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CINEMA : L'exception culturelle française
Exception culturelle et résistance : la preuve.
Portraits croisés : Marin Karmitz et Thibault de SaintPère MK2 et ONE PLUS ONE
CINEMA : L'exception culturelle française Exception culturelle et résistance : la preuve. Portraits croisés : Marin Karmitz et Thibault de SaintPère MK2 et ONE PLUS ONE
La France est LE pays de l'exception culturelle et il faut en être fier ! Sans la lutte contre une forme d'impérialisme culturel, il n'y aurait plus de cinéma français. Impérialisme culturel ? M. Jack Valenti, le patron du cinéma américain, lors des discussions de 1995 pour le GATT, déclare à un auditoire français : Vous faites de merveilleux fromages. Continuez. Et laissez nous, seuls, faire des films. A la même date, répondant à un délègue français qui lui disait : Vous produisez déjà 95 % des films du monde occidental, que voulez-vous de plus ? Valenti : 100 %, of course (éclat de rire). Ceci n'est pas une idée récente. En 1935, rapporte Sadoul dans son Histoire du Cinéma, l'industrie cinématographique etait jugée stratégique pour l'imposition du modèle de vie américain au reste du monde et les exportations de biens américains. Cela fait tres longtemps que Hollywood est le premier poste a l'exportation des Etats-Unis. En 1947, l'octroi du Plan Marshall à la France fut soumis a l'ouverture inconditionnelle des salles de cinéma françaises aux films américains avec doublage. La France, en 1947, avait faim.

La résistance française irrite, mais les lois de notre pays, l'existence du CNC en particulier, sont nos seuls outils pour continuer à faire des films. Si l'ouverture des frontières et un commerce libre ne sont pas, a priori, une mauvaise chose, tous doivent jouer selon les mêmes règles. Or les studios américains, en refusant de doubler les films français, les condamnent aux 3 salles d'art et d'essai par Cote aux Etats-Unis. C'est la même méthode que la fameuse Loi 301 ~ autorisant le Congres a multiplier les taxes d'importation de produits qui gênent, pour un temps, tel secteur de l'économie américaine.

Marin Karmitz et Thibault de Saint-Pere, respectivement patrons de MK2 et One plus One, ont fait ce choix d'une résistance ACTIVE, pour un maintien du cinéma indépendant, et pas seulement français d'ailleurs. Le cinéma américain indépendant est souvent tres bon. Ils méritent, au moins, un portrait croise dans ces colonnes, d'une part en raison de leur activité d'éditeurs de DVD, d'autre part parce que leurs parcours, les ressemblances et les différences qui les unissent, montrent que cet esprit d'indépendance continue.

Marln Karmitz est né en 1938 en Roumanie et émigre en France en 1947. Diplôme de 1'IDHEC, il a été l'assistant de cinéastes tels que Jean-Luc Godard, Agnès Varda, Jean-Charles Tacchella et Pierre Kast. En 1964, il réalise son premier court-métrage, Nuit noire a Calcutta, d'après un texte de Marguerite Duras puis son premier long-métrage en 1968, Sept Jours ailleurs, avec Jacques Higelin. Les avènements de mai 68 lui inspirent deux films : Camarades (1970) et Coup pour Coup (1972). (Voir les critiques de ces films plus loin.)

En 1971, Marin Karmitz crée sa propre structure de production, MK2, y adJoint une structure de distribution et développe un réseau de salles à Paris, dont la première, le 14 Juillet Bastille, est inaugurée le 1er mai 1974.

La Palme d'Or pour Padre Padrone des frères Taviani au Festival de Cannes 1977 et le Prix d'Interprétation décerne à Michel Piccoli et Anouk Aimee pour Le saut dans le vide de Marco Bellocchio à Cannes en 1980 confirment le concept de cinéma de qualité défendu par MK2.En 1982, à Cannes, cinq films produits et distribues par MK2 sont primes, dont la Palme d'Or pour Yol, du réalisateur turc Ylmaz Gùney.

Parmi les principaux films produits par Marin Karmitz: la trilogie de Krzystof Kieslowski (Trois couleurs: Bleu, Blanc, Rouge), les douze derniers films de Claude Chabrol (Poulet au vinaigre, Inspecteur Lavardin, Masques, Madame Bovary, Betty, Une affaire de femmes, L'enfer, La cérémonie, Rien ne va plus, Au coeur du mensonge, Merci pour le chocolat, La fleur du mal). Citons également: I want to go home d'Alain Resnais, Petits frères de Jacques Doillon, Gabbeh, Un instant d'innocence et Le silence de Moshen Makhmalbaf, La pomme de Samira Makhmalbaf, Le vent nous emportera d'Abbas Kiarostami, Signs & Wonders de Jonathan Nossiter, Code inconnu de Michael Haneke, la coproduction de quelques films des frères Taviani (La notte di San Loreuzo, Kaos, Good morning Babilonia), de Au revoir les enfants de Louis Malle et de L'apiculteur de Theo Angelopoulos.

Marin Karmitz a présente à Cannes l'année dernière La pianiste de Michael Haneke, avec Isabelle Huppert, Annie Girardot et Benoit Magimel, qui a obtenu le Prix de la Meilleure Mise en Sten et les deux Prix d'Interprétation. Isabelle Huppert a été sacrée pour ce film Meilleure Actrice Européenne aux European Academy Awards. Voir critique du DVD plus loin.

Le programme de production MK2 pour 2002 a été particulièrement riche et cosmopolite. De l'Amérique a l'Iran du Bangladesh à la France, de la fiction a l'animation, Marin Karmitz a prolonge sa collaboration avec des réalisateurs fidèles et s'est ouvert a des nouvelles rencontres cinématographiques.

Marin Karmitz a produit et coproduit plus de soixante-dix films, en a distribue plus de deux cent cinquante et a Cree un circuit de neuf complexes cinématographiques à Paris. À ce parc s'ajoute depuis février 2003, un magnifique complexe de quatorze salles, dans le XIIIe arrondissement, le MK2 Bibliothèque ainsi que le MK2 Quai de Loire, sept salles face au MK2 Quai de Seine, dont l'ouverture est prévue a l'automne 2003.

Cette année aussi a été celle du lancement de la collection Chaplin, dont Karmitz avait annonce l'acquisition pour le monde du catalogue à Cannes 2001. Cannes 2003 verra la version restaurée, image par image, des Temps Modernes, dont le DVD est sorti en juin 2003 avec aussi les Feux de la Rampe et la Ruée vers l'or. Ici, pas de trace d'anti-américanisme, mais Chaplin etait reste citoyen britannique.

On voit ici l'intégration verticale tres réussie de tous les métiers du cinéma chez Marin Karmitz, de la production a l'édition en DVD. Qu'on en juge: MK2 ouvre le complexe de 14 salles à la Grande Bibliothèque en même temps qu'il sort le dernier Chabrol sur les grands écrans, un coffret Resnais (classique), les trois films qu'il avait réalisé et cinq films iraniens en DVD. Tout cela est fait avec méthode, ordre et passion de la part de Marin Karmitz, son fils Nathanael qui s'occupe de l'édition, son service de presse irréprochable.

Sortir 5 films de Resnais, un des plus importants cinéastes du monde et, en même temps, 5 films iraniens, inconnus ou presque, voila ce qui force l'admiration chez MK2 Editions.

Plus jeune et n'ayant pas encore accès au même catalogue, One Plus One n'a pas, mais ca viendra bien un jour, les moyens de MK2. La démarche est néanmoins tres proche. Qui est Thibault de Saint-Pere, son patron ? Un jeune homme, il n'a que 36 ans.

De 1989 a 1992, il est assistant réalisateur et directeur de production sur plus de quarante films : fictions, clips, publicité. En 1992, il crée Monde Ouest Productions, une société de production documentaire et publicitaire, ou il produit une trentaine de films. L’année 1996 est marquée par une prise de participation chez Monde Ouest Multimédia - Société de conseil en communication multimédia.

En 1997, il cède Monde Ouest Productions et sa participation dans Monde Ouest Multimédia, ayant crée, en 1996, Bande à Part Productions, producteur associe sur 30 courts-métrages dont deux mini-séries - 50 sélections festivals, plus de 15 prix, trois longs-métrages, Du Vent sur la piste écrit et réalise par Frederic Joffre avec Bruno Solo, Thierry Fremont, Princess Erika, Jean-Claude Bourbault. Tournage en Juillet-Aout 2003. (France 2 - Multithematique - CNC... Paimboeuf un film écrit par Christian Sonderegger, Serenella Converti et Bernard Granger, réalise par Serenella Converti. Une coproduction Italienne avec Harold Films. Tournage prévu au Printemps 2004, sélection au festival Méditerranéen de Montpellier, aide du CNC au développement de films de long-métrage. Avec le soutien de la Procirep et Le monstre sacré écrit par Yvon Marciano avec la participation d'Olivier Gorce et de Michel Alexandre. Réalise par Yvon Marciano.

En Octobre 2001, c'est la création de One Plus One, structure dédié au négoce de droits audiovisuels et a l'édition vidéo. One plus One défend les couleurs d'un cinéma éclectique avec cette idée de participer à l'émergence des nouveaux talents du cinéma.

Avec plus de 200 titres, One Plus One est la première société indépendante française de ventes de courts-métrages. L'animation tient une place importante (plus de 50 films), avec notamment les films de SUPINFOCOM, dont One Plus One est le distributeur exclusif. One Plus One travaille avec la télévision et fournit plusieurs heures de programmation (pour exemple : TPS - La Caze, Série Club - Chacun son court, TEVA, TV5, AB...).

One Plus One développe une activité de ventes de longs-métrages sur le territoire français, pour lequel elle acquiert les droits de films et de téléfilms étrangers.

Proche des chaînes de télévision françaises, One Plus One leur propose les films qui correspondent au mieux à leur programmation. Nous investissons largement sur des process qui facilitent la vie de nos acheteurs (base de données, kit presse promo, mesure comparative d'audience,...) dont certaines informations sont directement consultables via Internet avec accès sécurise.

Distribuant les courts-métrages de jeunes réalisateurs français, One Plus One suit leur passage au long-métrage, comme vendeur international. Nous développons ainsi des relations durables avec des producteurs et des cinéastes, avec une attention toute particulière pour la promotion de ces films sur les principaux marches internationaux.

-pres des expériences dans la vidéo (VHS) avec Le best of du court-métrage en 15 volumes, en collaboration avec la FNAC et Studio Magazine, et Nuits Américaines une collection de 24 long-métrages américains en co-édition avec Sony Music Vidéo, One Plus One détient un catalogue vidéo d'une quarantaine de films cinéma. Fort d'une vingtaine de sorties annuelles, nous valorisons notre catalogue par la production régulière de bonus exclusifs (documentaire, interview, version intégrale des films...).Dote de notre propre cellule de commercialisation One Plus One est référencé sur l'ensemble du réseau spécialiste et multi-specialiste (Virgin, FNAC, GibertJoseph), GMS, traditionnel, VPC et institutionnel. Nous développons également notre présence à l'étranger sur la plupart des territoires francophones, en Belgique, au Luxembourg, en Suisse et au Canada.

Les catalogues Découvertes (MK2) et Cine Talents (One plus One) témoignent du même souci de défendre des petits films qui, au moment de leur sortie sur les écrans, ont pu être écrases par un ou deux mastodontes qui achètent 1000 écrans chacun (Harry Potter, et un navet II, par exemple). Ces films, on en a un peu parle, un ami vous en a recommandé un ou deux. Le temps de réagir, ils ne sont plus à l'affiche.

Chez Karmitz, il y eut, dès le début de sa carrière, le souci de pouvoir montrer des films, et en V.O. Karmitz vécut également le rejet des distributeurs de ses propres films, pour militantisme trop évident. Gageons que One plus One y viendra un jour, avec une ou deux petites salles qui feront leur métier : passer ce que les autres ne passent pas. Il

Dans le système numérique dont le DVD est l'ultime chaînon, avec les cameras DV qui coûtent moins de dix mille euros alors que personne ne peut acheter une 35mm, avec la disparition du prix de la pellicule et de son développement, du coût des tirages positifs, nous allons peut-être assister a une renaissance du cinéma libre, indépendant.

Mais la vigilance est indispensable. La vision américaine de ce progrès est d'imposer une distribution sans support, par un Internet extrêmement rapide, a des salles en réseau. Les coûts d'équipement de ces salles sont tels que seuls les studios américains pourraient les assurer et Hollywood contrôlerait alors 100 % du cinéma mondial car les deux derniers pays producteurs ne faisant pas partie du système occidental, l'Egypte et l'Inde, verraient leurs productions disparaître.

MK2 dans sa dernière ouverture de salles a la Grande Bibliothèque, à équipe toutes les salles pour projeter en numérique, mais n'est pas un robinet supplémentaire de la source unique américaine.

Il nous a paru intéressant à s'attarder sur ces deux aventures, celle de MK2 et de One plus One qui a leur manière et en des temps différents témoignent toutes deux d'une vraie passion et d'un bel esprit de résistance qui est tres proche de nos conceptions.

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