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[verso-hebdo]
05-11-2020
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Altdorfer, un dilettantisme
« un peu débile » ?
Le Louvre est fermé, mais devrait célébrer à nouveau en décembre Albrecht Altdorfer. Effort méritoire, car le musée, riche en dessins et estampes du maître de Ratisbonne, ne possède pas une seule peinture de lui. Il est vrai que certaines des plus remarquables, comme le retable de l'abbaye de Saint-Florian en Autriche, ne sont pas transportables. D'autres, comme la célèbre Bataille d'Alexandre (1529), n'a pas quitté la Pinacothèque de Munich. Peut-être parce que que les bavarois en avaient été dépossédés par Napoléon qui la considérait comme la plus belle bataille de l'histoire de la peinture et l'avait installée dans sa salle de bains du château de Saint Cloud. Ils ne tiennent sans doute pas à en être privés de nouveau ! Après sa mort en 1538, Altdorfer avait été un peu oublié : les historiens de l'art, tel Ernst Gombrich, ne lui reconnaissaient qu'un seul mérite : celui d'avoir inventé le paysage représenté pour lui-même, « sans personnage ni sujet ». C'était alors une grande nouveauté, qui préludait au romantisme, pour au moins une oeuvre (Paysage, 1532, Pinacothèque de Munich) qui elle non plus n'a pas été prêtée par la Bavière. Elle a en revanche envoyé le Paysage au château (vers 1520-1525), remarquable huile sur parchemin collé sur bois de hêtre, qui ne représente cependant pas exclusivement la nature : une minuscule silhouette de promeneur marche à la lisière d'une forêt impraticable. Julia Zaunbauer suggère que, peut-être, il faut lire dans cette image un paysage moralisé, où le héros ne choisit pas le chemin aisé et moralement blâmable, « mais le sentier semé d'embûches de la vertu » ?

La même Julia Zaunbauer, conservatrice à l'Albertina de Vienne, pose la question de savoir si Altdorfer ne fut qu'un « astre de second rang », comme le qualifia autrefois l'historien de l'art Ludwig Baldass. Elle retrace le peu que l'on sait sur la vie de l'artiste, qui ne le rend pas particulièrement sympathique. Membre du Conseil extérieur de Ratisbonne à partir de 1517, c'est en tant que tel qu'il participa, en 1519, à l'expulsion de la communauté juive de la ville. Toujours est-il que, formidable dessinateur et graveur, il « a su repérer et exploiter avec succès les possibilités qu'offrait le marché naissant des oeuvres sur papier, et de fait ses estampes se vendaient à un public aussi large que varié. » Parmi ses clients et commanditaires, on compte l'empereur Maximilien Ier et le duc de Bavière Guillaume IV. Le Louvre possède en particulier, les 32 planches du Cortège triomphal de l'empereur Maximilien Ier : les porte-enseignes et les musiciens ainsi que les 6 planches du Train de l'armée. Spécialiste de l'eau forte, Altdorfer conçut aussi de nombreux gobelets d'apparat et hanaps qui ne sont sans doute pas l'aspect le plus intéressant de l'exposition.

On devine que l'intention de Julia Zenbauer est de conclure qu'Altdorfer se situe « à l'égal des grands noms de son temps » comme Dürer, avec qui on le confondit souvent, et qu'il ne fut pas un astre de second rang, mais bien « une étoile de première grandeur ». On veut bien souscrire à ses arguments, surtout si l'on songe aux admirables dessins du maître, particulièrement son Christ au mont des Oliviers (1509, Papier brun, rehauts de blanc, Berlin, Kupferstichkabinett), dans lequel les disciples endormis, le Christ en prière, et au loin Judas et les soldats qui s'approchent sont tous noyés dans une superbe végétation, essentiellement des épicéas de la forêt bavaroise chers à l'artiste. Cette oeuvre n'est pas venue à Paris non plus. A elle seule elle suffirait cependant à répondre à Elie Faure qui n'aimait guère Albrecht Altdorfer, « qui oublie la douleur du siècle dans les paysages précieux et miroitants où son dilettantisme un peu débile demande à la forêt germanique l'abri de ses frondaisons... » Allons ! contre la sévérité d'Elie Faure, Julia Zenbauer a sans doute raison, et l'exposition du Louvre, malgré ses lacunes, rend enfin justice au bavarois.
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
05-11-2020
 
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Verso n°136

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