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[verso-hebdo]
19-05-2016
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Les moments exquis de Frits Thaulow à Caen
L'exposition Frits Thaulow Paysagiste par nature, au musée des Beaux-Arts de Caen (jusqu'au 26 septembre) est une réussite sous plusieurs aspects. Tout d'abord, le visiteur est frappé par le caractère raffiné et impeccable de la scénographie due à l'architecte-scénographe Pascal Rodriguez, un des maîtres actuels du genre, qui signa notamment Renoir au XXe siècle, au Grand Palais en 2009. On sait que Frits Thaulow (1847-1906) aimait passionnément représenter les diverses apparences de l'eau : or à Caen, la moquette, les cimaises et la lumière ont quelque chose de subtilement aquatique dans la salle « Le peintre de l'eau », alors que tout change avec l'espace suivant,  « Sous le soleil d'hiver », pour lequel le dosage des projecteurs suggère parfaitement l'impression ressentie au milieu d'étendues enneigées. Là, des tableaux comme Hiver en Norvège, 1896, venu du musée d'Oslo, font merveille, avec d'autant plus d'efficacité que la commissaire générale, Emmanuelle Delapierre, a pu se faire prêter deux Monet de premier ordre, L'entrée de la Grande-Rue à Argenteuil, l'hiver, 1857 (par le musée des Beaux-Arts de Lyon) et Soleil d'hiver à Lavacourt, 1879-1880 (par le Musée Malraux du Havre) qui voisinent ainsi avec le beau pastel sur papier La Rivière Simoa (Modum), 1889 . Cet accrochage voudrait-il signifier que Frits Thaulow fut impressionniste ? Pas vraiment.

Evidemment, un ouvrage sérieux tel que le Dictionnaire des Arts et des Artistes des éditions Hazan, affirme de manière péremptoire que Thaulow est « le seul vrai peintre impressionniste scandinave » et il est vrai que, lors de l'exposition universelle de Paris en 1889, qui fit la part belle aux impressionnistes, Thaulow faisait partie du jury, et l'Etat lui acheta son envoi, L'Hiver en Norvège. Mais le peintre lui-même, commentant l'adage selon lequel « il n'y a que le mensonge qui soit vrai en peinture », avait déclaré avec force : « Je resterai, même avec les mensonges, le naturaliste que j'ai toujours été. » Alors ? Impressionniste ou naturaliste ? On peut répondre sur le plan historique, avec Bertrand Tillier, que Thaulow relève « du pleinairisme naturaliste développé dans les pays nordiques en écho à l'impressionnisme », ce qui correspond bien à un chef d'oeuvre comme Rue à Kragero, 1882 (venu du musée d'Oslo) dans lequel la précision des détails ne contredit en rien l'atmosphère neigeuse admirablement suggérée. Thaulow n'est ni Monet ni Courbet, mais il se hisse ici à leurs niveaux respectifs avec aisance. C'est ce qui a valu la gloire au norvégien francophile et francophone, grand voyageur, mais ayant longtemps résidé à Paris ou à Dieppe (il avait loué pendant quatre ans une maison dans ce petit port devenu une station balnéaire à la mode reliée à Paris par le train, où il recevait notamment Diaghilev, Grieg, Sarah Bernhardt ou Strindberg dans des dîners au champagne fameux à l'époque dans le milieu culturel international attiré par la France).

La notion de « juste milieu » ne correspond guère au caractère de cet écolo-bobo avant la lettre, mais c'est bien ce qui convient à ce virtuose de la représentation de l'eau dans tous ses états (il avait largement dépassé son maître en ce domaine, le danois Sorensen, peintre de marine à Copenhague), qui échappait à la fois aux recettes académiques et au tachisme impressionniste. C'est ce que démontre très bien l'exposition de Caen qui ne néglige pas non plus d'évoquer l'influence et la générosité de Thaulow avec des jeunes peintres de son temps comme Henri Le Sidaner dont il parle comme de « l'un des hommes les plus doués, les plus intelligents et les plus nobles que je connaisse ». Autre réussite de l'exposition : montrer l'actualité de Frits Thaulow en installant, dans la dernière salle, une vidéo signée par le plasticien Thibault Jehanne (né en 1989) qui s'inspire directement du grand norvégien en cherchant à son tour à saisir « un moment exquis » : le passage irrésistible, nous dit le petit guide donné aux visiteurs, de l'ombre à la lumière lorsque, sous nos yeux, en un temps très bref, l'eau vient recouvrir le sol. L'oeuvre accomplit parfaitement cet ambitieux projet.

www.mba.caen.fr
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
19-05-2016
 
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Verso n°136

L'artiste du mois : Marko Velk

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