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Chroniques des lettres
Chronique de l’an VI (3)
Chroniques des lettres : Chroniques de l’an VI (2) par Gérard-Georges Lemaire
par Gérard-Georges Lemaire
Eloge de la mémoire
“Les Classiques de l’art”,
Flammarion,
192 p., 9,95 ¤
Flammarion poursuit la publication des monographies d’artistes du passé dans la collection baptisée « Les Classiques de l’art ». On y trouvera un Piero della Francesca, présenté par Pietro Allegretti, un Titien, introduit par Sylvie Béguin, Caravage, qui offre une surprise : c’est le peintre Renato Guttuso apôtre du réalisme dans l’Italie de l’après guerre, qui est l’auteur de la préface. Enfin, un Cézanne est doté d’un très beau texte du poète Alfonso Gatto. Sans doute cette collection ne peut pas remplacer les « Classiques de l’art » qu’avait créés Rizzoli, que Flammarion avait repris, et qui se singularisaient par d’excellents et utiles catalogues raisonnés en fin de volume. Mais elle offre un ensemble de monographies soignées, intelligentes, offrant l’essentiel des informations utiles à la découverte de ces artistes.
Histoires de peintures,
Daniel Arasse,
“Folio essais”, Gallimard


La série de vingt-cinq émissions que le regretté Daniel Arasse avait réalisée pour France Culture vient d’être rééditée en livre de poche. C’est sans doute l’une des meilleures initiations que l’on puisse trouver à la peinture ancienne : Arasse était non seulement un historien d’art compétent, mais aussi un narrateur hors pair. On y retrouve des considérations sur la relation entre Manet et le Titien, une histoire raccourcie mais révélatrice du maniérisme, une digression sur le rapport paradoxal de Léonard de Vinci avec la perspective, un commentaire sur l’interprétation des Ménines de Vélasquez par Michel Foucault, etc. En dehors de sa valeur pédagogique, ce livre est aussi un plaidoyer en faveur d’une histoire de l’art débarrassée de toute sortes de préjugés et de médiocrités.
L’Invention du corps,
Nadeije Laneyre-Dagen,
“Tout l’art”, Flammarion


Toujours chez Flammarion, il faut signaler la réédition de l’excellente Invention du corps de Nadeije Laneyre-Dagen. Cette étude très poussée traite de nombreuses questions que pose la représentation de la figure humaine dans l’art occidental. Le premier chapitre est déterminant dans cette optique car il traite de l’introduction de l’ombre, ce qui ne correspond pas seulement à un problème technique, mais à une conception de la corporéité. Si le sujet n’est pas épuisé (comment le serait-il), l’ouvrage a le mérite de délimiter un vaste champ d’investigation, de l’expression des émotions à la figuration de la finitude. En somme, il doit faire partie de la bibliothèque de tout honnête homme.
Hautes et basses modernités
L’Art contemporain,
histoire et géographie,
“Champs”, Flammarion
Catherine Millet est bien décidée à nous enseigner la vérité sur l’art contemporain. L’ouvrage qu’elle vient de rééditer, passablement augmenté, est d’ailleurs tout à fait recevable et représente une excellente introduction à la question. Mais elle évite bien de répondre à la question fondamentale, la notion d’ « art contemporain » peut-elle perdurer indéfiniment? La notion d’art moderne a duré bien trop elle aussi. Mais elle avait une excuse historique sous la forme d’un précédent – la modernité est une attitude par rapport à la revendication d’un modèle classique (il y a en fait eu plusieurs querelles des anciens et des modernes, le romantisme étant l’une de ses dernières manifestations. Mais dans le cas présent, le qualificatif de « contemporain » évite de devoir cataloguer ce qu’on ne peut cataloguer. En réalité, la perte du principe d’oeuvre d’art (sauf, étrangement, dans la sphère de la spéculation) et même de l’existence de l’art empêche toute possibilité de trouver de nouveaux termes. Et si l’art contemporain donne le sentiment de « coller » à la réalité, il échoue à s’y inscrire. Avec Millet, ne sommes-nous pas en train d’assister à l’heure vespérale de cette idéologie vieillissante dans un recueillement religieux et inquiet.
Le Mouvement des images,
Philippe Alain Michaud,
Centre Georges Pompidou


L’heure semble être aux comparaisons, aux bilans, aux mises en perspective. Le catalogue de l’exposition Le Mouvement des images qui s’est tenue aux Centre Georges Pompidou en est bien la confirmation. Ce que Philippe Alain Michaud a entendu démontrer m’échappe un peu et je n’éprouve guère l’envie de le découvrir. Je me contente de constater que les oeuvres d’art servant à sa démonstration sont réduites à la dimension réductrice de l’image. Il est vrai que Warhol est parti de clichés – il n’est que trop logique que ses oeuvres retournent à leur origine. En dehors de cela, l’intérêt de cette publication est de comprendre comment le mouvement (celui des corps, mais aussi celui de l’esprit et de la narration) s’est traduit dans les arts plastiques. Mais là, je dois dire que l’absence des futuristes italiens est consternant: toute leur révolution esthétique reposait sur le dynamisme plastique…
Sean Scully,
Laure Beaumont Maillet,
“Découvrons l’art”, Cercle d’Art


L’artiste irlandais Sean Scully est sans doute, avec Aurélie Nemours (qui appartient à une toute autre génération) l’un des derniers grandes peintres abstraits dans la tradition moderne). Ce qui fascine chez lui, c’est le mélange subtil de rigueur dans la construction de l’espace et la sensibilité qu’il introduit dans ses plages colorées, une sorte de vibration et de tremblement infime qui transpose une émotion absente a priori de ses architectures formelles. Cet album constitue une belle initiation à ce travail.

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mis en ligne le 07/06/2006
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