Les artistes et les expos
Les mises en boîtes de Carlo Marcello Conti
par Gérard-Georges Lemaire

        L’histoire de la poésie visuelle a maintenant près de cent ans si l’on songe aux mots en liberté (parole in libertà) de Filippo Tommaso Marinetti et aux calligrammes de Guillaume Apollinaire.

        Mais l’histoire ménage beaucoup de surprises si l’on veut bien l’interroger. Des incunables du Moyen Age renferment parfois des dessins dans les textes sacrés, à commencer par des croix, mais aussi des formes complexes et souvent cryptiques au point même qu’on a souvent du mal à les discerner. Pendant la Renaissance, des objets sont composés à des caractères d’imprimerie. Et dans l’Empire ottoman, la calligraphie figurative a été un art cultivé avec une imagination infinie.

        Carlo Marcello Conti ne s’est jamais vraiment inscrit dans une perspective remémorant les recherches antérieures effectuées dans ce domaine. Ses travaux doivent peu aux futuristes, à MM. les Dadas, au surréalisme, ou encore à Fluxus. Il n’a pas épousé la cause exclusive de la poésie typographique ou de la poésie sonore, bien qu’il ait fréquenté nombre de poètes engagés dans ce genre de création. Il a préféré s’insinuer dans une autre dimension où la peinture épouse étroitement la peinture. Il s’agit ici d’une autre histoire où l’art pictural introduit en son sein différents modes d’écriture au moment même où les artistes s’emploient à manipuler les figures avec la plus grande liberté, comme on peut le voir chez Picasso, Matisse, Franz Marc ou August Macke. Le cubisme, l’expressionnisme, le fauvisme métamorphosent l’espace plastique et anamorphosent l’être humain. Les cubistes comme Braque et Picasso utilisent des coupures de presse et des réclames dans leurs tableaux ; les futuristes, surtout Giacomo Balla et Fortunato Depero, emploient des lettrines ou des mots qu’ils peuvent placer dans des perspectives excessives. Les mots entrent en force dans les œuvres de grands artistes comme Antoni Tapies et Cy Twombly. Et puis il y a le nom de toutes ces marques connues en Amérique chez Andy Warhol ou même chez le jeune Mario Schifano. Si l’on y prête soigneusement attention, l’écriture a littéralement envahi la peinture après la dernière guerre. Il suffit de penser à Joseph Beuys et à l’Art conceptuel dans son entier.

mis en ligne le 12/07/2012
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