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DVD : Du meilleur au pire
VERSO : les dvd : LE DVD, support culturel du XXI° siècle ? par Guillaume Boisdehoux
Chabrol/Huppert
MK2 Vidéo, coffret de 5 DVD.

J'ignore si Isabelle Huppert tient ou non la place qui fut celle de Stéphane Audran autrefois dans la vie de Chabrol, et peu importe d'ailleurs, mais ce coffret de 5 films prouve que 1'adéquation entre ce cinéaste et cette actrice, tous deux parmi les plus grands de notre pays, est une réussite qui frôle la perfection.

Ne présentons plus ni Chabrol ni Huppert, ce serait leur faire insulte. Sachons que Chabrol a réalisé au moins 52 films entre 1958 et 2000, parmi lesquels je n'en connais qu'une trentaine (j'étais absent quelques années de notre si beau pays) et, dans cette trentaine, je ne connais pas un seul navet

Quant à Huppert, elle est cinq femmes totalement différentes l'une de l'autre dans ces cinq films, quand elle ne se métamorphose pas plusieurs fois dans le même ! Inoubliables transformations d'Emma Bovary, aisance parfaite dans des rôles de PDG (Merci pour le Chocolat, avec le merveilleux Dutronc) ou de postière peu sociable dans La Cérémonie, de femme escroc dans Rien ne va plus ou, mon favori dans ces cinq peut-être, cette épouse qui " se débrouille " pendant l'Occupation dans Une Affaire de Femmes.

MK2 annonce deux autres coffrets Chabrol et trois coffrets Truffaut de quoi nous régaler.

Si chaque DVD des séries à venir est aussi magnifiquement réalisé que ceux de cette série, avec les commentaires de Chabrol, réalisés au moment où le DVD est fait, donc avec un recul très bénéfique, des images de tournage qui révèlent la complicité entre Chabrol et ses acteurs, alors ce sera un bonheur.


Mazeppa, 1993 - Chamane, 1995 Réalisateur: Bartabas, MK2 Vidéo

Sans jamais, hélas, avoir encore vu un spectacle de Bartabas, je l'avais entendu à la radio et avais été impressionné par son verbe. Cet homme vit PAR le cheval, voit le monde par le cheval, respire par le cheval.

Qu'un animal puisse susciter une telle passion m'interroge, je préfère le commerce des humains et n'ai pas la moindre aisance face à une énorme bête. Sans rien connaître à l'espèce chevaline, j'ai toujours été très rétif, voire révolte, au spectacle de chevaux dénaturés, sur des pattes trop frêles pour les supporter, à qui l'on fait faire des sauts dangereux. N'aimant pas les courses, il fallait la magie du verbe de Bartabas entendu un jour, il y a longtemps, pour que je voie ces films.

L'enchantement est total. Que cet homme, dont le langage est celui, simple, de ceux qui ont peu lu, soit capable d'exprimer son réel génie par le cheval et nous offre une telle traduction de ce génie par ces deux fils, voici un prodige.

Mazeppa est l' histoire (imaginée je pense) de la rencontre entre le peintre Géricault (lui savait peindre !) et " le maître ", bien entendu, nul autre que Bartabas lui-même, alias Franconi, patron du cirque du même nom, Géricault croit savoir peindre un cheval alors qu'il ne peint qu'un piédestal à soldats, ces soldats qui, selon Franconi, sont les seuls, avec les imbéciles, à épuiser un cheval sous eux.

Entre les deux maîtres se développe une relation dans laquelle il ne peut y avoir de vainqueurs, par définition. Bartabas nous montre son cirque, c'est magnifique, confondant, à couper le souffle. Géricault (qui, Desproges aurait bien rigolé, est mort à la suite d'une chute de cheval, à 33 ans ! ) est très bien interprété par Migel Bosé, aussi brillant qu'inattendu,

Un très beau film à voir par même ceux qui connaissaient, mieux que moi, Bartabas et son cirque Zingaro.

Chamane nous emmène, avec, bien entendu, des chevaux, yakoutes cette fois, d'un Goulag à Irkoutsk, dans la Sibérie soviétique. Il y a une intrigue, cette de l'évasion simultanée de ce goulag par deux hommes, dont un chamane yakoute, I'autre étant un violoniste de Moscou.

Les images sont superbes, les paysages étonnants, les portraits d'individus comme de chevaux surprenants.

Ce " road movie à cheval en URSS " qu'est ce film, si on veut le ranger dans une catégorie, est surtout pour Bartabas, me semble-t-il, une occasion de nous faire partager l'universalité de son génie. Son universalité est permise par l'intimité de sa connaissance des chevaux, connaissance partagée par tous ceux qui, à la surface du monde, ont à faire aux chevaux et les aiment. Il y a des chevaux partout, des hommes partout, des croyances partout. Aucune croyance, à condition qu'elle ne prône pas le massacre organisé, est supérieure à une autre.

Les deux films sont disponibles séparément ou en coffret. Les suppléments de programmes sont excellents, un produit parfait ici encore.

Il y a ici un usage parfait, au sens large, des moyens de l'industrie cinématographique qui devient audiovisuelle. Marin Karmitz (patron de MK2), a produit les films, MK2 les a distribués et MK2 Vidéo/DVD les distribue, avec des suppléments de programmes remarquables. Ceci est un exemple d'intégration qui n'est pas celle d'un conglomérat à l'américaine, qui ne vit pas de " gros coups " tous les trimestres ou, comme c'est maintenant la situation outre-Atlantique, en pariant sur des succès d'un seul week-end. C'est du long terme, de l'artisanat.

Quelle meilleure illustration de cette exception culturelle française que méprisa un temps un poupon aussi sur doué qu'immature, aussi arrogant que minable mais, il y a une forme de justice, descendu de son piédestal virtuel encore plus vite qu'il n'y était monté ? Marin Karmitz n'est pas philanthrope et il a raison, mais il est un passionné et nous ne pouvons que le féliciter pour sa passion qui alimente la nôtre. Bravo et merci.


Furyo
Réalisé par Nagisa Oshima

Distribution DVD Opening David Bowie, rock star cotée en bourse (oui, c'est vrai) est aussi un extraordinaire acteur. Dans ce film de 1983, il est un prisonnier anglais dans un camp japonais.
Les camps de prisonniers de guerre, où que ce soit, ont rarement été des modèles de respect des droits de l'homme, de droits du soldat. Les Japonais n'ont pas conservé, en Orient, une réputation de tendres. Avec Tom Conti et Takeshi Kitano, qui devint réalisateur plus tard, un trio extraordinaire dans un monde
impensable, mais pourtant si proche.

Opening offre un coffret de deux DVD, I'un pour le film, I'autre est un " bonus " qui est remarquable.


Arachnid
Réalisé par Jack Sholder, Studio Canal.

Du temps (lointain} où je m'organisais pour voir une dizaine de films en salle par semaine, quand on pouvait voir dix bons films en salles à Paris chaque semaine, un temps révolu donc, je m'offrais le luxe de voir des films dont je savais à la fois qu'ils ne me plairaient pas et qu'ils étaient des . films - témoins. d un genre. A ce titre, je me rappelle Alien, La Tour Infernale.

Je n'avais pas encore eu affaire à l'insecte mutant qui attaque les hommes dans une île qui, sans cette araignée, serait, bien entendu, paradisiaque. Il fallait le voir, effets spéciaux garantis, frissons et grandes peurs...


On the run
Réalisé par Bruno de Allei0da, One plus One

Très belle collection " ciné talents ". Oui, il faut encourager ce coup de pouce aux films qui, lors de leur sortie en salle, ont été écrasés par un " blockbuster " de mon homonyme américain qui, trustant entre 800 et 900 salles en France, tente toujours de tuer les productions plus modestes. Ce film mérite d'être vu, le très jeune réalisateur a de l'avenir, il a choisi le pays le plus difficile pour réussir, émigrant à nouveau de France vers les USA après être venu du Portugal. Très bomme ambiance, il ira loin,

Mais peut-on instaurer une " loi de la navigation DVD " qui harmoniserait un peu les moyens d'obtenir, par exemple la version originale AVEC sous titres, j ai échoué,..


Bridget Jones ( le journal de... )

Dans l'hystérie communicante que nous connaissons aujourd'hui, Le Journal de Bridget Jones a été présenté comme un phénomène de société. Le livre a, bien entendu, atteint des chiffres de vente étonnants, dans tous les pays, un peu comme Harry Potter (analogies ?) et le film est appelé au même succès.

C'en est au point où, a ors qu'elles sont déjà fournies en produits de merchandising tous plus débiles l'un que l'autre, des jeunes femmes en quête d'âme sœur se baptisent Bridget Jones, ce qui leur permet au passage d'éviter les questions sur leur poids ou leur quotient intellectuel, ici en proportion inverse semble-t-il.

Pour paraphraser Marx (Groucho, le seul qui ait été plus sérieux que Karl), qui voulait empêcher les Warner Brothers de s'appeler " Brothers " puisque ces derniers voulaient empêcher la sortie du film . Les Marx à Casablanca.), je commencerais par contester l'utilisation libre des mots " Le journal de " puisqu'il existe au moins un Journal, celui de Anne Franck, qui peut porter ce qualificatif Je ne reviens pas sur le thème du journal de Anne Franck, mais il va bien falloir souligner les " grands thèmes " de celui de Bridget Jones, rappelés en jaquette: " j'arrête de fumer, de boire, de £1irter avec mon boss, je fais un régime, j'arrête mon régime... "

Le niveau est ici posé. C'est celui du cul. Pas le cul joie ou source de plaisir, mais une masse immonde et difforme, témoin du gavage aux substituts de tétine tant appréciés des grosses adolescentes aux pantalons à la taille si basse qu'on voit, c'est fait exprès bien entendu, l'élastique du string au dessus. C'est le cul fantasmé mais jamais vécu par ces " jeunes femmes " dont on peut se demander en quoi elles plairaient à qui que ce soit, le cul véhicule d'une absence de pensée dont l'expression se réduit à des " ouais c'est bon ". Voilà le niveau de B. Jones. Finalement, Harry Potter a au moins, le mérite de faire rire et de faire peur à des enfants de cinq ans, B. Jones s'adresse à des ados de 15 ans, un niveau nettement plus bas, mais ne critiquons pas " La France d'en bas ", elle a la cote ces temps-ci.

Si un jour, après une catastrophe nucléaire, on retrouvait ce DVD, ou ce film ou ce livre, on pourrait légitimement se demamder si cette " civilisation " fut antérieure ou postérieure à celle des grands singes. Il ne faut pas donner ce DVD, à moins de sauver au moins une adolescente de la débilité irrémédiablement profonde, s'il en est encore temps.

Guillaume Boisdehoux
mis en ligne le 15/11/2002
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