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L’Art et Internet
Des peintures rupestres… aux fichiers JPEG…
L’Art et Internet; Des peintures rupestres… aux fichiers JPEG… par Alain Gaydon.
par Alain Gaydon.
L'art et Internet sont les meilleures et les pires de choses à la fois.
Le meilleur est ce que l'on peut retenir de la communication avec autrui, un des points communs à ces deux concepts. Le pire est, peut être, ce que certains voudront en faire…
L'art, au sens large, de la peinture rupestre aux mathématiques pures, en passant par la musique et l'écriture, est un besoin vital pour certaines personnes. L'artiste ou l'informaticien, se rejoignent souvent, dans un élan commun dont le but suprême, souvent difficile à atteindre, est le dialogue avec autrui.
Cet échange ne se fait pas forcément par la parole : la vue est essentielle pour le peintre ou le photographe, l'ouie pour le musicien, le toucher pour le sculpteur, le caractère d’imprimerie, l'esprit et le verbe pour l'écrivain, l'espace et l’équilibre pour les danseurs et tous les autres précédemment cités... Excepté les parfumeurs !
Maintenant, une toile, une photographie, une musique avec ou sans partition interactive, un roman ou une nouvelle, une visite en 3D peuvent facilement être accessibles sur le Web. Mieux, des associations sont possibles entre toutes ces formes d'art, sauf, je le répète encore, en ce qui concerne les odeurs car les machines communes (ordinateurs personnels) n'en restituent pas encore les essences.



"Dans les temps très anciens, où l’homme, peut-être captif des singes, commença à créer les premières légendes, celles-ci reflétèrent, et son émerveillement devant l’univers, et son désir de pénétrer son mystère.

Si les artistes, de tout temps, ont su exprimer cet émerveillement, aujourd’hui, et sans doute pour le Vingt et unième siècle, l’informatique est un outil exceptionnel pour comprendre sa complexité."
Commissaire Général CR Jacques Rey – © 2001 – tous droits réservés.


Il y a quelque quatre millions d’années, un peu partout dans le monde, du Rift Africain, du Red Rock Australien à Lascaux et, aussi, à la grotte Chauvet, et plus précisément, encore, un peu partout dans le monde, l’homme a tenté de traduire, exprimer, ses peurs et ses espérances à force ocres, oxydes de fer, manganèses, cobalts, kaolins et charbons…
Le gourdin, le feu, le pinceau – ce devait être un vulgaire bout de bois – voire le doigt ou carrément la main… Il en reste quelques traces dans la plupart des caves.
Tout cela dans un seul but : tenter de faire comprendre aux autres ce que l’on ressent, ce que l’on a vécu, quelles sont nos origines… Comment se battre, comment survivre… Car à cette époque, la liberté d’expression n’était réservée qu’à la minorité qui parvenait à échapper aux tigres, lions, rhinocéros, ours et autres divers prédateurs croqueurs de l’espèce humaine, à demi pelée et sans défenses devant l’adversité dentée et aux griffes acérées…

Donc , en substance, l’art serait né là ou se réfugiaient nos ancêtres : dans l’obscurité des cavernes.
Lorsque l’homme troglodyte a découvert – banalisé ou plutôt domestiqué – le feu, il a commencé à détruire les traces de sa destinée : Le carbone issu des fumées recouvre partiellement et dégrade les magnifiques fresques et peintures rupestres et artisanales de nos, très éloignés, aïeux.
Arcs et flèches ont été les premiers instruments du règne de notre genre et dessinés à même les parois, vantant, avant l’heure, des exploits dignes des géants et des cyclopes d’Ulysse, des ornements païens exaltent les passions et mènent l’homme préhistorique à son apothéose : Homo érectus… Homo Sapiens… Homme Moderne…

A l’émergence des grandes civilisations du monde antique, l’art devient figuratif. Le trait fin et précis remplace l’à peu près… Partout, de la Chine au Mexique, en Egypte, Grèce, Rome, dans les îles du Pacifique, des cultures évoluées se développent avec plus ou moins de bonheur et de liberté artistique.
A la peinture, la sculpture, la musique s’ajoute l’écriture. De grands prêtres, philosophes, astronomes, traduisent sur la pierre ou le papyrus les grandes idées naissantes. Un énorme élan de liberté apparaît. L’artiste peintre, sculpteur, écrivain, ingénieur, ne supporte déjà plus le vide de la contrainte et aspire à s’exprimer pleinement.

Cela ne va pas durer. Grâce aux différentes églises, plus particulièrement Catholique, une grande période d’obscurantisme va voir le jour. L’art va en souffrir, marquer le pas… Très peu d’évolution hormis peut-être en architecture car les bâtisseurs savent créer chaque jour de nouvelles formes et des équilibres de plus en plus stables.

Et la technique évolue… La lumière, la vraie, celle que nous connaissons tous, apparaît enfin. Depuis tout s’enchaîne et se déchaîne soudain… La lampe à vide, le transistor, la puce et, enfin, le merveilleux microprocesseur ont autorisé la banalisation de l’Ordinateur et sa diffusion jusqu’au sein même des cellules familiales. Quelques millimètres de silicium enrobé de plastique remplacent désormais les colossales armoires des calculateurs de jadis. Quel gain de place et d’énergie !
Parallèlement, l’interface utilisateur, devenu intuitif, remplace les rangées de voyants et de minuscules interrupteurs, seuls éléments visibles d’un langage parfaitement hermétique, qui permettaient à l’initié de piloter sa machine avec dextérité. Quel progrès !
Et ce n’est certainement pas fini…

Les premiers réseaux voient le jour. Il suffisait de les détourner de leur vocation militaire première pour créer un outil au service du plus grand nombre : Internet. Son origine remonte à l’antiquité moderne. La création du télégraphe, la maîtrise des radiofréquences ont engendré les mailles d’un filet devenu autoroutes de communication, de plus en plus rapides. Il est particulièrement aisé de s’y connecter… Les outils dont nous disposons désormais sont nombreux et performants.
Après la lettre manuscrite ou dactylographiée, il y eut le FAX… Maintenant le Mail est roi !
Il remplace avec bonheur un ensemble complexe désormais obsolète :le papier, le stylo, l’enveloppe, le timbre et le facteur.

La messagerie Internet, le " Chat ", facilitent la communication, la communion : La femme artiste peintre, adepte et disciple de la Techno, peut y rencontrer l’informaticien, le musicien, l’écrivain. Cela semble pouvoir se produire parfois, souvent par hasard. Percevoir l’intérieur avant l’extérieur… Le couple ainsi formé ne serait-il pas aussi fiable qu’un autre paraissant plus conventionnel ?
Il est aussi particulièrement excitant et valorisant de se promouvoir en utilisant le Net. Se faire connaître, se mettre en valeur et parvenir à obtenir une exposition n’est pas forcément chose facile : Soit on gagne le gros lot, soit on a affaire à de grands escrocs…
Eternel parcours du combattant, toujours faire preuve de discernement…
Enfin, étape ultime : posséder son propre site Web. Vitrine de soi-même. Accessible au plus grand nombre, y compris aux autres artistes, éventuellement échangistes… Convivial et facile à utiliser. C’est grâce à lui que l’art, sous toutes ses formes, sort de ses frontières… Voilà la performance ultime, le Nirvâna informatique. Mais l’utilisation efficace des moyens actuels nécessite un investissement matériel et temporel non négligeable. Il faut le maintenir en perpétuelle évolution, l’adapter, le remodeler à son image, toujours changeante.

Et on se prend à rêver… De la réalité…

L’art semble enfin libéré et se meut désormais dans l’éther…
Mais un média particulier et chaleureux demeurera toujours. Le livre, bien réalisé, restera toujours un objet de convoitise et de collection, au même titre que les peintures, sculptures, bijoux, musiques et nombreuses autres œuvres d’art que l’homme n’a de cesse d’inventer et de créer…

Pour finalement les numériser, puis les diffuser sur Internet…
Alain Gaydon.
mis en ligne le 29/01/2003
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