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Albert Chubac
ENFIN !
Albert Chubac ENFIN ! par Sophie Braganti
par Sophie Braganti

Chubac fait partie de ces artistes dont l’atelier, la personnalité et la vie fusionnent avec l’ oeuvre, et c’est un moment très attendu que de voir déménager cet univers, dans les salles du MAMAC. Tout y est sauf les chats et les échos de la lumière que l’on trouve sur les collines de Nice se répercutant sur le dos des aromatiques et des cigales. Sauf aussi cet angle de vue qui se déplace, à un rythme lent dans l’éclat du panorama. Tout y est des débuts où l’heure était à la peinture, jusqu’aux « bricolages » que Robert Pinget avaient déjà repérés dans leur absence de narration et dont il écrivait en 1965 : « Il nous propose aujourd’hui, après un travail acharné de plusieurs saisons de solitude, des objets colorés qui refusent de se laisser
peindre ». Collages sur papier, assemblages, sculptures en plexis, mobiles de tout et de rien, de bric et de broc où s’enracine l’étonnante fragilité du monde et son équilibre qui ne tient qu’à un fil. Albert c’est celui qui contemple durant des heures la pelote emmêlée qui ne cesse de se dérouler à ses pieds et que, du fond du paysage, les discours n’atteignent pas. Albert c’est celui qui tient tête à ceux qui voudraient théoriser deux heures sur le mot « simple », qui colle si bien à son travail géométrique à côté du mot « épuré ».

Albert Chubac ENFIN ! par Sophie BragantiVoisin de Ben, il est étonnant de voir comment des montagnes se sont érodées ensemble sans jamais vraiment se rencontrer. Quand l’un se plaît aux bruits, l’autre cherche les espaces du silence. Tout les sépare sur quelques vols de mouettes et l’histoire de l’art de Nice les rassemble immanquablement (et moi aussi du coup).
Son oeuvre est marquée d’étapes déterminantes comme ses débuts après les études aux Arts nombreux voyages. Marqué par Klee, Kandinsky, Miro, Picasso il nourrit ses influences avec des rencontres fortes : De Staël, Raysse, Gilli et ceux que l’on trouvera dans ce qu’on appelle encore l’école de Nice (qui on le rappelle, n’est rien d’autre qu’une somme d’artistes ayant travaillé dans Nice et ses environs autour des années 60) et chez les Nouveaux Réalistes. Judicieusement accrochée, l’exposition restitue un peu du bazar de l’atelier où les couleurs primaires dominent les rares complémentaires. L’entretien mené par G. Perlein et P. Padovani nous donne presque le son de sa voix et justement le fond de sa pensée derrière un oeil bien lumineux.
Une donation de plus de cent œuvres de 1955 à nos jours, voilà le cadeau. Comme Niki de Saint Phalle l’hommage n’est pas volé. Enfin une rétrospective à celui qui n’a pas peur du mot « gaieté » et qui s’impose avec une incroyable légèreté, dans
l’évidence de son art.

Né en 1925 à Genève, Albert Chubac vit et travaille à Aspremont (AM).
Exposition jusqu’au 16 mai 2004 au MAMAC et à la galerie Joël Scholtès à Nice.

Sophie Braganti
mis en ligne le 15/07/2004
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