose la visualisation du lien de la rétine et de l’anus humain avec le cosmos grâce à un parcours de connexion symbolique entre l’univers des bruits et l’intériorité psychique.

Ces deux composantes réagissent l’une avec l’autre « dans un plexus d’audace imaginative et artistique et de spiritualité érotique », engageant le spectateur dans un « flux dionysiaque de nature cosmologique ».

La référence évidente à l’interprétation « désirante » de Nietzsche (que Nechvatal a puisé chez Deleuze et Bataille) trouve l’occasion plastique adéquate dans neuf grands tableaux qui illustrent l’attaque des virus contre les organes, en venant à reconfigurer en terme de prolifération abstraite l’infection pathologique virtuelle comme nouvelle trame figurative sur la composition précédente.
Le recours à l’assistance robotisée d’une machine à jet d’encre, pour fixer sur la toile veloutée et satinée les images, confère une valeur picturale tactile et un plaisir visuel à chacune des œuvres. Le processus d’agression des images è mis en exergue dans quatre œuvres auxquelles un viseur a été ajouté et qui montre le montre le virus en action se répandre et « défigurer » la construction de l’image d’origine (toujours un anus ou un œil).

A la fin du vernissage, Mechvatal a présenté, pour compléter son projet, près des études Harvestworks (596 Broadway) la première mondiale de la version remastérisée de sa symphonie viral symphOny (dédiée à sa épouse, Marie-Claude), comme exemple concret d’immersion totale dans le son-bruit.

Giancarlo Pagliasso
Traduit de l'italien par Gérard-Georges Lemaire

mis en ligne le 12/07/2012
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