Les artistes et les expos

Julien Terme / Florence Lucas / André-Pierre Arnal


Qui est Julien Terme?
Octobre 2004. La FIAC bat son plein porte de Versailles : beaucoup d’artistes consacrés y occupent les stands, et les quelques « jeunes » que l’on peut y trouver sont déjà intégrés à l’un des réseaux de ce que l’on appelle l’art contemporain. Julien Terme est un jeune peintre sans réseau mais non dépourvu d’amis. Alors il a proposé à quelques uns d’entre eux de se transformer en hommes et femmes-sandwichs et de déambuler près de l’entrée en portant ses toiles. Des oeuvres fortement expressionnistes, aussi exemptes de complexes que leur auteur. Les passants jettent un coup d’oeil (pas tous) et reprennent leur route. Combien se disent que ces mêmes toiles, installées à l’intérieur, seraient regardées par eux-mêmes tout autrement ? Julien Terme a du tempérament du point de vue plastique, et de l’audace du point de vue social : parions que nous le retrouverons bientôt dans la FIAC, avec une cote flatteuse bien entendu.


Florence Lucas : Fontaine à lait et défilé de soutiens-pis pour vaches
Depuis l’antiquité, de la Grèce à l’Egypte, de la mythologie germanique à celle de l’Inde, la vache associée aux pouvoirs féminins est le symbole de la Mère Universelle, de la Force maternelle et nourricière de la terre. En occident c’est l’Eglise qui mit fin au culte du principe féminin.
Dans le cadre de son travail sur les fluides et les humeurs du corps humain (particulièrement le corps féminin), Florence Lucas aborde le thème du lait et de la lactation avec deux oeuvres :
La réalisation d’une fontaine à lait, sculpture présentée simultanément au centre Albert Chanot de Clamart et au salon de l’agriculture 2005. Dans le cadre de ce salon, elle avait projeté un défilé de vaches équipées de soutiens-pis qui visait à jeter un regard nouveau sur la vache, à réhabiliter sa mamelle dispensatrice de lait nourricier, à nous ramener à notre animalité et à nous faire réfléchir sur nos habitudes culturelles. Ce défilé n’a malheureusement pas pu avoir lieu. Florence Lucas rappelle que jusqu’au début du XXéme siècle, des protège-mamelle confectionnés par les bourreliers étaient utilisés par les éleveurs. Aujourd’hui encore, on a parfois recours à des suspenseurs pour soutenir les pis. Intéressés par le projet, deux industriels de la lingerie féminine : Barbara et Chantal, deux stylistes de mode : Daniel Martin et Pierre Letz et un corsetier : Pierre Miault se sont proposés pour aider à la fabrication des soutiens-pis de vache de Florence Lucas.


André-Pierre Arnal
Arrachements... vers les profondeurs
par Amélie Pironneau
Il faut une surface et il faut un support pour la surface ; un support dont la solidité et l’évidence impose celui-ci comme seul lieu possible pour la peinture.
Il faut coucher la toile sur la terre. Il faut cette proximité, ce contact où puiser l’énergie qui y est enfouie, déjà là, déposée, tracée.
Puis il faut prendre une distance. L’arrachement procède de ce mouvement communiqué au cours duquel la surface s’abstrait du support en emportant avec elle les signes qui y sont inscrits. Signes muets, chargés de toutes les parentés perdues entre les choses, visibles désormais sur la surface devenue une mince pellicule, une sorte d’épiderme mais où subsiste un espace d’une profondeur inépuisable.
Voir, alors, c’est plus que voir, c’est effectuer une traversée dans la peinture, dans les strates de la couleur. Quelque chose a pris corps sur cette surface, qu’elle a absorbé et dont elle garde l’empreinte.
Là, sur la toile, « nul besoin de se soucier d’une victoire » (A.P. Arnal), d’un ordre sur le désordre, d’une pensée sur l’impensé, d’une forme sur l’informe, mais de s’abandonner à l’errance pour se saisir de « l’identité première du réel d’avant le mot qu’on nomme poétique » (R.Char).
Là, tout circule, tout se mêle, la terre et la nuit, le désir et la peur, le temps et l’éternité, l’ombre et la lumière.
A cette confusion, nous comprenons que nous sommes liés, que notre corps participe, qu’elle y a son modèle. Nous comprenons aussi que la peinture y trouve les conditions énigmatiques de son exercice.
Il n’y a peut-être de peinture que celle que l’artiste arrache à tout ordre formel pour la soumettre à la confusion des formes et des couleurs. Il n’y a peut-être de peinture que celle qui laisse monter les figures du fond, au-delà de toute surface et pourtant gravées sur elle.
« Quant à nous, notre coeur bat pour nous amener vers les profondeurs…»(Klee) au rythme du flottement de la toile dans l’espace, si légère, si fragile et si pleine encore de la violence de l’arrachement.
Pour ses travaux récents, André-Pierre Arnal a choisi comme support de ses arrachements des cartes touristiques, métamorphosées par ce procédé en tableaux dans lesquels la peinture vient en partie occulter et dénaturer ce qui s’est donné comme représentation exacte du monde, pour lui substituer une surface sensible capable d’en dévoiler les structures profondes.

André-Pierre Arnal. Actualité
Octobre 2004 : Rideau de Scène, Théâtre d’O, Montpellier, inauguré le 15 octobre par Bertrand Delanoe.
Janvier-fevrier 2005 : « Les rougets d’André Pieyre de Mandiargues », Librairie Nicaise, boulevard Saint Germain.
24 fevrier-19 mars 2005 : Galerie Saint-Pierre, Limoges.
11 juin- 25 août 2005 : L’Echelle, rétrospective, Hotel Beury Juin-aout 2005 : Le village, Cardet.
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