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[verso-hebdo]
31-10-2013
La lettre hebdomadaire
de Jean-Luc Chalumeau
Ivan Messac, le retour
Il y avait quelque temps que l'on n'avait pas vu d'exposition de Messac. Les amateurs du chef-de-file de la deuxième génération de la Figuration narrative vont bientôt être servis : ses oeuvres de 2004 à 2013 seront présentées du 16 novembre 2013 au 9 mars 2014 à la Villa Tamaris Centre d'Art de la Seyne-sur-Mer sous le titre From me to you, et la galerie Baudoin Lebon de Paris prendra le relais du 30 janvier au 8 mars (elle a déjà présenté, à Art Elysées, des tableaux de la série 2013 Night trains). Vorace comme il l'a toujours été, Messac nous invitera à revisiter avec lui l'histoire de l'art avec par exemple L'esclave mourant de Michel-Ange devenu, en 2012, Pinocchio victime du Disco, travail procédant à la fois de la peinture et de la sculpture (acrylique sur aluminium, 213 x 172 x 98 cm) ou bien, de la même année avec la même technique, La Danse de Carpeaux devenue Un tambourin et pas une pipe. Mais revenons en arrière pour tenter d'expliquer la démarche franchement ironique et iconoclaste de l'auteur d'affiches notoires du Salon de la Jeune Peinture à ses heures militantes des années 70.

Ivan Messac avait peint en 1969 un tableau carré qu'il avait intitulé Ni vu ni connu. Il s'agissait du visage stylisé d'un homme encadré par le contour d'un écran de télévision. Au-dessous de ce que sont censés regarder les téléspectateurs, le peintre montrait ce qu'ils ne voient pas : le corps et les mains d'un prestidigitateur sortant des cartes, dont deux représentaient l'Oncle Sam et la Marianne symbole de notre République. En 2005, avec la série Impressions Prime Time présente à l'exposition de la Villa Tamaris, Messac reprenait le thème pour nous dire, avec Pierre Bourdieu qui était passé entre-temps, que la télé, c'est de la prestidigitation. Ivan ne la regarde guère car son conformisme petit-bourgeois atteint aujourd'hui des sommets dans les domaines de l'art et de la littérature, ce qu'avait bien vu Bourdieu dès 1996 : « les émissions dites littéraires les plus connues servent - et de manière de plus en plus servile - les valeurs établies, le conformisme et l'académisme, ou les valeurs du marché. » La trouvaille plastique de Messac, dans la série Impressions Prime Time, est d'évoquer la mentalité petite-bourgeoise - qui constitue donc l'essence de la télé - par les tissus imprimés dont la classe moyenne décore ses intérieurs, tissus souvent inspirés par des archétypes comme Impression soleil levant de Monet.

Les tissus imprimés sont promus par le peintre au rang de fonds pour chacun des tableaux de la série (tous de 100 x 100 cm), le sujet étant un écran vu de trois quarts, avec la forme en relief d'un cadre de téléviseur pour l'entourer (5 cm d'épaisseur, recouvert de peinture-aluminium). Ces tissus à la niaiserie souvent désopilante sont, si l'on y réfléchit, bien davantage qu'une trouvaille plastique, de même que les images inscrites dans les écrans (des starlettes par exemple) sont autre chose qu'une allusion au fait que les émissions « prime time » sont devenues une nouvelle forme de contemplation du « soleil couchant » dans l'univers culturel des gens qui regardent la télé. Messac veut sans doute nous dire que, dans un monde soumis à la télé, les décideurs en art contemporain sont logiques : ils orientent leurs choix vers les produits les moins exigeants, donc les plus vendables. Ici, il n'est pas inutile de citer à nouveau Bourdieu : « ...et ils peuvent compter sur le soutien de ceux qui, identifiant l' « objectivité » à une sorte de savoir-vivre de bonne compagnie et de neutralité éclectique à l'égard de toutes les parties concernées, prennent des produits de culture moyenne pour des oeuvres d'avant-garde ou qui dénigrent les recherches d'avant-garde (et pas seulement en matière d'art) au nom des valeurs du bon sens... » Ivan Messac dit ce qu'il n'accepte pas dans le monde où il vit. Il a le pouvoir devenu rare de le dire par le moyen de l'image, avec cette ironie d'une ravageuse efficacité qui est sa marque.
( www.ivanmessac.com)
J.-L. C.
verso.sarl@wanadoo.fr
31-10-2013
P.S. J'évoquais dernièrement, à propos de la Figuration narrative, l'intéressante thèse de Leïla Cadet. Cette dernière me communique les précisions suivantes : « Les artistes étaient d'emblée avertis que je les enregistrais et que la transcription serait insérée dans les annexes de ma thèse. De plus, vu que je leur en ai envoyé un exemplaire en soulignant leur droit de modifications/précisions avant même de soumettre mon travail à mon directeur de recherches, et qu'en outre, la question concernant leurs implications dans le groupe a été purement introductive et contextuelle, indispensable mais fort éloignée de mon sujet à proprement parler (la citation comme instrument critique), j'estime que le terrain était effectivement miné, mais qu'il n'impactait pas directement mes problématiques, ainsi que les réponses que j'ai tenté d'y apporter s'agissant d'un usage citationnel aux visées critiques. »
 
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Verso n°136

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