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Les DVD par Guillaume de Boisdehoux
par Guillaume de Boisdehoux
Dans notre dernier numéro, j’avais exprimé, avec le sens de la nuance que vous me connaissez, quelques opinions sur les militaires de carrière. Mes bien chers lecteurs, je voudrais que nous ayons, ensemble, une pensée pour la très difficile reconversion de pauvres militaires à la retraite. Songeons-y ! Alors que 15 années d’engagement garantissent la retraite à tout militaire de carrière, ce qui donne un revenu appréciable, payé par nous, à ces ex-chômeurs en retraite à 35 ans au plus, les généraux (ceux qui ont des petites étoiles en tôle sur le chapeau tubulaire) prennent, eux, leur retraite plus tard. Il a fallu attendre l’avancement à l’ancienneté, puisqu’il n’y a plus de guerre et que seuls les colonels peuvent encore donner l’ordre d’étouffer (au sens propre) la rébellion en Côte d’Ivoire. Tiens, vous avez vu comment ont été qualifiés les Français qui vivaient là-bas, prolongeant 45 ans après l’indépendance les bienfaits de la colonisation ? Des « rapatriés ». Comme ceux qui, entre 1830 et 1960, vivaient dans un des trois départements français qui constituaient l’Algérie. Bon, et les généraux ? Comme le relate le Canard Enchaîné, un des deux seuls hebdos français dignes d’être lus, dans son édition du 25 janvier 2006, environ 130 généraux chaque année « retombent dans l’univers impitoyable de la vie civile. Et ils n’ont, pour survivre, que leur retraite, qui oscille, selon le nombre d’étoiles (de deux à cinq), entre 3.700 et 6.000 euros par mois. » Y’a pas de général UNE étoile ?
Or, après avoir vécu une bonne vingtaine d’années sans dépenser le quart de sa solde, étudiant (au mieux) aux frais du contribuable, se faisant véhiculer dans des voitures de l’armée aux frais du contribuable, héberger dans des casemates de l’armée aux frais du contribuable, habiller dans ces magnifiques uniformes aux frais du contribuable, nourrir par des mess et alcooliser hors taxes aux frais du contribuable, il ne peut rester grand chose comme économies à ces futurs pauvres. Alors, la ministre des armées, un sacré cas celle-là, vient de signer un décret sur l’attribution d’une « indemnité d’accompagnement de la reconversion ». Comme l’écrit Le Canard : «On respire pour eux ! ». Je renvoie le lecteur à cet article, que je conserve pour ceux qui douteraient encore que la France a une armée bien entretenue et des retraités étoilés à l’abri du choc du retour à la vie civile ! Et pourquoi pas une cellule d’accompagnement psychologique? Parce qu’il n’y a RIEN sous le képi, circulez.


Ginger et Fred
Federico Fellini
Massacré par «Le Monde».

Quand un journal perd des lecteurs chaque année, ce qui est malheureusement le cas de beaucoup de journaux, en France en particulier, il tente, par tous les moyens, de se refaire des lecteurs. Après plus de trente années de fidélité, j’ai cessé d’acheter Le Monde. Un concert de Françoise Hardy était « critiqué » sur une pleine page en « rédactionnel » sans mentionner la co-production du disque et du concert, le Président du Conseil de Surveillance, plagiaire avéré et condamné en appel se targuait de conseiller un nain de banlieue qui se voit déjà empereur. Basta. J’ai trouvé un très bon substitut et je ne suis pas moins informé, loin de là. Il restait le DVD du numéro du dimanche, et je regardais de temps en temps ce qui sortait.
Fin janvier, j’ai acheté le numéro avec DVD pour ce chef d’oeuvre de Fellini, Ginger et Fred, vu à sa sortie et dont je n’avais rien oublié mais que j’avais envie de revoir. Quand j’ai mis le disque vidéo dans le lecteur, j’ai cherché le choix des langues, comme sur tout DVD, même aux prix les plus bas, disponible à Paris aujourd’hui. Il n’y avait PAS DE CHOIX. La langue, la seule, était le Français. Une belle langue, que j’aime, mais qui n’est pas celle de Giuletta Massina, de Marcello Mastroianni, ou de Fellini.
Et comme le DVD est collé (au point de déchirer le papier en le décollant), il est IMPOSSIBLE de savoir que ce film est seulement en Français. Il s’agit donc d’une escroquerie, puisque la « qualité » du produit n’est pas visible à l’achat.
Outre les 6 euros, dépensés pour rien, il m’est impossible de regarder un film doublé, avec les mêmes voix d’acteurs de seconde zone, il est lamentable pour un journal qui s’est voulu de référence, de s’abaisser à ce niveau d’escroquerie mercantile. J’attends encore, après courrier, le remboursement.


La Fille à La Valise
Valerio Zurlini,
MK2 Editions
Ah, « La Claudia » ! C’est ainsi que les Italiens d’avant Berlusconi, espèce hélas en voie de disparition, comme le Français d’avant TF1, Sarko et Galouzeau qui ne sera plus qu’un souvenir lorsque le raisonnement aura été, définitivement cette fois, remplacé par le vomi nauséeux de journaux télévisés, balancé de soirée mondaine en groupe de réflexion, en guise de pensée, c’est ainsi qu’ils appelaient Claudia Cardinale. Une génération de belles italiennes se prénomme Claudia, il est facile de leur donner leur âge, elles sont nées à la sortie de ce film. Il en est de même des Philippe des années qui virent la chaleureuse amitié Franco-Allemande s’épanouir, 1940-44, avant que LA Résistance de TOUS les Français (tu parles, Charles !) portât un grand nombre de Charles (justement !) sur les fonds baptismaux. Après, ce fut le tour des Kevin et Morgane, « vedettes » de la bouche d’égout télé.
Claudia, quelle beauté, quel sourire, les yeux, la bouche, bon j’arrête, ça va me donner des idées et il ne faut pas avoir de pensées impures!
Jacques Perrin en a de la chance, ce bonhomme. Le voir avec, soyons gentils, « le recul » des années, pour ne pas dire « cinquante ans de moins » est touchant. Il aurait pu être un bon acteur. Ce film est un régal. Il évite certains clichés un peu trop exploités du néo-réalisme italien de l’après-guerre, par exemple celui de la famille de six personnes sur UNE Vespa, il montre que cette guerre a rendu les pauvres plus pauvres et a plutôt enrichi les riches, comme d’ailleurs toutes les guerres, il est plein d’une pudeur que MA Claudia (tu veux bien, dis ? merci) traduit parfaitement à l’écran.


Pavillon Noir
Franz Borzage,
Ed. Montparnasse Collection RKO

L'Ile des Morts
Mark Robson
Ed. Montparnasse Collection RKO

La Femme sur la Plage
Jean Renoir Ed. Montparnasse Collection RKO

Une Fille dans Chaque Port
Chester Erskine Ed.
Montparnasse Collection RKO

C’est à dessein, en insistant pour que la mise en page ne fasse pas l’impasse dessus, que j’ai reproduit le nom de l’éditeur et de la collection. En effet, ce sont maintenant environ 75 films du catalogue RKO que les Éditions Montparnasse ont sorti sur le marché français, à un prix compétitif (15 E pièce). Je n’ai pas vu, ni reçu d’ailleurs, tous les films de ce catalogue. Dans un tel ensemble, cohabitent des perles et des films moins indispensables mais très intéressants dans une optique historique. Des quatre mentionnés ici, je ne voulais pas rater le dernier cité, un film marxiste, tendance Groucho et… et bien c’est Groucho sans ses frères. S’il constituait plus du tiers avec les deux autres, c’est moins ici. Dommage.
Je ne sais pas qui est ce M. Serge Bromberg, qui «présente» chaque film, mais je recommande à tous ceux qui n’ont pas envie d’entendre des platitudes dites avec une suffisance indécente de ne pas perdre les quelques minutes que l’éditeur lui offre.


Le Film Est Une Arme
Les Groupes Medvedkine
Éditions Montparnasse
Quelles années! 1967 – 1973, de Besançon (Doubs) à Santiago (Chili, plus loin). À revoir des images de cette époque, et ces images militantes, en écho à ce qui se fait aujourd’hui, pas seulement en images mais avec la vie des gens, un sentiment d’échec profond saisit. Tout ça pour rien? À voir, ce n’est pas le débat et ce genre de débat, de toutes les façons, n’existe plus, remplacé par le vomi évoqué plus haut. Utopie, le mot est utilisé par un des cinéastes de cette «mouvance», du nom du cinéaste soviétique déjà «critiqué» dans ces colonnes.
Sûrement mais, quitte à me répéter, je préfère avoir été utopiste avec ces idées que réaliste avec les matraqueurs encore choyés par les héritiers (en plus minable) du SAC et de Marcellin que sont les guignols de Beauvau et Matignon aujourd’hui. Oui, je préfère avoir rêvé d’un monde meilleur en 1968 et après qu’avoir été gaulliste en 1968 et après.
Sans ces films, il ne resterait rien d’un monde, le monde ouvrier, qui est en train de disparaître, ici en tous les cas, maintenant qu’on ne peut plus (triste époque Mme Parisot) exploiter les ouvriers en France comme à la fin du XIX e siècle sans qu’ils osent s’en plaindre. Il restera, peut-être, des images de la même exploitation faite en Chine ou ailleurs, des merveilleux pays (n’est-ce pas M. Le Baron Seillière) où on la ferme. Oui, le film est une arme, camarade!

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mis en ligne le 05/01/2006
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